Une équipe internationale de chercheurs révèle que la consommation excessive de boissons gazeuses, de jus de fruits industriels et de café (en très grande quantité) augmente considérablement le risque d’accident vasculaire cérébral. En revanche, la consommation régulière de thé, en particulier les variétés noires et vertes, réduirait significativement ce risque. Pour l’atténuer davantage, les médecins encouragent également de boire plus d’eau au quotidien.
L’accident vasculaire cérébral (AVC) est l’une des principales causes de décès et d’invalidité dans le monde. On recense environ 15 millions de nouveaux cas chaque année, dont 5 millions en décèdent et 5 autres millions souffrent de séquelles permanentes ou temporaires. L’AVC survient à la suite d’une interruption de l’apport sanguin au niveau d’une région du cerveau, endommageant les neurones. Il peut s’agir soit d’un AVC ischémique dû à un caillot sanguin, soit d’un AVC dû à une hémorragie intracérébrale.
Principalement liés au mode de vie, les facteurs de risque de l’AVC sont tous modifiables. La principale approche de prévention consiste donc à intervenir au niveau des facteurs de risque courants, tels que le régime alimentaire. « Bien que l’hypertension soit le facteur de risque le plus important, notre risque d’accident vasculaire cérébral peut également être réduit par des choix de vie sains en matière d’alimentation et d’activité physique », explique dans un communiqué Martin O’Donnell de l’Université de Galway.
D’un autre côté, si un régime alimentaire déséquilibré constitue un facteur de risque majeur, la consommation excessive de diverses boissons peut aussi exposer à un risque important, suggèrent deux nouvelles études. Toutes deux, codirigées par O’Donnell dans le cadre du programme INTERSTROKE, visaient à déterminer dans quelle mesure les boissons les plus consommées au monde pourraient augmenter le risque d’AVC.
« L’un des principaux objectifs de l’étude INTERSTROKE est de fournir des informations exploitables sur la manière de réduire le risque d’accident vasculaire cérébral. L’étude actuelle apporte des informations supplémentaires sur ce qui constitue des choix sains en matière de consommation quotidienne de boissons », indique l’expert. Les résultats des deux études ont été publiés dans le Journal of Stroke et dans l’International Journal of Stroke.
Les jus de fruits industriels augmenteraient le risque d’AVC hémorragique de 37 %
INTERSTROKE constitue l’une des études internationales les plus étendues concernant les facteurs de risque d’AVC. La première analyse concerne la consommation de boissons gazeuses et de jus de fruits industriels. Elle incluait 26 950 participants âgés en moyenne de 62 ans, dont 13 462 avaient déjà subi au moins un AVC. Ils étaient en outre originaires de 27 pays distincts et présentaient des profils de risque cardiovasculaires très différents.
Les résultats ont révélé que la consommation quotidienne de boissons gazeuses, qu’elles soient sucrées ou édulcorées, est associée à un risque 22 % plus élevé d’AVC ischémique. Ce risque augmente considérablement avec deux ou plusieurs consommations par jour. La prévalence de l’AVC associée à la consommation de ces boissons est particulièrement élevée en Europe de l’Est et centrale, au Moyen-Orient, en Afrique et en Amérique du Sud.
De manière étonnante, les jus de fruits sont, quant à eux, associés à une augmentation de 37 % du risque d’AVC hémorragique. Ce risque serait encore multiplié par trois avec deux (ou plus) consommations par jour. Cela serait dû au fait que la plupart des jus de fruits industriels sont produits à partir de concentrés et contiennent des sucres ajoutés et de nombreux additifs (conservateurs, acidifiants, émulsifiants, etc.). « Toutes les boissons aux fruits ne se valent pas. Les jus de fruits fraîchement pressés sont les plus susceptibles d’apporter des bienfaits, mais les boissons aux fruits à base de concentrés, avec beaucoup de sucres ajoutés et de conservateurs, peuvent être nocives », explique Andrew Smyth de l’Université de Galway, auteur principal des deux études.
Les femmes présentent en outre un risque plus élevé d’AVC lié aux jus de fruits et aux boissons gazeuses. Les analyses ont aussi montré que boire plus de 7 verres d’eau par jour peut significativement réduire ce risque. « En tant que médecin et en tant que personne ayant étudié le risque d’accident vasculaire cérébral, nous encourageons les gens à éviter ou à minimiser leur consommation de boissons gazeuses et de boissons aux fruits et à envisager de passer à l’eau… », recommande Smyth.
3 à 4 tasses de thé noir par jour réduiraient de 29 % le risque d’AVC
La seconde analyse concerne l’association de la consommation du thé et du café avec le risque d’AVC. Contenant toutes deux de la caféine, ces boissons sont notamment susceptibles d’augmenter la pression artérielle. Toutefois, elles contiennent également d’autres composés bioactifs (tels que les flavonoïdes) potentiellement bénéfiques pour la santé, agissant par exemple sur les fonctions endothéliales.
L’enquête incluait le même nombre de participants adultes que précédemment, dont 19,4 % ne consommaient pas de thé ni de café, 47 % consommaient uniquement du thé, 14,9 % juste du café et 18,6 % les deux boissons. Le mode de consommation variait considérablement en fonction des régions.
En outre, il a été constaté que boire plus de 4 tasses de café par jour augmente de 37 % le risque d’AVC. En revanche, une consommation plus modérée de café n’était associée à aucune augmentation de risque, tandis que la consommation régulière de thé réduirait de 18 à 20 % le risque d’AVC. En particulier, 3 à 4 tasses de thé noir (tels que l’Earl Grey et l’English Breakfast) par jour réduiraient de 29 % le risque d’AVC, tandis que la même quantité de thé vert le réduirait de 27 %.
Cependant, l’ajout de lait semble inhiber les effets bénéfiques du thé. Les résultats ont en outre révélé d’importantes variations géographiques, probablement en raison du grand nombre de variétés et de types de thé consommés selon les régions. Le thé est par exemple associé à un risque réduit d’AVC en Chine et en Amérique du sud, tandis qu’il est associé à un risque plus élevé en Asie du sud. Néanmoins, les variétés noires et vertes auraient dans l’ensemble un effet protecteur.