Plus de cinquante ans après la dernière mission Apollo, les États-Unis se préparent à marquer un retour historique sur la Lune le 25 janvier 2024. Ce projet ambitieux constitue une étape clé pour les missions Artemis de la NASA, qui prévoient de renvoyer des humains, dont la première femme, sur notre satellite naturel en 2025.
Un demi-siècle après la dernière empreinte humaine sur la Lune, les États-Unis s’apprêtent à y retourner. Avant le lancement habité d’Artemis, prévu avec espoir pour novembre 2024, la NASA effectuera donc un retour sur le satellite le 25 janvier prochain, en se joignant à la mission d’un atterrisseur robotisé privé. Baptisé Peregrine, il est développé par Astrobotic, une entreprise américaine.
Il y a plusieurs années, la NASA a choisi de charger des sociétés privées d’envoyer des expériences et des technologies scientifiques sur la Lune — dans le cadre d’un programme appelé CLPS. Le PDG d’Astrobotic, John Thornton, a déclaré qu’il embarquerait des instruments de la NASA (aucun équipage ne sera à bord). Ces derniers serviront à étudier l’environnement lunaire préfigurant ainsi les futures missions habitées.
Une technologie avancée, une collaboration internationale et une réduction des coûts
La mission Peregrine se distingue par son ambition de réduire considérablement les coûts de l’exploration lunaire, tout en relevant des défis techniques et scientifiques inédits. John Thornton met en lumière l’objectif de cette mission : réaliser un atterrissage lunaire à un coût nettement inférieur à celui des missions Apollo. Cette approche économique est importante, d’autant plus que l’histoire de l’exploration lunaire est marquée par un taux de succès de seulement 50%.
L’atterrisseur Peregrine, mesurant environ 1,80 m de haut, est une véritable prouesse technologique selon Astrobotic. Prévu pour un lancement le 24 décembre depuis la Floride à bord du vol inaugural de la nouvelle fusée du groupe industriel ULA, baptisée Vulcan Centaur, il emportera avec lui 21 charges utiles provenant de la NASA, de gouvernements, d’universités et d’entreprises de sept pays différents.
Un voyage 100% autonome
Parmi les charges utiles de la NASA figurent un système de spectromètre à neutrons — qui recherchera des signes de glace d’eau près de la surface lunaire en examinant la composition du sol — et un spectromètre à transfert d’énergie linéaire, qui collectera des informations sur la radioactivité à la surface lunaire. L’atterrissage est prévu dans une zone géologiquement intéressante, caractérisée par d’anciennes coulées de lave basaltique, offrant ainsi un terrain d’étude précieux pour les scientifiques.
Après son décollage, la sonde mettra « quelques jours » pour atteindre l’orbite lunaire, mais devra attendre le 25 janvier avant de tenter d’atterrir, afin que les conditions d’éclairage à l’emplacement de la cible soient bonnes, a indiqué Thornton.
Ce voyage, entièrement autonome, ne nécessitera aucune intervention humaine directe lors de l’atterrissage. Cependant, chaque étape de la mission sera rigoureusement surveillée depuis le centre de contrôle d’Astrobotic. Cette surveillance continue garantit une réactivité optimale en cas d’imprévus et permet une collecte de données précises tout au long de la mission.
Le programme CLPS et vision d’une économie lunaire
Le programme Commercial Lunar Payload Services (CLPS) de la NASA représente une initiative stratégique visant à impliquer le secteur privé dans l’exploration lunaire. En commissionnant des entreprises comme Astrobotic pour des missions telles que Peregrine, la NASA cherche à stimuler l’innovation et à réduire les coûts par la concurrence et l’expertise du secteur privé. L’objectif ultime du CLPS est de développer une infrastructure commerciale sur la Lune, ouvrant ainsi la voie à des activités économiques durables dans l’espace.
Chris Culbert, responsable du programme CLPS, reconnaît que bien que toutes les missions ne soient pas couronnées de succès, chacune d’entre elles joue un rôle clé dans la construction de cette économie lunaire. En testant de nouvelles technologies, en validant des concepts d’opérations et en accumulant des connaissances précieuses, chaque mission contribue à un écosystème lunaire en développement, essentiel pour les futures explorations et exploitations.
Impact de Peregrine sur les missions Artemis
La mission Peregrine est plus qu’une simple démonstration technologique ; elle est un précurseur essentiel des missions Artemis de la NASA. Ces missions visent à établir une présence humaine durable sur la Lune et à envoyer la première femme de l’histoire sur le sol lunaire. Le succès de Peregrine est donc crucial pour valider les technologies et les stratégies qui seront utilisées dans les missions Artemis.
En fournissant des données sur l’environnement lunaire, en testant des équipements et en démontrant la faisabilité des atterrissages autonomes, Peregrine aidera à minimiser les risques pour les équipages humains et à maximiser les chances de succès des missions Artemis. En outre, les leçons tirées de Peregrine pourraient servir à la conception des futures missions habitées et robotisées, non seulement vers la Lune, mais aussi potentiellement vers d’autres destinations, dont Mars.