Le 28 février 2021, une météorite s’est écrasée à Winchcombe, au Royaume-Uni, illuminant le ciel du Gloucestershire. Depuis, l’objet de 300 grammes est minutieusement étudié par plusieurs équipes de recherche, dont l’une d’entre elles a fait une découverte enthousiasmante : la roche spatiale remonterait au début du Système solaire, il y a 4,5 milliards d’années. De ce fait, elle pourrait renfermer certains secrets concernant les origines des océans et de la vie sur Terre.
La météorite de Winchcombe, du nom de la ville du Gloucestershire où elle a atterri, est un type de roche spatiale extrêmement rare appelé chondrite carbonée. Elle a maintenant été officiellement classée, en partie grâce aux études sur l’échantillon financées par le Science and Technology Facilities Council (STFC).
Il s’agit d’une météorite pierreuse (des météorites constituées principalement de silicates), riche en eau et en matière organique, qui a conservé sa chimie depuis la formation du Système solaire. Les analyses initiales montrant que Winchcombe appartient au groupe de chondrites carbonées CM (« Mighei-like ») ont été officiellement approuvées par la Meteoritical Society.
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Chondrites carbonées : les plus anciennes roches du Système solaire
Le Natural History Museum de Londres a pu investir dans des installations de conservation de pointe, grâce au financement du STFC, pour préserver la météorite. Suite à cela, de nombreuses analyses minéralogiques et organiques ont été effectuées dans des laboratoires spécialisés de plusieurs grandes institutions britanniques.
Les chondrites carbonées sont particulièrement intéressantes, car elles sont les roches les plus primitives du Système solaire. « Winchcombe est la première météorite à être récupérée au Royaume-Uni depuis 30 ans et la toute première chondrite carbonée du pays. Le financement du STFC nous aide à saisir cette occasion unique de découvrir les origines de l’eau et de la vie sur Terre. Nous avons ainsi pu investir dans des équipements de pointe qui ont contribué à notre analyse et à notre recherche sur la météorite de Winchcombe », a déclaré le Dr Ashley King, du département des sciences de la terre du Natural History Museum de Londres.
La météorite a été localisée à l’aide d’images et de séquences vidéo provenant de l’UK Fireball Alliance (UKFAll), une collaboration entre les réseaux de caméras météorologiques du Royaume-Uni qui comprend l’UK Fireball Network, financé par le STFC. Les fragments ont ensuite été rapidement localisés et récupérés. Depuis la découverte, les scientifiques britanniques ont étudié Winchcombe pour comprendre sa minéralogie et sa chimie afin d’en savoir plus sur la formation du Système solaire.
« Pouvoir étudier Winchcombe est un rêve devenu réalité. Beaucoup d’entre nous ont passé toute leur carrière à étudier ce type de météorite rare. Nous participons également aux missions Hayabusa2 de la JAXA et OSIRIS-REx de la NASA, qui visent à ramener sur Terre des échantillons vierges d’astéroïdes carbonés. Qu’une météorite de chondrite carbonée tombe au Royaume-Uni, qu’elle soit récupérée si rapidement et que son orbite soit connue, est un événement vraiment spécial et une opportunité fantastique pour la communauté scientifique planétaire britannique », a déclaré le Dr Luke Daly, de l’Université de Glasgow et co-responsable de l’UK Fireball Network.
Une récupération rapide ayant évité une forte contamination
Les chercheurs ont pu ainsi commencer rapidement la recherche de signes d’eau et de matières organiques au sein de la météorite, avant qu’elle ne soit contaminée par l’environnement terrestre. « Les analyses préliminaires des équipes confirment que Winchcombe contient un large éventail de matières organiques ! L’étude de la météorite quelques semaines seulement après sa chute, avant toute contamination terrestre significative, signifie que nous sommes vraiment en train de jeter un coup d’œil dans le passé sur les ingrédients présents à la naissance du Système solaire, et d’apprendre comment ils se sont assemblés pour former des planètes comme la Terre », a déclaré le Dr Queenie Chan, de l’Université de Londres.
Une petite partie du contenu organique de la météorite est présente sous forme de molécules libres qui peuvent être extraites à l’aide de solvants. Cependant, la plus grande partie est présente sous la forme d’un grand réseau organique qui nécessite de la chaleur et de l’hydrogène pour être brisé en petits fragments, qui peuvent alors être étudiés. Un morceau de la météorite de Winchcombe, récupéré lors d’une recherche organisée par la communauté scientifique britannique, est désormais exposé au Natural History Museum de Londres.