L’humain n’est pas le seul responsable de la hausse globale de la température sur Terre, mais il influencerait indirectement d’autres facteurs qui accentuent l’effet de serre, et ce jusqu’à un point de non-retour.
En 2016, plus de 195 pays ont signé l’accord de Paris, qui prévoit une réduction de l’émission de carbone afin de garder la température globale à 2 degrés maximum au-dessus des niveaux préindustriels d’ici l’an 2100.
Mais selon certains scientifiques, cela ne suffirait pas à empêcher notre planète de se transformer en véritable serre, avec toutes les conséquences qui s’en suivraient : extrême montée du niveau de l’eau, nourriture rare, feux de forêts récurrents, chaleur mortelle, etc.. Selon eux, ce scénario serait irréversible à un certain seuil.
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« Notre étude suggère que le réchauffement climatique de 2 °C induit par les humains pourrait déclencher d’autres processus du système terrestre, souvent appelés « rétroactions », qui pourraient conduire à une plus importante chaleur, même si l’on élimine l’émission des gaz à effet de serre », explique Will Steffen, chercheur à l’Université nationale australienne.
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En science, un système de rétroaction négative permet le maintien de l’équilibre pour un paramètre donné, tandis qu’un système de rétroaction positif accentue un changement qui est en train de se produire.
Steffen a démontré dans une étude en collaboration avec une équipe de recherche internationale, qu’il existe sur Terre de nombreux systèmes à rétroaction positive qui aggravent les perturbations et qui pourraient par la suite faire transiter notre planète à un état global différent.
Une autre étude sur le cas des permafrosts est un bon exemple de l’effet indirect de l’activité humaine : des scientifiques avaient démontré que leur fonte dans l’arctique libérait une quantité importante de carbones emprisonnés il y a des milliers d’années dans la glace. Cette exemple démontre donc la continuité du relâchement du carbone dans l’atmosphère causé par la rétroaction positive, et qui est difficile voire impossible à arrêter.
Et il existe de nombreux autres cas, comme la perte d’hydrate de méthane provenant du fond des océans, diminuant la formation de puits de carbone dans l’océan — ces derniers contribuant à la réduction de CO2 dans l’atmosphère. Ce relâchement de carbone augmente aussi la respiration bactérienne dans les océans, favorisant davantage l’émission de CO2.
Le groupe déclare aussi qu’avoir atteint une hausse de 2 °C pourrait être le point de non-retour, et qu’il serait très difficile de renverser la rétroaction positive.
« Tous ces éléments bousculés pourraient potentiellement agir comme un effet domino », déclare Johan Rockström, co-auteur de l’étude. Il ajoute aussi que des zones pourraient devenir inhabitables si l’hypothèse de la Terre qui se transformerait en une sorte de serre se produisait réellement.
Cependant, ils ne sont pas encore certains que ce seuil de non-retour soit atteint à seulement 2 degrés au-dessus de la température préindustrielle. Ils ont cependant tenu à prouver que l’objectif de l’accord de Paris ne résoudrait certainement pas le problème, et qu’il pourrait être déjà trop tard, l’activité humaine ayant déjà engendré de nombreuses conséquences impossibles à contrôler.
Cependant, ils expliquent aussi dans leur papier que l’action collective des humains est nécessaire pour écarter le système terrestre de ce potentiel seuil, et de le stabiliser dans un état habitable.
Ces actions, comme par exemple des compromis industriels ou encore des innovations technologiques saines pour le climat, seraient bien évidemment difficiles à mettre en place, car cela engendrerait d’importantes répercussions économiques et sociales.
Fort heureusement, les chercheurs ont aussi constaté que les différentes sociétés entament de plus en plus les transformations nécessaires à la sauvegarde du climat, mais qu’elles en sont encore au stade initial. Il faut donc agir vite avant que la route pour la stabilisation climatique ne devienne utopique.
Même si le groupe reconnaît que le seuil de non-retour des 2 °C est hypothétique, il est difficile de nier, après les nombreuses preuves montrant l’impact de l’action humaine sur le climat, que les enjeux sont importants. Il sera d’ailleurs très compliqué de convaincre toute les sociétés de contribuer à l’effort, à commencer par les États-Unis, deuxièmes plus grands émetteurs de gaz à effet de serre, qui se sont retirés de l’accord de Paris un an après leur signature.