Les autorités sanitaires canadiennes sont en état d’alerte maximale. L’Agence de la santé publique du Canada a confirmé le premier cas humain de grippe aviaire H5N1 du pays. La victime est un adolescent admis d’urgence en Colombie-Britannique. Les chercheurs indiquent que la souche qui l’a infecté diffère de celle qui a touché les vaches laitières, laissant supposer un variant du virus potentiellement transmissible entre humains.
La grippe aviaire, souvent appelée « Bird Flu », se décline en plusieurs souches virales. Parmi les plus connues figurent le H5N1, le H7N3 et le H9N2. En Amérique du Nord, le virus de la grippe A a provoqué l’abattage de millions de volailles ces dernières années, notamment entre 2015 et 2023. Au Canada, en 2004, deux travailleurs d’une ferme avicole de la vallée du Fraser ont contracté le H7N3. Jusqu’à cette récente annonce de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), aucun cas de H5N1 chez l’humain n’avait été répertorié.
Selon le rapport de l’ASPC, l’adolescent, résidant de Richmond, située dans la région métropolitaine de Vancouver, a présenté ses premiers symptômes le 2 novembre. Hospitalisé le 8 novembre à l’hôpital pour enfants, il est dans un état critique. Initialement, les autorités sanitaires de Colombie-Britannique ont traité son cas comme présomptif. Cependant, en raison de complications telles qu’une détresse respiratoire aigüe, des analyses de laboratoire ont confirmé qu’il s’agissait de la grippe aviaire H5N1, après des tests approfondis réalisés à Winnipeg. Le séquençage génomique a révélé que le virus est étroitement lié à la souche qui sévit chez les volailles.
Les experts du Laboratoire National de microbiologie de Winnipeg ont identifié le virus comme appartenant au clade 2.3.4.4b, avec un génotype D.1.1, une classification basée sur les mutations spécifiques du virus. « Le génotype du virus de la grippe aviaire H5N1 chez les bovins américains diffère de celui identifié dans le cas humain en Colombie-Britannique », a déclaré l’ASPC dans un communiqué. Les experts notent que cette mutation touche l’hémagglutinine, une protéine de surface du virus, qui se lie aux récepteurs alpha 2-6 des cellules humaines, ce qui augmente la vulnérabilité des humains à la grippe. Cette mutation permet au H5N1 d’imiter un virus humain.
Une transmission interhumaine exceptionnelle ?
La transmission interhumaine du virus H5N1 est un phénomène rare, selon les autorités sanitaires. Jusqu’à présent, la majorité des cas observés dans le monde résultent d’un contact direct avec des oiseaux infectés ou des animaux d’élevage. Angela Rasmussen, virologue à la Vaccine and Infectious Disease Organization (VIDO) de l’Université de la Saskatchewan, souligne que l’interaction accrue entre humains et animaux infectés pourrait favoriser la mutation du virus, permettant une transmission entre humains. « Les implications réelles restent incertaines, mais ces éléments constituent un indicateur de vigilance accrue », a-t-elle déclaré dans une interview.
Richard Webby, virologue à l’hôpital de recherche pour enfants St Jude, a noté qu’une variante du virus H5N1 circule depuis plusieurs mois parmi les oiseaux de Colombie-Britannique, s’étendant au nord-ouest des États-Unis et touchant 11 personnes dans une ferme à Washington, bien que la gravité de leur maladie n’ait pas été précisée. Pour le cas de l’adolescent, les autorités enquêtent toujours pour déterminer comment il a été contaminé, une hypothèse avançant qu’il aurait contracté le virus via des animaux domestiques.
Bien que des pics de H5N1 aient été signalées en Colombie-Britannique, l’adolescent n’a pas été en contact direct avec des volailles infectées. Toutefois, il a côtoyé divers animaux domestiques, et selon Rasmussen, il est plausible que l’un de ces animaux ait contracté le virus avant de le transmettre à l’adolescent. Des tests sanguins ont été effectués sur les animaux et les personnes de son entourage, avec des résultats préliminaires attendus dans la semaine.
L’ASPC a souligné qu’aucun signe ne laisse présager une pandémie de H5N1. Cependant, le gouvernement fédéral a conclu un accord avec GSK, un fabricant de vaccins, pour accélérer la production en cas de besoin. « Il est important de surveiller cette situation de près. Toute alerte précoce concernant de nouveaux virus nous permettra d’être préparés », conclut Webby.