Le P2 Speeder est le troisième prototype à grande échelle conçu par Mayman Aerospace, une start-up affiliée à JetPack Aviation, dédiée au développement de petits aéronefs à décollage et atterrissage verticaux (VTOL). Doté de huit moteurs, l’engin peut transporter près de 450 kg et voler à plus de 800 km/h. Les premiers vols d’essai sont prévus cet automne.
JetPack Aviation Corporation a conçu et construit le premier JetPack au monde approuvé par la Federal Aviation Administration dans la catégorie expérimentale. Aujourd’hui, elle dévoile un véhicule utilitaire aérien, sous la marque Mayman Aerospace — du nom de son PDG, David Mayman. « Nous avions besoin d’une marque qui définisse clairement notre produit et nos marchés Speeder professionnels, par opposition aux consommateurs », a déclaré Mayman.
De la taille d’une moto, l’engin peut être piloté ou configuré pour un vol autonome ou un pilotage à distance. Rapide, petit et puissant, ce « micro VTOL » modulable a été conçu pour toutes sortes d’applications : transport de fret, lutte contre les incendies, sauvetage, opérations policières ou militaires, etc. « Le Speeder change complètement la donne. C’est l’une des technologies les plus passionnantes et les plus révolutionnaires que nous ayons vues », a déclaré l’investisseur principal Tim Draper au magazine Flying.
Un VTOL particulièrement adapté aux situations d’urgence
La société affirme que le Speeder sera « considérablement moins cher qu’un hélicoptère ». Contrairement à la plupart des avions VTOL actuellement en développement, qui sont alimentés par batteries ou moteurs électriques, le P2 Speeder est propulsé par huit moteurs à réaction alimentés par du carburant « zéro carbone net » ou du carburant durable d’aviation. Un système informatique embarqué de contrôle de vol, à base d’intelligence artificielle, est chargé de contrôler l’angle des turbines. En cas de panne ou de perte d’équilibre liée à des conditions météorologiques inhabituelles par exemple, il est capable de rééquilibrer instantanément la poussée.
La carrosserie de l’appareil est faite de fibre de carbone, un matériau à la fois léger et robuste. La position du pilote a été pensée pour optimiser les performances aérodynamiques de l’engin et ainsi maximiser l’efficacité du vol. Particulièrement aisé à utiliser, il suffit de prendre place sur le véhicule et d’appuyer sur le bouton de démarrage : le Speeder est prêt à décoller. Une licence de pilote ne sera même pas nécessaire, « car les systèmes de commande de vol du Speeder font une grande partie du travail pour maintenir la stabilité de l’avion », a souligné Mayman lors d’une interview accordée à la BBC.
Piloté à distance ou en mode autonome, ce VTOL peut répondre à de nombreuses situations d’urgence, y compris la lutte contre les incendies. Il peut en effet être équipé de réservoirs à chargement rapide, contenant du retardant, qu’il peut ensuite épandre sur le terrain ciblé. Le P2 peut aussi s’avérer très utile en cas d’évacuation sanitaire d’urgence : il peut atteindre des endroits difficiles d’accès et assurer un transport rapide vers l’hôpital. Ce type de véhicule peut également répondre aux besoins de l’industrie de l’énergie offshore.
Premiers vols d’essai prévus pour le 3e trimestre
Dans sa configuration cargo autonome, le P2 Speeder a la capacité de voler sur près de 650 km à 800 km/h, tout en transportant jusqu’à 450 kg de charge. Ces capacités et performances justifient le choix d’une propulsion par moteurs à réaction — qui est la seule technologie permettant de fournir la puissance nécessaire sans alourdir l’ensemble.
Le constructeur évoque par ailleurs la possibilité d’utiliser ce micro-Speeder sous forme d’essaim autonome — ce qui intéresse particulièrement les forces de l’ordre et militaires. Pour cette configuration en essaim, la société travaille sur de nouveaux capteurs, qui permettront à chaque unité de détecter les Speeders voisins et d’éviter les collisions.
Mayman Aerospace prévoit également d’intégrer de nouvelles technologies, notamment des moteurs à turbine à hydrogène, ou encore une propulsion par turboréacteurs. Le PDG a même évoqué le vol supersonique. En attendant, la société travaille avec la FAA pour faire certifier son Speeder ; des vols d’essai en mode télécommandés sont prévus pour le troisième trimestre de cette année, tandis que les essais pilotés sont programmés pour la fin de l’année.
Si tout se passe comme prévu, le Speeder pourrait être disponible à la vente fin 2024 ou 2025, bien que l’armée puisse commencer à le faire voler plus tôt, selon Mayman. La société a indiqué qu’elle était actuellement en discussion avancée avec des clients potentiels dans les secteurs de la défense nationale, du fret critique, de la lutte contre les incendies de forêt et des secours en cas de catastrophe.