Une des conséquences les plus redoutées de l’IA semble se concrétiser : la fintech suédoise Klarna a cessé de recruter de nouveaux employés au profit de la technologie. La décision semble bien réussir au géant des paiements en ligne, qui a vu ses bénéfices grimper au cours du dernier trimestre.
En début d’année, Klarna, leader suédois de la fintech, a mis en avant le succès de ses chatbots alimentés par ChatGPT, une technologie qu’elle utilise désormais en remplacement d’une partie de ses employés. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle occupe une place centrale au sein de l’entreprise, qui affirme ne plus ressentir le besoin d’élargir ses effectifs.
Dans une interview accordée à Bloomberg TV, le PDG Sebastian Siemiatkowski a expliqué que les effectifs de Klarna étaient passés de 4 500 à 3 500 salariés en un an, essentiellement en raison de départs naturels. Ce phénomène, courant dans le secteur technologique où environ 20 % des employés changent de poste chaque année, n’a pas été compensé par des recrutements, mais par le déploiement massif de l’intelligence artificielle. « Nous avons cessé d’embaucher il y a environ un an », a-t-il déclaré, ajoutant que cette décision s’inscrivait dans une volonté d’optimiser les coûts et de tester l’efficacité des technologies IA sur l’ensemble des processus internes.
L’IA peut-elle tout remplacer ?
Chez Klarna, l’intelligence artificielle occupe une place prépondérante dans la stratégie de l’entreprise. Siemiatkowski estime que cette technologie pourrait d’ores et déjà se substituer à l’ensemble des tâches humaines. « Je suis d’avis que l’IA peut déjà faire tous les travaux que nous faisons en tant qu’humains », a-t-il affirmé lors de son entretien. Une déclaration illustrée par une vidéo publiée sur LinkedIn, où une version numérique de lui-même, générée par IA, présente les résultats financiers trimestriels de Klarna avec un réalisme troublant.
Les salariés de Klarna sont également encouragés à utiliser ces outils pour améliorer leur productivité. Ceux qui parviennent à intégrer efficacement l’IA dans leurs tâches quotidiennes peuvent obtenir des augmentations salariales. Cette politique repose sur des formations internes et un accompagnement des équipes pour les familiariser avec ces nouvelles technologies. Parmi les tâches concernées figurent notamment la gestion des relations clients, l’automatisation des opérations financières et l’optimisation des flux logistiques.
Klarna collabore étroitement avec OpenAI, une relation initiée par Siemiatkowski lui-même, qui avait sollicité Sam Altman pour faire de Klarna un partenaire pilote de ses solutions IA. Ce partenariat a permis à Klarna de devenir la première fintech européenne à intégrer ChatGPT dans ses systèmes. Aujourd’hui, 90 % des employés utilisent des outils d’IA générative dans leur quotidien professionnel. Parmi les exemples les plus marquants, Klarna a annoncé que l’un de ses outils, basé sur ChatGPT, permet de remplacer les tâches de 700 agents dédiés au service client.
Une stratégie rentable
Cette transition technologique semble porter ses fruits sur le plan financier. Après une période de pertes dues à son expansion aux États-Unis, Klarna est à nouveau rentable. Selon son dernier rapport financier, l’entreprise a enregistré un bénéfice net de 187 millions d’euros au troisième trimestre, soit une hausse de 57 % par rapport à l’année précédente. Cette tendance pourrait se maintenir pendant la période des fêtes, souvent marquée par une augmentation des transactions.
Une transformation radicale du marché de l’emploi
L’adoption massive de l’intelligence artificielle par Klarna s’inscrit dans une mutation plus large du marché du travail. Certaines professions, autrefois considérées comme essentielles, sont désormais automatisées, tandis que d’autres voient leurs contours redéfinis. Une étude de Goldman Sachs estime que d’ici 2030, environ 300 millions d’emplois pourraient être affectés par l’essor de l’IA.
Si l’expansion des entreprises était traditionnellement synonyme de création d’emplois, Klarna propose une vision alternative : celle d’un modèle économique reposant sur une adoption accrue des technologies d’automatisation. Pourtant, malgré l’affirmation de son PDG, l’entreprise n’a pas totalement cessé de recruter. Selon John Craske, responsable de la communication mondiale de Klarna, les embauches, bien que limitées, continuent pour des postes jugés stratégiques. « Aujourd’hui, nous ne recrutons plus activement pour élargir nos effectifs, mais seulement pour pourvoir certains postes essentiels, principalement dans le domaine de l’ingénierie », a-t-il précisé dans un entretien accordé au média TechCrunch.