Vous vous souvenez sans doute de la scène culte du film Jurassic Parc, où un redoutable Tyrannosaurus rex poursuit le 4×4 de Jeff Goldblum. Sachez que selon les scientifiques, cette scène serait totalement irréaliste. En effet, selon une nouvelle étude, ce dinosaure n’était tout simplement pas capable de courir à plus de 20 km/h, au risque de se briser les pattes.
Cela fait des décennies que des paléontologues du monde entier débattent sur la vitesse maximum que pouvait atteindre ce prédateur géant. Il s’est avéré que, compte tenu de la morphologie du T-Rex, ce dernier pouvait marcher rapidement, mais toute course lui provoquerait de sérieux dégâts au niveau des pattes, l’empêchant donc de dépasser une vitesse de course de plus de 20 kilomètres par heure.
Des scientifiques de l’Université de Manchester, au Royaume-Uni, ont créé un modèle informatique détaillé basé sur Multibody System Dynamics, un logiciel permettant d’analyser de manière avancée certains mouvements, de simuler et tester aisément des prototypes virtuels de divers systèmes mécaniques (y compris des parties différentes d’un squelette), afin d’en apprendre plus sur la biomécanique des T-Rex.
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Le modèle de leur dinosaure se base sur un spécimen déterré en 1987, appelé BHI 3033 (également connu sous le nom de Stan). Les tomodensitogrammes de divers fossiles ont donc fournis des limites sur lesquelles les chercheurs ont pu se baser afin de déterminer quel type de forces les os pourraient supporter avant d’être endommagés.
Les chercheurs se sont basés sur un poids de 7206,7 kilogrammes de chair et d’os, pour effectuer leurs calculs. À partir de là, les chercheurs devaient déterminer les forces d’impact que les os subiraient lorsque le dinosaure augmenterait sa vitesse, passant de la marche à la course, tout en tenant compte des potentiels tissus mous qui amortiraient les divers chocs.
Les scientifiques ont alors déterminé qu’une vitesse d’environ 27,7 kilomètres par heure serait la limite maximale pour les os du T-Rex, qui avaient une limite d’élasticité d’environ 200 mégapascals (29’000 psi). En comparaison, la vitesse de marche moyenne d’un être humain est d’environ 4,8 kilomètres par heure, la vitesse de jogging d’environ 8-9 km/h, et Usain Bolt pour courir 100 mètres à environ 38 km/h.
Une estimation plus raisonnable de la force osseuse, selon les chercheurs, serait d’environ la moitié de 27,7 km/h (pour la limite supérieure), ce qui fait que Stan irait à la vitesse d’une personne courant pour attraper son bus. « Même si des facteurs de sécurité inférieurs à la limite la plus basse observée chez les animaux vivants sont autorisés, notre analyse démontre que les T-Rex n’était mécaniquement pas capables de faire de véritables mouvements de course », expliquent les chercheurs dans leur étude.
La vitesse maximale estimée d’un T-Rex adulte a varié selon les études effectuées durant ces dernières décennies, qui ont notamment pris en compte leurs configurations corporelles, leurs attaches musculaires, ainsi que leurs empreintes fossilisées. Certaines de ces études suggéraient que le dinosaure atteignait au maximum 18 km/h, tandis que d’autres études proposaient une vitesse maximale bien plus haute de 54 km/h.
Mais cette recherche pose certaines contraintes sur les estimations les plus élevées, ce qui suggère que le T-Rex pourrait encore effectuer des accélérations sous forme de pas rapides, mais non de courir de sprinter.
« Nous présentons ici une nouvelle approche qui combine deux techniques biomécaniques distinctes pour démontrer que les vraies oscillations de course entraîneraient probablement des charges squelettiques inacceptables pour les T-Rex », explique le chercheur principal William Seller, de l’Université de Manchester, au Royaume-Uni.
Cette étude va également encourager les chercheurs à repenser la manière dont ce dinosaure chassait. « Le tyrannosaure n’en était pas moins un prédateur redoutable, mais la vitesse ne faisait pas partie de ses armes. Il comptait sur sa force brute, et non sur ses talents de sprinter », a expliqué Steve Brusatte, paléontologue et biologiste de l’évolution de l’Université d’Édimbourg en Écosse, qui n’a pas participé à la recherche.
Et qu’en est-il des jeunes T-Rex ? Étaient-ils plus habiles ? Pouvaient-ils sprinter ? Le modèle des chercheurs suggère que non, mais des recherches supplémentaires devront être effectuées afin de valider ou non cette information.
Bien que cette étude soit limitée aux T-Rex, le modèle de simulation pourrait être utilisé pour analyser le comportement de différentes créatures éteintes. En effet, l’étude laisse toutefois supposer que certains autres grands dinosaures évoluant sur deux pattes, tels que le Gigantosaurus, le Mapusaurus ou encore l’Acrocanthosaurus, ont pu rencontrer des difficultés similaires.
« Le Tyrannosaurus rex est l’un des plus gros animaux bipèdiques à avoir jamais évolué et marché sur Terre », explique Sellers. « Donc, cela représente un modèle utile pour comprendre la biomécanique d’autres animaux similaires », ajoute Sellers.