Médicaments contre l’obésité : une rechute pondérale dès 2 mois après l’arrêt, révélée par une méta-analyse

Le regain de poids se poursuit pendant 20 semaines avant de stagner vers la 52e semaine.

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Une méta-analyse regroupant onze essais cliniques randomisés suggère que les médicaments couramment prescrits contre l’obésité, tels qu’Ozempic et Wegovy, sont associés à une reprise de poids à partir de la huitième semaine suivant l’arrêt du traitement. Si le regain de poids varie selon le médicament, cette tendance, généralisée après la fin du traitement, se poursuit jusqu’à environ la vingtième semaine, avant de se stabiliser progressivement avec une stagnation observée vers la 52ᵉ semaine.

L’obésité constitue un enjeu de santé publique à l’échelle mondiale. En 2020, quelque 2,2 milliards d’adultes souffraient de surpoids ou d’obésité, un chiffre qui pourrait atteindre 3,3 milliards d’ici 2035. De nombreuses études ont également établi que l’excès de poids représente un facteur de risque significatif pour plusieurs pathologies, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 ou certains cancers.

Les recommandations en matière de prévention et de prise en charge de l’obésité s’appuient principalement sur des thérapies comportementales, encourageant une alimentation équilibrée et une activité physique régulière. Les traitements médicamenteux et les interventions chirurgicales sont envisagés en second recours, notamment lorsque les méthodes non pharmacologiques s’avèrent insuffisantes.

Actuellement, six principaux médicaments sont approuvés pour lutter contre l’obésité : l’orlistat (Xenical ou Alli), la naltrexone-bupropion (Mysimba), le liraglutide (Victoza ou Saxenda), le sémaglutide (Ozempic et Wegovy), le tirzépatide (Mounjaro) et le phentermine-topiramate (Qsymia). Initialement développé pour le traitement du diabète de type 2, le peptide-1 analogue au glucagon (GLP-1) est aujourd’hui largement prescrit pour favoriser la perte de poids.

De récentes recherches ont néanmoins indiqué que l’arrêt de ces traitements pouvait être associé à une reprise de poids dans les mois qui suivent. En parallèle, plusieurs travaux ont rapporté que ce regain s’accompagnait d’une détérioration de certains marqueurs de la santé métabolique, tels que les taux de lipides plasmatiques, la tension artérielle, la glycémie à jeun ou la concentration d’insuline.

Cette association reste toutefois à nuancer, les données les plus robustes concernant la reprise de poids après traitement étant issues, jusqu’ici, d’études sur la chirurgie bariatrique ou les thérapies comportementales. La méta-analyse conduite par l’Hôpital populaire de l’Université de Pékin, en Chine, fournit de nouvelles données sur l’évolution pondérale à long terme après l’arrêt des traitements médicamenteux.

Un regain de poids jusqu’à 20 semaines après les traitements

La méta-analyse s’appuie sur onze études internationales examinant la variation pondérale des patients après l’interruption de leur traitement contre l’obésité. Les travaux ont été identifiés dans les bases de données PubMed, Medline, Embase, le registre des essais contrôlés du Centre Cochrane et sur Clinicaltrials.gov. Parmi les études analysées, six portaient sur les agonistes des récepteurs du GLP-1 (AR), une sur un agoniste combiné GLP-1/GIP, une sur l’orlistat, deux sur l’association phentermine-topiramate et une sur l’association naltrexone-bupropion.

Les chercheurs ont évalué la variation de poids à travers l’évolution du poids corporel et de l’indice de masse corporelle (IMC). Au total, 1 574 participants traités et 893 patients témoins ont été analysés et suivis pendant au moins quatre semaines après l’arrêt de leur traitement. L’analyse a également intégré plusieurs variables, telles que le type de médicament administré, la présence d’un diabète, ainsi que les modifications éventuelles du mode de vie, qu’il s’agisse du régime alimentaire ou de l’activité physique.

Les auteurs ont constaté que les médicaments induisaient une perte de poids significative durant le traitement. Toutefois, un phénomène de reprise pondérale a été observé à partir de la huitième semaine suivant l’arrêt, et ce, jusqu’à environ la vingtième semaine, avant que la courbe ne se stabilise progressivement vers la 52ᵉ semaine.

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Courbes de reprise de poids et de l’IMC après traitement avec les médicaments contre l’obésité. © Han Wu et al.

Et si le rythme de la reprise varie en fonction des traitements, la tendance reste constante dans l’ensemble des cas observés. Ainsi, les patients ayant suivi un traitement de 36 semaines au tirzépatide – un agoniste combiné GLP‑1/GIP – ont regagné près de la moitié du poids perdu après être passés sous placebo. C’est avec cette classe thérapeutique que les reprises de poids les plus marquées ont été relevées, en particulier douze semaines après l’arrêt du traitement.

Par ailleurs, plus la perte de poids initiale avait été importante, plus le rebond pondéral tendait à l’être également. Les auteurs soulignent toutefois que leur analyse n’intègre pas d’études portant sur les interventions en matière de mode de vie ou de chirurgie bariatrique, ce qui limite la portée comparative de leurs résultats. « Des études avec un suivi plus long sont nécessaires pour étudier plus en détail les facteurs potentiellement associés à la variation pondérale après l’arrêt du traitement », concluent-ils dans leur article publié dans la revue BMC Medicine.

Source : BMC Medicine
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