L’IA a récemment été utilisée pour compléter une composition des Beatles. Ce dernier titre (qui serait « le tout dernier »), « Now And Then », issu notamment d’un enregistrement de Lennon de mauvaise qualité et nettoyé par l’IA, soulève des questions éthiques sur l’usage de cette technologie dans l’art, bien qu’il offre une nouvelle expérience aux fans tout en enrichissant l’héritage musical du groupe.
À l’intersection de l’innovation technologique et du patrimoine culturel, un projet musical inédit émerge, faisant dialoguer l’intelligence artificielle avec l’une des voix les plus iconiques du XXe siècle. Plus d’un demi-siècle après leur séparation, les Beatles, groupe dont l’influence perdure bien au-delà de leur époque, surprennent le monde avec la sortie de ce qui est annoncé comme leur tout dernier morceau, « Now and Then ».
Cette chanson, qui intègre la voix de John Lennon — à partir d’une démo vintage de mauvaise qualité retravaillée et nettoyée par l’IA — redonne vie à une composition inachevée et résonne comme un écho contemporain à l’héritage des Beatles, tout en stimulant le débat sur les implications éthiques de l’IA dans le domaine artistique.
Une technologie au service de l’histoire
Au cœur des années 90, Paul McCartney (le bassiste du groupe) reçoit de Yoko Ono (dernière épouse de Lennon) une cassette intime, un legs musical de John marqué « For Paul ». Cette bande renferme des ébauches mélodiques, dont une en particulier, capturée dans l’intimité de l’appartement new-yorkais de Lennon peu avant son tragique décès. Les morceaux ont été en grande partie enregistrés sur une boombox alors que le musicien était assis devant son piano.
Ce fragment musical, témoignage brut et personnel, est resté inachevé jusqu’à ce que les progrès récents en intelligence artificielle offrent une opportunité inespérée. Inspiré par les techniques de restauration sonore utilisées par Peter Jackson pour son documentaire « Get Back », McCartney a exploité l’IA pour distiller la voix de Lennon, la séparant des intenses parasites sonores qui l’entouraient.
Un héritage musical préservé et renouvelé
En 1995, alors que les Beatles fouillaient dans leur passé pour assembler leur série « Anthology », nettoyées par le producteur Jeff Lynne, deux des chansons de la cassette — « Free As A Bird » et « Real Love » — ont pu être publiées, marquant le premier « nouveau » morceau des Beatles en 25 ans.
Le groupe a également tenté d’enregistrer « Now And Then », une chanson d’amour et d’excuses. Cette piste, imprégnée de la nostalgie de la voix de Lennon, fut cependant écartée, la qualité sonore de la démo originale ne répondant pas aux standards requis pour une publication.
De plus, George Harrison (le plus jeune membre des Beatles) n’était pas d’accord. McCartney explique à Q Magazine en 1997, selon la BBC : « George n’a pas aimé ça. Les Beatles étant une démocratie, nous ne l’avons pas fait ». Plus de 20 ans plus tard, il a admis au New Yorker que Harrison avait qualifié la chanson de « putain de connerie ».
Des décennies plus tard, l’évolution de l’intelligence artificielle offre une seconde chance à ce morceau oublié. McCartney, épaulé par Ringo Starr (le batteur du groupe), a utilisé l’IA pour polir et parfaire les imperfections sonores, donnant ainsi naissance à une œuvre complète.
Industrie musicale : vers un futur façonné par l’IA ?
Ce morceau testamentaire des Beatles, « Now and Then », se présente comme un pont entre l’écho lointain des années 60 et l’avant-garde technologique de notre époque. Il incarne un dialogue entre les souvenirs mélodiques de Lennon et les innovations de l’IA.
Dans ses entretiens, McCartney révèle un mélange d’enthousiasme pour les nouvelles possibilités artistiques offertes par l’IA et une certaine appréhension quant aux répercussions éthiques de cette technologie, qui brouille les lignes entre création originale et innovation technique. Peut-on vraiment recréer l’essence d’un artiste à travers des algorithmes ? Cette interrogation résonne au cœur de l’industrie musicale, ébranlant les puristes tout en fascinant les avant-gardistes.
La sortie de ce morceau met en lumière le potentiel de l’IA à enrichir notre expérience culturelle, tout en nous rappelant l’importance de la touche humaine dans l’art. En définitive, « Now and Then » ne se contente pas de compléter la discographie des Beatles ; il ouvre un débat sur la manière dont nous voulons que l’art soit généré, expérimenté et préservé à l’ère numérique.
VIDÉO : Documentaire sur la chanson posthume « Now and Then ». © The Beatles