Lupus : une nouvelle thérapie génétique offre l’espoir d’une rémission complète à vie

Un traitement révolutionnaire apporte l espoir d une rémission aux patients atteints de lupus
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En septembre, la société biopharmaceutique belge UCB, en collaboration avec son partenaire américain Biogen, a annoncé des résultats prometteurs pour leur traitement expérimental, le dapirolizumab pegol, contre le lupus érythémateux systémique (LES). Tandis que ces deux géants prévoient la deuxième étude de phase 3 avant la fin de l’année, des chercheurs britanniques ont réalisé une avancée notable. Dans le cadre d’essais préliminaires, trois patients ont bénéficié d’une thérapie par cellules CAR-T pour traiter génétiquement l’une des formes les plus sévères du lupus : le lupus érythémateux disséminé (LED). Selon les résultats, la thérapie pourrait supprimer le besoin de médicaments à vie.

Le lupus, tout comme le diabète de type 1, est une maladie auto-immune — résultant d’une défaillance du système immunitaire, qui attaque les tissus sains. Cette maladie touche principalement les femmes âgées de 15 à 40 ans et se manifeste par une variété de symptômes affectant principalement la peau, les reins, les poumons, le système nerveux et les articulations. On estime à 5 millions le nombre de personnes souffrant de lupus à travers le monde, dont 30 à 40 000 en France et 70 000 au Royaume-Uni. Cette pathologie se décline en diverses formes, dont le lupus érythémateux disséminé et le lupus discoïde, les plus répandues.

Le lupus discoïde se limite à affecter la peau en provoquant des lésions cutanées, tandis que le LED se caractérise par des attaques immunitaires plus graves et diffuses, résultant souvent en des symptômes invalidants tels qu’une fatigue chronique, des douleurs articulaires et une inflammation des principaux organes.

Les causes exactes de cette maladie auto-immune restent inconnues, bien que certaines études suggèrent des facteurs génétiques. À ce jour, aucun traitement curatif n’existe pour le lupus, contraignant les patients à prendre des médicaments à vie pour en atténuer les symptômes. Des anti-inflammatoires standard, tels que l’ibuprofène, ainsi que les injections de stéroïdes, sont fréquemment utilisés pour traiter les symptômes légers. Dans les cas plus sévères, les médecins ont recours aux immunosuppresseurs et aux immunomodulateurs.

Cependant, le traitement du lupus pourrait drastiquement changer pour le mieux : des chercheurs de l’University College London Hospitals NHS Foundation Trust (UCLH) et de l’University College de Londres ont mis au point une thérapie par cellules CAR-T (chimeric antigen receptor-T) qui consiste en une reprogrammation génétique du système immunitaire ciblant les cellules problématiques. « Le lupus est une maladie qui nécessite un traitement à vie, mais cette thérapie pourrait transformer cette réalité, ce qui est extrêmement enthousiasmant », a affirmé au Guardian le professeur Ben Parker, rhumatologue consultant à l’infirmerie royale de Manchester.

Thérapie par cellules CAR-T : du cancer au lupus

Jusqu’à présent, au Royaume-Uni, les thérapies par cellules CAR-T étaient exclusivement utilisées pour certaines formes de cancer. Les chercheurs estiment désormais qu’elle pourrait se montrer prometteuse dans le traitement d’une large gamme de maladies, telles que le lupus et la sclérose en plaques.

En août 2021, une étude publiée dans le New England Journal of Medicine a mis en lumière le succès de cette thérapie chez une jeune femme de 21 ans souffrant de LED sévère. Cette forme de lupus implique une suractivation des lymphocytes B autoréactifs, entraînant une production anormale d’auto-anticorps. La thérapie par cellules CAR-T agit en ciblant spécifiquement la protéine transmembranaire CD19 présente à la surface des lymphocytes B, constituant ainsi la première preuve clinique de l’efficacité des thérapies par cellules CAR-T dans les maladies auto-immunes.

Récemment, les chercheurs de l’UCLH et de l’UCL ont exploré cette voie thérapeutique avec un premier essai sur trois patients au Royaume-Uni. La première patiente, une jeune femme de 32 ans prénommée Katherine, a reçu une administration de CAR-T en juillet au centre de recherche clinique de l’Institut National de Recherche sur la Santé et les Soins de Manchester. Les deux autres, dont une femme de 50 ans atteinte de lupus depuis ses 20 ans, ont reçu leur traitement la semaine dernière.

En Allemagne, des patients atteints de lupus ont déjà bénéficié d’une thérapie similaire l’année dernière et demeurent en rémission. Les résultats préliminaires indiquent qu’ils n’ont plus eu besoin de médicaments depuis lors. Quant aux nouveaux patients du Royaume-Uni, ils seront suivis sur une période de 15 ans pour évaluer les effets à long terme du traitement. Katherine a déjà observé une amélioration significative : quelques semaines après la thérapie, ses articulations n’étaient plus enflées.

« C’est un moment enthousiasmant de pouvoir proposer ce traitement aux patients atteints de lupus dans le cadre de cet essai clinique », a déclaré la Dr Eleni Tholouli, directrice de l’unité de transplantation de cellules souches adultes à l’infirmerie royale de Manchester. « Nous espérons que cela apportera des résultats positifs et ouvrira de nouvelles options de traitement pour les patients atteints de cette maladie », a-t-elle conclu.

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