De nombreux parents évitent de donner des produits à base d’arachide à leur jeune enfant par crainte d’une réaction allergique. Cependant, une nouvelle étude parrainée par l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID) aux États-Unis montre que pour réduire le risque d’allergie, il faut faire exactement le contraire. En effet, selon les résultats, faire consommer régulièrement aux enfants des produits à base d’arachide, de la petite enfance (4 à 6 mois) jusqu’à l’âge de cinq ans, réduit de 71 % le risque d’allergie aux arachides à l’adolescence. D’après les chercheurs, cela indique qu’il est possible de parvenir à une prévention à long terme de l’allergie aux arachides par le biais d’une consommation précoce de cacahuètes.
« Les résultats d’aujourd’hui devraient renforcer la confiance des parents et des soignants dans le fait que nourrir leurs jeunes enfants avec des produits à base d’arachide dès la petite enfance, conformément aux directives établies, peut fournir une protection durable contre l’allergie à l’arachide », a déclaré dans un communiqué Jeanne Marrazzo, directrice du NIAID. Selon les chercheurs, cette simple intervention alimentaire pourrait permettre d’éviter environ 100 000 cas d’allergies à l’arachide (potentiellement mortelles) chaque année dans le monde. Ces conclusions découlent de l’étude LEAP-Trio, s’appuyant sur les enregistrements de l’essai clinique Learning Early About Peanut Allergy (LEAP) et de l’étude LEAP-On.
Environ 640 bébés ont participé au premier essai LEAP. Ils ont par la suite été répartis en deux groupes. La première moitié consommait régulièrement des produits à base d’arachide depuis la petite enfance jusqu’à l’âge de 5 ans, tandis que l’autre moitié évitait les arachides au cours de cette période. Les chercheurs ont découvert par la suite que l’introduction précoce de produits à base d’arachide réduisait de 81 % le risque de développer une allergie à l’âge de 5 ans.
Les chercheurs ont ensuite réalisé une nouvelle étude, l’essai LEAP-Trio, pour tester si la protection acquise par les enfants par le biais d’une consommation précoce de produits à base d’arachide (en mangeant selon la quantité et la fréquence qu’ils souhaitaient) durerait jusqu’à l’adolescence. Dans cette nouvelle recherche, ils ont inscrit 508 des 640 enfants (qui avaient en moyenne 13 ans à ce moment-là) ayant participé à l’étude LEAP (antérieure). 250 participants appartenaient au premier groupe (ceux qui consommaient de l’arachide depuis l’enfance) et 253 appartenaient au second groupe (ceux qui ont évité la consommation d’arachide jusqu’à l’âge de 5 ans).
Une tolérance à l’arachide sur le long terme
Après l’essai LEAP-Trio, les chercheurs ont constaté que 15,4 % des participants du second groupe et 4,4 % des enfants du premier groupe souffraient d’une allergie à l’âge de 12 ans ou plus. Ces résultats, publiés dans la revue NEJM Evidence, ont mis en exergue le fait que la consommation régulière et précoce d’arachides a réduit de 71 % le risque de développer une allergie à l’adolescence. Cela montre en même temps que cet effet protecteur de la consommation précoce d’arachides persiste de nombreuses années.
« Je ne suis pas totalement surpris, car les enfants en Israël sont exposés très rapidement aux arachides et l’allergie ne semble pas apparaître à l’adolescence ou à la période adulte », a déclaré Gideon Lack, professeur d’allergie pédiatrique au King’s College de Londres et l’un des auteurs de la récente étude.
Au Royaume-Uni, un enfant sur 50 souffre à ce jour de cette allergie, et environ 14 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Les experts réitèrent ainsi qu’il est mieux de les exposer à ces légumineuses, au lieu de les éviter par crainte de causer une réaction. Toujours selon eux, le beurre de cacahuète ou les boulettes de cacahuètes pourraient être donnés aux bébés qui sont encore allaités, une fois qu’ils commencent la diversification alimentaire.
Lack a également ajouté qu’il y a un « double avantage » à cette pratique. « Vous éviterez la grande majorité des allergies aux arachides, mais dans les cas où vous n’êtes pas en mesure de les prévenir, vous pourrez les identifier plus tôt, c’est-à-dire à un moment où il sera beaucoup plus facile de les traiter », conclut-il.