Scientifiques et passionnés du monde entier ont longuement retenu leur souffle ces dernières heures, avec l’espoir que la première étape du déploiement de ce qui n’est autre que le télescope spatial le plus grand jamais conçu se déroule sans encombre. Si l’on peut maintenant souffler après un lancement réussi, ce n’est là que le début d’un long voyage pour l’observatoire spatial, qui devra atteindre un point précis de l’espace appelé « point de Lagrange L2 » avant d’être mis en service.
Près du pas de tir du Centre spatial de Kourou (Guyane), l’ambiance était pesante, mais aussi pleine d’excitation et d’espoir. Ce sont pas moins de 30 ans de travail qui reposaient sur l’aire de lancement, à bord d’une fusée Ariane 5. Le lancement avait été confirmé pour le 24 décembre, mais il avait été repoussé au jour de Noël pour cause de mauvais temps. Ainsi, l’on peut dire que le succès du lancement constitue le plus beau cadeau du jour pour les membres de l’équipe.
Le télescope spatial James Webb (JWST), conçu par la NASA en collaboration avec l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale canadienne (ASC), est destiné aux observations dans l’infrarouge proche et moyen et dans une partie de la lumière visible. La taille de son miroir principal (6,5 mètres de diamètre) ainsi que les résolutions angulaire et spectrale de ses instruments, permettront de collecter des images avec une précision sans précédent. La mission primaire durera environ 5 ans (jusqu’en 2026).
Reprendre son souffle pour replonger…
Chaque étape résumée dans le schéma ci-dessus est cruciale et comporte un certain nombre de sous-étapes tout aussi importantes. Autant dire que « l’angoisse » de la mise en orbite n’est que la première d’une longue série. Le petit soulagement qui s’en suivra ne durera pas longtemps pour l’équipe en charge de la mission, qui supervisera l’avancée du télescope dans les moindres détails durant ce voyage.
« À l’exception des deux premiers déploiements effectués juste après la séparation du vaisseau spatial, tous nos déploiements seront contrôlés par l’homme », précise Amber Straughn, scientifique adjointe du projet Webb pour les communications, sur le blog de la NASA.
Pour rappel, le point de Lagrange L2 est situé à environ 1,6 million de kilomètres de la Terre, et jusque-là donc, chaque étape sera orchestrée par les équipes du projet à compter du 2e jour post-lancement — comme le précise l’équipe, le premier déploiement manuel concerne la partie avant du bouclier thermique du télescope. Les deux dernières, juste avant d’atteindre le point de stabilisation gravitationnel, consisteront à déployer les imposants miroirs du télescope, qui donneront à l’humanité un regard perçant sur l’Univers primitif, le plus profond et le plus précis à ce jour.
Ci-dessous, le récapitulatif du lancement transmis en direct par la NASA :