La « méthode des loci », aussi appelée « méthode des lieux » ou encore « palais de la mémoire », qui fut notamment utilisée et valorisée par les anciens Grecs, permet à des personnes initialement dotées de capacités de mémorisation « normales », d’atteindre des performances dignes d’un génie de la mémorisation. Et ce avec seulement un peu « d’entraînement ».
Une technique mnémonique anciennement décrite et exploitée par les Grecs ainsi que par d’autres populations d’Europe latine, a su montrer qu’elle n’a pas perdu de son charme. L’astuce, ou plutôt la méthode du palais de la mémoire, dont le but est d’aider à la mémorisation d’une série d’éléments en les plaçant mentalement dans des lieux physiques connus, permet avec un peu d’entraînement de doubler (voire plus) sa capacité de mémorisation à court et moyen terme.
Du moins, c’est ce que démontre une étude publiée dans la revue Neuron, selon laquelle nos capacités mnémoniques seraient en quelque sorte sous-exploitées.
La méthode du palais de la mémoire, ou méthode des loci (de locus, lieu) remonte à Simonide de Céos, un poète lyrique grec de 550 av. J.-C. Selon la tradition, un palais dans lequel il était au banquet s’effondra peu après que Simonide en soit sorti, faisant de lui le seul survivant. Reconnaître les convives défigurés sous les décombres était impossible, et le poète a apporté une contribution fondamentale en se rappelant où ils étaient assis avant la tragédie.
Dans les récits de Sir Arthur Conan Doyle, même Sherlock Holmes s’appuie sur cette technique pour se rappeler des détails utiles à ses enquêtes.
Il s’agit donc d’une méthode d’amélioration de la mémoire, qui prend appui sur la visualisation mentale d’éléments dans le but de se souvenir et organiser l’information. Plusieurs champions de concours de mémoire prétendent utiliser cette technique pour se souvenir des visages, des nombres et de listes de mots très longues. En effet, leur succès (pour la plupart) n’est pas vraiment dû à une structure cérébrale particulière ou à une intelligence innée et hors du commun, mais plutôt à l’utilisation intelligente et à l’implication atypique des différentes parties du cerveau contrôlant l’apprentissage spatial. Les régions cérébrales utilisées comprennent le lobe pariétal, le cortex rétrosplénial ainsi que l’hippocampe postérieur droit.
Des chercheurs de l’Université Radboud (Pays-Bas) et de l’Institut Max Planck de psychiatrie à Monaco, ont demandé à 23 des 50 meilleurs « mémorisateurs » sélectionnés à travers le monde, de se faire une projection mentale d’une liste de 72 noms, en 20 minutes. Les champions de la mémorisation ont pu se rappeler correctement, en moyenne, de 71 noms sur 72. Dans le cadre du même test, les volontaires « normaux » se souvenaient correctement de seulement 26 noms sur 72.
Par la suite, les volontaires du deuxième échantillon de test (non entraînés) se sont prêtés à une formation de six semaines, au cours de laquelle sur une base journalière, et ce pendant 30 minutes, ils se sont déplacés (physiquement) dans un endroit familier (par exemple, dans leur maison) en imaginant placer mentalement à des points de référence, les éléments à mémoriser.
Le but était également de créer une image mentale exagérée de ces éléments, étrange ou du moins inhabituelle, de sorte à s’en rappeler plus facilement (par exemple, pour se rappeler d’un avion : s’imaginer un immense avion vert fluo, qui vole à l’envers, avec des éléphants qui lui tournent autour). Après 40 jours d’exercice, les volontaires ont été soumis au test une nouvelle fois. Ils ont alors réussi à se souvenir correctement de 62 noms sur 72 en moyenne (contre 26 avant l’entraînement).
Le plus étonnant est que 4 mois après la mémorisation, ils ont réussi à se rappeler de 48 noms. Cela montre donc que cette technique permet d’augmenter également la capacité de mémorisation à moyen terme.
Les scientifiques ont aussi constaté que le cerveau des champions de la mémorisation, n’était pas anatomiquement différent de celui des volontaires avant leur entraînement, à un détail près : même au repos, c’est-à-dire sans aucun effort mental ou stimulation externe, les connexions neuronales des champions semblaient plus efficaces et plus nombreuses dans les régions impliquées dans les tâches mnémoniques.
Concernant le fonctionnement cérébral des volontaires après entraînement, les scientifiques ont pu constater qu’il semblait alors plus proche de celui des champions.
En résumé, il n’est bien entendu pas certain que n’importe quel individu puisse devenir un super mémorisateur, mais les techniques mnémotechniques comme la méthode du palais de la mémoire, pourraient aider à se souvenir, du moins à améliorer la capacité de mémorisation, d’éléments complexes et/ou nombreux.