La FDA a décidé de suspendre les essais cliniques de greffes de matière fécale. Cette technique avait permis de soigner des patients souffrant de troubles digestifs dus à un déséquilibre de la flore bactérienne. La mort d’un patient est la cause de cette suspension.
Il y a quelques années, de nombreuses découvertes affirmant l’importance du microbiote intestinal ont causé une montée en flèche des recherches dans ce domaine. Le rôle de ce bouillon de microorganismes dans la digestion est connue depuis longtemps, mais il assure également la protection de l’intestin contre des infections par d’autres microoganismes pathogènes (en particulier Clostridium difficile), produit certains acides gras et vitamines (comme la biotine ou la vitamine K), assure le maintien de la barrière intestinale, ou encore permet la dégradation de certains nutriments (fibres alimentaires).
Son déséquilibre est responsable de troubles intestinaux importants, comme la diarrhée, des inflammations chroniques, ou encore des problèmes d’acidité gastrique. Les origines proviennent souvent du mode de nutrition, ou de la prise d’antibiotiques.
Mais l’une des découvertes majeures qui intéresse à présent la plupart des spécialistes, est son lien avec le système nerveux. En effet, de nombreuses recherches montrent qu’une perturbation du microbiote, et plus particulièrement durant l’enfance, augmente les chances de développer des troubles neuro- développementaux ou psychiques comme l’autisme ou la dépression.
Pour soigner les nombreux troubles possibles, les médecins ont souvent recours à la transplantation fécale, qui consiste à introduire dans l’intestin du patient des fèces obtenues d’un donneur en bonne santé, pour favoriser le retour d’une flore intestinale équilibrée grâce aux bactéries présentes dans les selles. Les techniques se sont améliorées au fil des années, avec des résultats toujours plus prometteurs.
Mais l’optimisme qu’avait apporté jusqu’à présent ce type de traitement a été stoppé net la semaine dernière après un essai clinique dans le cadre duquel un patient a trouvé la mort. Un autre était, quant à lui, tombé gravement malade.
Les deux malheureux étaient immunocompromis et avaient reçu les fèces du même donneur. Les selles n’ont été examinées qu’après qu’ils aient alerté qu’ils ne se sentaient pas bien, et il s’est avéré qu’elles contenaient une souche d’E.coli multirésistante.
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La FDA a décidé de suspendre les essais jusqu’à la mise en place par les scientifiques d’une méthode d’analyse des fèces plus sûre, avant leur administration. Cependant, l’utilisation de cette méthode a de fortes chances de n’être employée qu’en cas de dernier recours à l’avenir (lors de l’inefficacité de traitements standards contre C. difficile par exemple).
« Bien que nous soutenions ce domaine de recherche scientifique, il est important de noter que le microbiote fécal destiné à la transplantation n’est pas sans risque », déclare le Dr. Peter Marks, directeur du centre d’évaluation et de recherche sur les produits biologiques de la FDA.