Nous les apprécions pour des raisons de style ou pour des raisons pratiques, mais le résultat est le même : le jeans est devenu l’un des vêtements les plus universels et les plus portés au monde. Et il y a un problème majeur à cela : leur composition fragile et peu adaptée au lavage les rend particulièrement polluants dans ces circonstances. Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs ont constaté que lors d’un cycle moyen de lavage, une paire de jeans perd environ 50’000 microfibres. Un chiffre qui, multiplié par le nombre de porteurs au niveau global (à peu près la moitié de la population mondiale selon les chercheurs), aurait de quoi faire peur. Cerise sur le gâteau : des microfibres auraient voyagé jusqu’en Arctique.
Dans le cadre d’une nouvelle étude réalisée par l’Université de Toronto, des microfibres de tissu denim indigo ont été découvertes en grande quantité dans des échantillons d’eau prélevés dans tout le Canada, de Toronto jusqu’à l’Arctique. L’enquête, menée par Miriam Diamond de l’université de Toronto et ses collègues, a révélé qu’entre un huitième et un quart des microfibres des échantillons étaient du blue denim.
Certaines des microfibres ont été trouvées à une profondeur de 1500 mètres, et les chercheurs affirment que cela signifie qu’elles sont capables de supporter de longs voyages. Les concentrations les plus élevées de microfibres de jean ont été trouvées dans des lacs de banlieue peu profonds. Bien que l’étude se soit limitée au Canada, l’équipe pense que les résultats seraient similaires ailleurs dans le monde. « La découverte de fibres dans l’Arctique est symbolique de la propagation de l’impact humain », déclare Miriam Diamond, de l’université de Toronto.
Arborez un message climatique percutant 🌍
Par ailleurs, les chercheurs ont également déterminé le nombre de microfibres perdues par une paire de jeans lors d’un lavage moyen. Ils ont découvert qu’environ 50’000 (56’000 ± 4100) microfibres étaient retirées de la surface des jeans à chaque cycle.
De nombreux lieux étudiés étaient « imprégnés » de microfibres de denim
Entre 21 et 51% de toutes les microfibres présentes dans les sédiments étaient de la cellulose anthropogéniquement modifiée (AC), dont 40 à 57% étaient des microfibres de denim indigo (12 à 23% de toutes les microfibres analysées). Les effluents des stations d’épuration des eaux usées collectées dans le sud de l’Ontario contenaient 13% de microfibres teintes à l’indigo, caractéristique des tissus denim.
« Malheureusement, les résultats ne sont pas surprenants pour les spécialistes de l’environnement ; ils sont même attendus », déclare Caroline Gauchotte-Lindsay, de l’université de Glasgow au Royaume-Uni. Cependant, elle qualifie ce document d’important car il porte sur les microfibres naturelles, qui ont été jusqu’à présent négligées dans les études microplastiques portant sur les matériaux synthétiques.
Sur le même sujet : Le 100% des échantillons de fruits de mer testés dans une étude sur les microplastiques est pollué
Diamond et ses collègues ne connaissent pas encore l’effet exact des microfibres de denim sur l’environnement. « Bien qu’elles ne soient pas plastiques, elles sont modifiées par l’Homme », explique Samantha Athey, de l’université de Toronto.
Nous savons en effet que le denim absorbe les produits chimiques, et les jeans sont traités chimiquement pendant leur production. « L’impact de cette modification chimique est une question à laquelle nous devons encore répondre », déclare Athey. « Mais ils sont si répandus que nous devrions nous pencher sur la question ». En attendant, l’équipe conseille de moins laver ses jeans ! Une entreprise de jeans, dont les produits ont été utilisés dans l’étude, suggère même un lavage une fois par mois.