Selon les recommandations de santé, manger sainement et pratiquer une activité physique régulière nous préserveraient de certaines pathologies, et cela concernerait encore plus les enfants. De fait, jouer à des jeux vidéo peut sembler sédentaire. Néanmoins, récemment, des chercheurs ont révélé que cela peut suffire à déclencher des arythmies cardiaques potentiellement mortelles chez certains enfants vulnérables. Cette découverte permettra de mettre en place des plans de prévention efficaces.
Alors que le sport de compétition et certaines activités à risque sont connus pour précipiter les événements d’arythmies cardiaques chez les personnes sensibles, les jeux vidéo ne sont généralement pas inclus dans cette catégorie. Ils ne font donc l’objet d’aucune mise en garde pour ces personnes.
Sans compter qu’ils sont un passe-temps répandu chez les enfants et les adolescents, malgré les risques comme l’addiction, le changement de comportement, l’enfermement, la sédentarité et les pathologies liées et un mauvais développement cérébral. Il faut savoir que ce dernier point est largement débattu dans le monde scientifique. D’ailleurs, une étude de mai 2022 a mis en évidence un lien entre jeux vidéo et capacités intellectuelles plus élevées.
Il faut savoir que ces dernières années, les cas de perte de conscience lors de parties de jeux vidéo, voire d’arrêts cardiaques mortels, se sont multipliés. Néanmoins, ils ont été traités comme des cas isolés. Récemment, des chercheurs du Sydney Children’s Hospitals Network ont établi de manière distincte le lien entre ces jeux vidéo et le déclenchement de ces arythmies cardiaques potentiellement dangereuses chez les enfants sensibles (présentant une maladie cardiaque sous-jacente). Le rapport est publié dans la revue Heart Rhythm.
Signal d’alerte contre les jeux vidéo ?
Pour mener leur étude, les chercheurs ont examiné 22 cas dans le monde, où les enfants, âgés de 7 à 16 ans, avaient subi une perte de conscience soudaine en jouant. Des problèmes cardiaques ultérieurs ont été identifiés chez 12 patients. Sept d’entre eux avaient des antécédents cardiaques. Ils ont récupéré ces données grâce à une revue systématique de la littérature et lancé un effort de sensibilisation international multisite.
Le Dr Lawley, du Heart Center for Children à Sydney, auteur principal, déclare dans un communiqué : « Les jeux vidéo peuvent représenter un risque sérieux pour certains enfants souffrant d’arythmie ; et malheureusement, dans notre étude, nous avons constaté qu’ils étaient mortels chez les patients présentant des conditions arythmiques prédisposantes, mais souvent non reconnues auparavant ».
Sur ces 22 cas, six patients ont été réanimés suite à un arrêt cardiaque et quatre sont décédés subitement. Bien que la recherche mette en évidence un nouveau phénomène dangereux, le Dr Lawley affirme que le nombre d’enfants à risque d’un épisode de « black-out » est très faible.
D’ailleurs, elle explique : « Les enfants qui perdent soudainement conscience pendant qu’ils jouent à des jeux électroniques doivent être évalués par un cardiologue, car cela pourrait être le premier signe d’un problème cardiaque grave ». En effet, nombre d’évanouissements peuvent être sans danger, ne mettant pas en péril la vie de l’enfant. Mais l’identification précoce des formes dangereuses d’évanouissement permettrait d’instaurer des recommandations et des traitements afin de garder en sécurité et en bonne santé ces enfants sensibles.
Il faut savoir que la plupart des évanouissements courants surviennent généralement en position debout, par temps chaud, souvent avec déshydratation, et présentent généralement des signes avant-coureurs comme des étourdissements, des nausées ou des troubles visuels. La perte de conscience associée à des troubles dangereux du rythme cardiaque ne s’accompagne d’aucun signe annonciateur. Elle est soudaine et survient le plus souvent pendant des périodes de forte excitation ou pendant l’exercice.
C’est pourquoi, au moment de leur incident cardiaque, de nombreux patients étaient dans un état d’excitation intense, venant de gagner ou de perdre des matchs, ou étaient en conflit avec d’autres joueurs. Les auteurs relèvent que les jeux de guerre multijoueurs ont été identifiés comme le déclencheur le plus courant — tous les jeux vidéo ne se valent pas en matière de conséquences sur l’enfant.
Même si le mécanisme aboutissant à cet événement d’évanouissement n’est pas entièrement compris, les auteurs pensent que cette excitation extrême doit être éventuellement accompagnée d’un stress émotionnel supplémentaire avec libération d’adrénaline. La libération incontrôlée de calcium intracellulaire par les muscles, due à la stimulation de l’adrénaline, est un déclencheur avéré d’arythmies (pouvant aller jusqu’à une syncope ou une mort subite) chez les personnes atteintes de tachycardie ventriculaire polymorphe catécholaminergique (TVPC). Un diagnostic de TVPC était présent dans 10 (45%) des 22 cas rapportés dans l’étude et soutient donc cette théorie.
Le Dr Turner, co-auteur du rapport, souligne : « Nous savons déjà que certains enfants ont des problèmes cardiaques qui peuvent les mettre en danger lorsqu’ils pratiquent des sports de compétition, et ce que cela montre, c’est qu’il en va de même pour les jeux vidéo ».
Une composante génétique rendrait vulnérable aux effets cardiaques des jeux vidéo
De plus, l’étude a révélé qu’il y avait une incidence élevée de variantes génétiques potentiellement pertinentes (63%) parmi les patients, ce qui a des implications importantes pour leurs familles. En effet, dans certains cas, l’enquête sur un enfant qui a perdu connaissance pendant le jeu vidéo a conduit à diagnostiquer de nombreux membres de la famille avec un problème relativement grave de rythme cardiaque.
Le professeur Skinner, du Sydney Children’s Hospitals Network et qui a participé à l’étude, explique : « La majorité des conditions sous-jacentes du rythme cardiaque identifiées dans ce rapport ont des variantes génétiques causales. Par conséquent, les membres de la famille pourraient également être à risque d’avoir la même condition sous-jacente et devraient se voir proposer des tests. Les membres de la famille identifiés comme ayant la même condition peuvent alors se voir proposer un traitement médical potentiellement vital ».
Les chercheurs ont confirmé que l’étude n’était pas une cause d’alarme publique, mais ont souligné l’importance de demander de l’aide médicale si un épisode comme celui-ci se produisait.
Le Dr Turner conclut : « Les enfants qui jouent à des jeux vidéo ne courent pas plus de risques que de pratiquer des sports scolaires ou d’être physiquement actifs, mais si un enfant subit un nouveau black-out, s’évanouit, s’effondre ou convulse pendant le jeu, il doit être examiné par son médecin local ou de famille pour déterminer si d’autres tests sont nécessaires ».