L’obésité est un handicap très dangereux, c’est un fait que nous connaissons tous. Mais plus les chercheurs se penchent sur le sujet et plus ils réalisent que la portée de ses effets négatifs est grande et inquiétante. À présent, et suite à une première étude réalisée par d’autres chercheurs sur le sujet, de nouvelles preuves suggèrent que l’obésité dite centrale (caractérisée notamment par un tour de taille du ventre nettement supérieur à celui des hanches) est associée à un rétrécissement du cerveau. De plus, cette même atrophie cérébrale a été identifiée comme un facteur de risque pour développer des maladies neurodégénératives.
Selon de nouvelles recherches, il semblerait que les cerveaux des personnes obèses soient également très touchés par le problème, bien qu’à l’heure actuelle, les causes et les effets ne soient pas encore bien compris par les scientifiques. Cependant, l’un des éléments connus est le lien entre un « rétrécissement » du cerveau et l’obésité. Un tel lien avait déjà été identifié dans le cadre d’une étude précédente publiée en janvier 2019, réalisée par une autre équipe de recherche indépendante.
Dans cette nouvelle recherche, une analyse par IRM effectuée sur plus de 12’000 adultes ayant participé à l’étude britannique Biobank sur les niveaux élevés de graisse corporelle, montre des changements dans la forme et la structure du cerveau, et également une quantité réduite de matière grise.
À savoir que la matière grise contient la plupart des cellules nerveuses du cerveau et comprend également des régions cérébrales impliquées dans la maîtrise de soi, le contrôle musculaire et la perception sensorielle. « Nous avons constaté que le fait d’avoir des niveaux de graisse plus élevés distribués dans le corps était associé à de plus petits volumes de structures cérébrales importantes, y compris des structures de matière grise situées au centre du cerveau », a déclaré Ilona A. Dekkers, radiologiste au Leiden University Medical Center, aux Pays-Bas.
Dans cette nouvelle étude, qui portait sur des personnes âgées entre 45 à 76 ans (avec un âge moyen de 62 ans), les chercheurs ont découvert que la nature des associations était différente pour les hommes et les femmes :
- Chez les hommes : un pourcentage plus élevé de graisse corporelle totale était lié à un volume global de matière grise réduit (comprenant le thalamus et l’hippocampe, mais excluant l’amygdale).
- Chez les femmes : une augmentation de la masse graisseuse corporelle n’était associée à une réduction de la matière grise que dans une partie du cerveau : le globus pallidus, une zone associée au mouvement volontaire.
Cependant, la matière grise n’était pas la seule à être impactée par l’obésité. En effet, les résultats ont également démontré que la substance blanche (ou matière blanche), qui est une catégorie de tissu du système nerveux central, contenant des faisceaux de fibres nerveuses qui relient diverses régions du cerveau, était également affectée par des taux de graisse corporelle élevés, affichant des changements microscopiques dans sa structure — bien que les effets de ces altérations ne soient pas clairs.
Les chercheurs reconnaissent qu’en raison du nombre limité de données à l’heure actuelle, leur étude n’a examiné aucun lien avec le déclin cognitif réel des participants, mais uniquement avec la structure du cerveau. De ce fait, ces derniers soulignent que nous ne connaissons pas encore le fonctionnement de la causalité de ces effets. C’est pour cette raison que nous ne pouvons que spéculer sur les aspects du rétrécissement de la matière grise et ce qu’ils pourraient signifier en matière de comportement.
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« D’autres facteurs que l’influence de l’obésité sur la structure du cerveau pourraient également être possibles par une influence neuronale sur la régulation du poids corporel et le comportement alimentaire », écrivent les chercheurs dans leur article. « L’obésité suggérant une régulation du comportement alimentaire pourrait être influencée par une modification du contrôle des inhibiteurs en abaissant le volume de la matière grise et en affectant les voies de signalisation du tractus cortico-limbique », ajoutent les chercheurs.
Les scientifiques suggèrent qu’il est possible que l’excès de graisse affecte le système nerveux central par le biais du système cardiovasculaire. Bien entendu, il faut à présent éviter toute conclusion hâtive quant à la manière dont fonctionnent ces relations. Des études comme celles-ci ne peuvent pas exclure la possibilité qu’une perte de matière grise rende également plus difficile la perte de poids. Il faudra donc encore d’autres études afin de pouvoir en comprendre davantage sur ces liens étroits.
De ce fait, il reste encore de nombreuses recherches à mener afin que nous puissions en apprendre davantage afin de mieux comprendre les causes à effets en jeu. « D’autres recherches sont nécessaires pour évaluer si une réduction de poids stricte et le traitement de troubles métaboliques connexes sont également bénéfiques pour les conséquences neurologiques potentielles de l’obésité », ajoutent les auteurs de l’étude.
Néanmoins, ces résultats confirment encore une fois qu’il faut examiner de près le lien existant entre l’obésité et la neurologie. L’équipe de recherche souhaite donc à présent se concentrer sur la détermination des différents types d’associations liées entre un rétrécissement de la quantité de matière grise et l’obésité.
À noter que récemment, de nombreuses découvertes ont également mis en lumière les relations entre la physiologie de nos intestins et le fonctionnement de notre cerveau. Il n’est donc pas si étonnant que la graisse corporelle puisse avoir un impact important sur le volume cérébral.