Les jeunes d’aujourd’hui seraient plus perfectionnistes et subiraient une plus grande pression parentale (que les générations précédentes)

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Dans la plupart des sociétés actuelles, le perfectionnisme est souvent considéré comme bénéfique, et dans certains cas mal compris. Pourtant, il peut découler en amont de certaines formes de pression et peut à long terme impacter la santé psychologique, en engendrant par exemple la dépression et l’anxiété. Une récente étude parue dans la revue Psychological Bulletin a mis en évidence à quel point les jeunes adultes sont de plus en plus perfectionnistes. Ce phénomène serait notamment lié à une pression parentale plus élevée que celle subie par les générations précédentes. D’après les chercheurs, les parents chercheraient à se conformer aux attentes et aux normes d’une société toujours plus compétitive, et attendraient toujours plus de leurs enfants en matière de réussite professionnelle et sociale.

Le perfectionnisme est un trait de personnalité qui amène souvent un effort malsain de correspondre à des « normes » trop élevées, et un comportement trop critique envers ses propres lacunes. Devenant souvent un trait de caractère permanent, il peut se manifester sous plusieurs formes. Il peut être axé sur soi et impliquer des « normes de perfection » orientées vers soi. Il peut également être orienté vers les autres lorsque l’on s’attend à ce qu’ils soient également perfectionnistes. La troisième forme est celle socialement prescrite et préétablie par la société.

Ces trois formes de perfectionnisme peuvent exister en même temps chez un même individu et peuvent exacerber négativement les effets des uns et des autres. Le perfectionnisme peut également se transmettre à travers les générations, dans le cas d’enfants élevés par des parents perfectionnistes.

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Dans une certaine mesure, ce trait de caractère pourrait être perçu comme positif et productif, quand il est lié à la méticulosité. Cependant, certaines études ont montré que lorsqu’il est poussé trop loin, il peut accentuer la nervosité et diminuer le caractère consciencieux à mesure que l’on prend de l’âge.

La nouvelle étude, dirigée par l’École d’économie de Londres (LSE) et l’Université York St John, révèle que le perfectionnisme pourrait impacter négativement la santé mentale et provoquer des états dépressifs graves ainsi que de l’anxiété. « Le perfectionnisme contribue à de nombreux troubles psychologiques, notamment la dépression, l’anxiété, l’automutilation et les troubles de l’alimentation », avertit Thomas Curran, auteur principal de l’étude et professeur adjoint de sciences psychologiques et comportementales à la LSE.

Ces impacts psychologiques sont d’autant plus préoccupants que le trait de caractère semble s’accentuer à chaque génération. D’après les auteurs, cette hausse serait probablement due à la tendance néolibérale de la société, qui encourage la compétitivité et l’individualisme. Cette tendance pourrait pousser les parents à exercer plus de pression sur leurs enfants, qui deviennent perfectionnistes pour correspondre à leurs attentes.

« La pression pour se conformer à des idéaux parfaits n’a jamais été aussi grande et pourrait être à la base d’un problème de santé publique imminent », s’inquiète Andrew P. Hill, professeur de psychologie du sport et de l’exercice à l’Université York St John et co-auteur de la nouvelle étude.

Une pression liée à une société hyperconcurrentielle

Dans le cadre de leurs recherches, les scientifiques anglais ont effectué deux méta-analyses de données impliquant plus de 20 000 étudiants provenant des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada. L’une des analyses, concernant 21 études sur plus de 7000 étudiants, a indiqué que la pression parentale n’est que modérément liée au perfectionnisme axé sur soi et vers les autres. Par contre, elle serait plus largement liée au perfectionnisme socialement préétabli.

D’après les chercheurs, ces résultats concorderaient avec la tendance actuelle de suivi plus scrupuleux des parents, envers les études de leurs enfants. Les inégalités sociales seraient aussi en cause des pressions, où les familles plus vulnérables s’inquièteraient plus de l’avenir et de la réussite de leurs enfants, car leur souhaitent de meilleures conditions.

De plus, les attentes des parents auraient une plus grande influence que les critiques quand il s’agit du perfectionnisme orienté vers soi ou vers les autres. « Les attentes des parents ont un coût élevé lorsqu’elles sont perçues comme excessives. Les jeunes intériorisent ces attentes et en dépendent pour leur estime de soi », explique Curran.

La deuxième méta-analyse incluait 84 études (menées entre 1989 et 2021) impliquant 23 975 étudiants. Les chercheurs ont découvert une forte augmentation de la perception des jeunes, des attentes et des critiques parentales au cours des 32 dernières années. L’augmentation la plus rapide s’est révélée du côté des attentes parentales. Ces hausses sont directement liées à une accentuation de la personnalité perfectionniste chez les jeunes.

Toutefois, les chercheurs soulignent que les parents ne sont nullement à blâmer, car ils subissent eux-mêmes une pression de la part d’une société hyperconcurrentielle, des pressions académiques toujours plus fortes, des inégalités sociales toujours plus intenses et des innovations technologiques ayant tendance à prôner des idéaux sociaux quasi irréalistes.

De plus, l’étude ne s’est concentrée que sur des jeunes adultes issus de trois modèles sociaux (anglais, américain et canadien) et ne pourrait pas forcément s’appliquer à tous les jeunes. « Se concentrer sur l’apprentissage et le développement, et non sur les résultats des tests ou les médias sociaux, aide les enfants à développer une estime de soi saine qui ne dépend pas de la validation des autres ou des mesures externes », estime Curran.

Source : Psychological Bulletin

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