Ces derniers mois, Meta (anciennement Facebook) a déposé de nombreuses demandes de brevets dans le domaine de la réalité virtuelle. On peut y lire une volonté affirmée de faire du métavers un lieu « sensible », mais aussi la possibilité d’une collecte de données encore plus massive qu’auparavant.
« Donner un sentiment de présence, comme si vous étiez là avec une autre personne, c’est le Saint Graal des expériences sociales en ligne ». C’est ce qu’a déclaré Mark Zuckerberg, directeur général de Meta, à la fin de l’année dernière, rappelle Business Insider dans un article où le média observe à la loupe les dernières demandes de brevets déposées par l’entreprise Meta. Assez logiquement, c’est donc largement vers ce sens de la « présence » que se dirigent les brevets en question.
L’idée est souvent de simuler une présence plus réaliste, à travers la retranscription des mouvements du corps, ou même des yeux. Il s’agit aussi de permettre aux utilisateurs de « sentir » leur environnement virtuel pour proposer des interactions et des sensations plus naturelles. Bien entendu, il ne s’agit que de brevets, et non de technologies réellement existantes. Les perspectives qu’ils laissent entrevoir dans le domaine de la VR sont toutefois de nature à attirer l’attention.
À titre d’exemple, une demande de brevet pour des gants haptiques qui simulent le sens du toucher par les mains a déjà été déposée. On y trouve également un système pour éviter les collisions en VR : en effet, le fait de pouvoir traverser une table ou un mur tout naturellement ne rend pas l’expérience très réaliste.
Détection acoustique et capteurs corporels
La « détection acoustique », elle, aurait pour but de faire émettre des sons aux objets et de mieux rendre l’impression d’être ensemble, par exemple lorsqu’on se rend avec des amis à un concert virtuel. L’un des brevets se focalise quant à lui sur une technologie qui permettrait de faciliter les déplacements dans des univers virtuels vastes lorsque l’on se trouve dans un espace réel restreint, via un système de « chemins » virtuels.
On trouve aussi évoquée, entre autres, la manipulation d’objets basée sur les gestes. Meta a d’ailleurs déjà commencé à implémenter la possibilité d’interagir uniquement avec ses mains et plus avec des manettes via l’Oculus. Les brevets vont encore plus loin en proposant des capteurs à porter sur tout le corps, ou encore un système de capteur magnétique à fixer sur le torse pour détecter les positions du corps.
C’est donc une bonne partie de notre anatomie, qu’il s’agisse des postures, des mouvements, ou encore des expressions faciales, qui serait scannée minutieusement par toutes ces technologies. « Chaque entreprise qui développe une technologie AR/VR essaie de créer des avatars photoréalistes qui peuvent interagir et qui ont également une faible latence », a déclaré à ce sujet Jeremy Bailenson, fondateur du Stanford University’s Virtual Human Interaction Lab. Certains brevets tendent même vers le fait de générer des vêtements réalistes en fonction de la personne, avec un mapping corporel, ou de personnaliser les avatars en fonction des traits réels de l’utilisateur.
Ces possibilités, qui peuvent fasciner, suscitent toutefois une inquiétude aiguë chez certains experts. Et pour cause : les brevets mentionnent déjà des possibilités de publicité personnalisée, mais font le silence sur les questions de confidentialité et de protection des données. « Pour Facebook, vos données sont leur produit », explique ainsi à Insider Owen Vaughan, directeur de la recherche chez nChain, une entreprise axée sur la sécurité et la confidentialité des données. « Créer un métavers apporte beaucoup plus de risques en termes de confidentialité et de sécurité ».
Pour lui, c’est dès maintenant, aux débuts de la conception du métavers, que ces questions devraient être traitées. « Cela pourrait être impossible à intégrer par la suite », avertit-il. « C’est très préoccupant que la sécurité et la confidentialité ne figurent pas dans les brevets. Ça devrait y figurer, et ça le pourrait ».