Une petite roche noire a traversé le toit d’une maison familiale de Hopewell Township, dans le New Jersey, pendant la pluie de météores des Êta aquarides — une pluie associée à la comète de Halley, qui se produit de la fin avril à la fin mai. Personne ne se trouvant dans la maison à ce moment-là, l’événement n’a causé aucun blessé. Les experts examinent de près cette météorite, qui pourrait être âgée de 4 à 5 milliards d’années.
La roche, d’environ 10 cm sur 15 cm, a atterri ce lundi 8 mai, vers 13 heures EDT, traversant le toit et atterrissant dans une chambre à coucher de la famille Kop. D’après les dégâts occasionnés, elle a vraisemblablement frappé le sol, ricoché au plafond, puis s’est immobilisée dans un coin de la pièce. Bien que personne n’ait été présent à ce moment-là, des secouristes sont venus vérifier l’état de santé des membres de la famille. « Ils craignaient que la roche ne soit radioactive, parce qu’elle était tombée du ciel, et que nous ayons des résidus sur nous », a relaté Mme Kop à CBS News.
Des météores pénètrent constamment dans notre atmosphère, mais la plupart d’entre eux se consument avant de toucher le sol. « Le fait [qu’une roche] frappe une maison et que les gens puissent la ramasser est vraiment inhabituel et ne s’est produit que très peu de fois dans l’histoire », a déclaré à la chaîne d’information Derrick Pitts, astronome en chef à l’Institut Franklin de Philadelphie. Ses collègues et lui analysent actuellement cette roche métallique afin de confirmer son origine. Il est probable qu’elle provienne de la pluie des Êta aquarides, dont le maximum d’activité se situe chaque année autour du 5 mai.
Un vestige du début du système solaire
Les Êta aquarides ne sont pas aussi spectaculaires que les autres pluies annuelles, mais à son apogée, cette pluie peut produire des centaines d’étoiles filantes par heure. Ces débris de roche — qui sont également à l’origine des Orionides apparaissant en octobre — correspondent aux matériaux laissés par la comète de Halley sur son orbite lors de ses différents passages autour du Soleil (la Terre traverse cet essaim météoritique deux fois par an). Derrick Pitts estime que cette roche pourrait être âgée de quatre à cinq milliards d’années, soit aussi âgée que notre système solaire.
Bien que la plupart des météorites tombent dans de vastes régions inhabitées (océans, déserts ou jungles), ce n’est pas la première fois qu’une météorite cause des dommages matériels. En septembre 2015, une météorite de 712 grammes voyageant à 87 m/s s’est écrasée sur une maison à San Carlos, en Uruguay, détruisant un cadre de lit en bois et un téléviseur. Il s’agissait de la première météorite uruguayenne à être confirmée et l’événement a fait l’objet d’un article dans Planetary and Space Science en 2019.
En octobre 2021, une femme de la ville de Golden, en Colombie-Britannique (Canada), a été réveillée en pleine nuit par une violente explosion : elle a découvert un énorme trou au plafond de sa chambre, ainsi qu’un morceau de roche noire sur son oreiller !
Le 5 novembre 2022, en Californie, c’est une maison tout entière qui aurait été incendiée suite à l’impact d’une météorite — plusieurs témoins ayant relaté avoir aperçu une boule de feu traverser le ciel juste au-dessus de la maison. L’événement est survenu pendant la pluie des Taurides — un essaim météoritique associé à la comète de Encke, observé de la fin octobre au début novembre. Le pic de cette pluie a été détecté les 4 et 5 novembre, ce qui correspond à la date d’observation de ladite boule de feu.
La cause de cet incendie reste néanmoins à confirmer : il n’est pas certain que la température de la météorite ait suffi à le déclencher. « Au cours de la dernière partie en chute libre de leur vol, les météorites subissent très peu d’échauffement par frottement et atteignent probablement le sol à une température légèrement supérieure à la température ambiante », explique l’American Meteor Society.
Des explosions causant de sérieux dégâts matériels
À ce jour, aucun humain n’a jamais été tué par une météorite et une seule personne aurait été directement touchée : il s’agit d’une femme, en Alabama, qui en 1954, a été frappée par une roche spatiale de 3,8 kg qui a traversé le toit de sa maison avant de heurter sa jambe.
Les météores qui explosent près du sol peuvent eux aussi causer énormément de dégâts. L’événement le plus marquant — et qui a causé le plus de blessures indirectes — reste l’événement de Tcheliabinsk, survenu le matin du 15 février 2013. Un météore d’un diamètre estimé à 18 mètres est entré dans l’atmosphère terrestre et a explosé à environ 30 kilomètres au-dessus de la ville. L’explosion a libéré l’équivalent énergétique d’environ 440 000 tonnes de TNT et a généré une onde de choc qui a soufflé des fenêtres sur plus de 500 km2 et endommagé de nombreux bâtiments. Plus de 1600 personnes ont été blessées, principalement à cause des bris de verre.
Le 18 décembre 2018, un météore de plusieurs mètres de diamètre a explosé à environ 25 km au-dessus de la mer de Béring, au large de la péninsule russe du Kamtchatka, libérant autant d’énergie que dix bombes atomiques d’Hiroshima. Fort heureusement, étant donné la localisation de l’explosion, celle-ci n’a pas eu de conséquences dramatiques. Le 1er février 2019, un météore — nettement plus petit que le superbolide de Tcheliabinsk — a explosé au-dessus de l’ouest de Cuba. Des milliers de personnes ont été témoins du spectacle. Plusieurs fragments de l’objet sont tombés au sol, le plus gros mesurant entre 20 et 30 centimètres, mais n’ont causé que des dégâts mineurs.
Ces différents événements sont un rappel du danger que peut représenter la chute de roches spatiales pour la Terre et ses habitants. Selon l’American Meteor Society, environ 10 à 50 chutes de météorites se produisent chaque jour sur notre planète. Par chance, les océans couvrent près de 71% de la surface du globe. Statistiquement, les météorites tombant en zone habitée sont donc rares. Mais le risque n’étant pas nul, les experts surveillent attentivement le ciel et suivent de près les objets géocroiseurs.
La plupart des gros objets (dont le diamètre est supérieur à 1 km) sont désormais connus, mais la menace vient surtout des objets plus petits, de plus de 140 mètres de diamètre, qui sont plus difficiles à recenser. La mission NEO Surveyor, dont le lancement est prévu au plus tard en juin 2028, devrait aider à combler cette lacune.