Près de cinq ans après l’apparition des premières informations sur la COVID-19, un autre virus en Chine suscite des échos inquiétants. Ce nouveau foyer d’infection, qui touche principalement les enfants selon les autorités locales, a ravivé les craintes d’une crise sanitaire mondiale. Cependant, le métapneumovirus humain (HMPV), responsable de cette recrudescence, est un virus bien connu. Bien que le risque d’une nouvelle pandémie soit faible, il représente une certaine menace pour les populations vulnérables, notamment les nourrissons.
Le HMPV appartient à la famille des paramyxovirus, comme le virus respiratoire syncytial (VRS). Doté d’un génome ARN codant neuf protéines virales, il a été identifié pour la première fois en 2001 par une équipe de chercheurs néerlandais. Des analyses d’échantillons plus anciens, datant des années 1950, ont cependant révélé la présence d’anticorps contre ce virus, suggérant qu’il circule depuis au moins six décennies.
« Le HMPV n’est pas un nouveau virus. Bien qu’il ait été isolé en 2001, il fait partie des nombreux agents pathogènes auxquels nous sommes exposés chaque hiver », a expliqué le professeur John Tregoning, immunologiste à l’Imperial College de Londres, dans un communiqué.
Des études antérieures, notamment celles menées par Susanna Esposito et Maria V. Mastrolia, ont confirmé que le HMPV est répandu dans le monde entier. En Australie, avant la pandémie de COVID-19, il était le troisième virus le plus fréquemment détecté parmi les adultes et les enfants vulnérables atteints d’infections respiratoires. Près de 100 % de la population aurait été exposée à ce virus au moins une fois avant l’âge de cinq ans.
Symptômes et complications
Le HMPV provoque des symptômes respiratoires similaires à ceux de la grippe : maux de gorge, fièvre, écoulement nasal, toux et éternuements. Chez la majorité des personnes infectées, les symptômes disparaissent en une à deux semaines. Cependant, chez les nourrissons, les personnes âgées ou celles souffrant de maladies chroniques comme l’asthme ou les troubles cardiaques, les complications peuvent être relativement graves, allant jusqu’à la bronchite ou la pneumonie.
Une étude italienne réalisée lors de la saison hivernale 2018-2019 a révélé que 12 % des patients infectés par le virus avaient nécessité une admission en soins intensifs. La même année, 11 000 décès liés au HMPV ont été enregistrés chez des enfants de moins de cinq ans dans le monde. La transmission du HMPV s’effectue principalement par contact avec des sécrétions respiratoires. Une fois dans l’organisme, le virus colonise les cellules épithéliales des voies respiratoires, se propageant rapidement à travers le tissu infecté.
Situation actuelle en Chine et ailleurs – et potentiel vaccin
À ce jour, aucun traitement antiviral spécifique contre le HMPV n’a été développé. Cependant, des efforts sont en cours pour mettre au point des vaccins. En juillet 2024, des chercheurs de l’Université d’Oxford ont lancé une étude de phase 1 pour tester deux vaccins expérimentaux ciblant à la fois le VRS et le HMPV.
Le HMPV suit un cycle saisonnier, notamment dans les régions où l’hiver est prolongé. En Chine, les autorités sanitaires ont émis des alertes dès 2023, prévoyant une hausse des cas pendant la saison froide. Récemment, Kan Biao, directeur de l’Institut chinois des maladies infectieuses, a confirmé une augmentation des infections dans le nord du pays, particulièrement chez les enfants. Selon le spécialiste, ce phénomène reflète une saison particulièrement sévère, comparable à certaines flambées de grippe.
« À ce stade, il est probable que la Chine connaisse une mauvaise saison de virus HMPV, de la même manière que certaines années nous connaissons une saison de grippe écrasante », a déclaré à Euronews le Dr Sanjaya Senanayake, spécialiste des maladies infectieuses à l’Université nationale australienne.
Depuis fin 2024, en Inde, des cas ont également été signalés dans plusieurs États, notamment Karnataka, Gujarat, Maharashtra et Tamil Nadu. Au Royaume-Uni, le taux de positivité des tests pour le HMPV atteignait 4,53 % en décembre.
Malgré l’inquiétude, la présence d’anticorps dans une grande partie de la population et l’absence de flambées pandémiques dans le passé suggèrent que le HMPV ne constitue pas une menace majeure à l’échelle mondiale. Toutefois, il reste impératif de surveiller son évolution, notamment en raison de son impact potentiel sur les populations les plus fragiles.