Au cœur de la pandémie de COVID-19, il est essentiel de parvenir à détecter rapidement les personnes infectées. Lundi, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’OMS, a appelé tous les pays du monde à intensifier les tests de dépistage, meilleur moyen selon lui de ralentir la progression. La technique actuelle permet d’obtenir des résultats sous 3 à 5 heures environ. Une société irlandaise se dit prête à mettre sur le marché des kits de test capables de fournir un résultat en 15 minutes seulement.
À l’origine du dispositif : Colm Ryan et Sean Mac Fhearraigh, deux spécialistes en biochimie, co-fondateurs du laboratoire Assay Genie. Tous deux se sont rapidement penchés sur le problème, grâce à leurs contacts en Chine qui les ont avertis au plus tôt de la menace à venir. Ils sont ainsi parvenus à mettre au point un test rapide, basé sur la même technologie que les tests de grossesse. Toujours en phase d’expérimentation, ce kit baptisé COVID-19 rapid POC (Point of Care) est d’ores et déjà à l’essai dans quelques hôpitaux irlandais.
Des dépistages trop longs et en voie de pénurie
Dans la situation actuelle, les personnes malades doivent être identifiées au plus vite afin d’être isolées pour éviter la contamination, puis suivies attentivement pour surveiller l’évolution de la maladie. Ryan avertit que toutes les personnes présentant des symptômes typiques (pour rappel : toux, fièvre et fatigue parmi les plus courants) devraient immédiatement subir un test, tandis que le personnel soignant devrait pouvoir bénéficier en priorité d’un dépistage régulier.
Aujourd’hui, le dépistage du SARS-CoV-2, virus à l’origine de la maladie, est la plupart du temps effectué via un prélèvement des muqueuses nasales à l’aide d’un écouvillon, ou sur un échantillon d’expectoration. Le prélèvement est alors analysé par la méthode PCR quantitative (réaction de polymérisation en chaîne) : on commence par extraire tout le matériel génétique de l’échantillon (y compris le génome du virus s’il est présent), que l’on met en présence d’un réactif destiné à amplifier le génome du virus, de façon à ce qu’il soit perceptible. Les détails dans la vidéo ci-dessous, avec le Docteur Pascal Cherpillod, responsable du Centre suisse de Référence pour les Infections Virales Emergentes.
Problème : les résultats sont disponibles sous plusieurs heures, sans compter le temps nécessaire à l’acheminement des prélèvements vers les centres de détection ! En outre, on commence à observer une pénurie mondiale des produits nécessaires à l’élaboration de ces tests de dépistage.
Aussi simple et rapide qu’un test de grossesse
Le kit POC d’Assay Genie repose sur le même principe qu’un test de grossesse : l’immunochromatographie, une technique souvent utilisée dans la conception de tests de dépistage rapides. On met l’échantillon (une seule goutte de sang suffit dans le cas du coronavirus) en contact avec un réactif contenant des anticorps spécifiques conjugués à des nanoparticules d’or ; si le virus est présent dans le sang de l’individu, les anticorps qui s’y trouvent vont former des agrégats avec ceux du réactif. Lorsque le test est positif, des lignes colorées apparaissent sur la bandelette de test (grâce à la présence des nanoparticules d’or) ; la réaction se produit sous une quinzaine de minutes.
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Il s’avère que les grandes entreprises – dont la production est aujourd’hui largement ralentie – sont très intéressées par ce type de test, qui permettrait de contrôler facilement et rapidement les employés.
Ailleurs dans le monde, d’autres acteurs s’activent à la mise au point de nouveaux tests. Parmi eux, Mologic, une entreprise britannique de biotechnologie, qui a récemment mis au point un kit de dépistage rapide pour le virus Ebola. La société vient de recevoir une subvention du gouvernement britannique pour adapter ses recherches à la détection du COVID-19. Actuellement à l’étude à Dakar, au Sénégal, le test promet lui aussi un diagnostic en quelques minutes seulement. Ces tests pourraient être disponibles dès le mois de juin.