Meurtre de Brian Thompson : le principal suspect, en colère contre le système de santé américain, souffrait de douleurs chroniques

Meurtre de Brian Thompson le suspect inculpé en colère contre le système de santé américain souffrait de problème de dos
Luigi Mangione. | Benjamin B. Braun Pittsburgh/ Associated Press
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Brian Thompson, 50 ans, PDG de la compagnie d’assurance maladie américaine United Healthcare (UHC), a été assassiné le matin du 4 décembre près de l’hôtel Hilton à Manhattan. Depuis ce meurtre prémédité, les autorités se sont mobilisées pour trouver le coupable. La chasse à l’homme de plusieurs jours a pris fin lundi 9 décembre, avec l’arrestation de Luigi Mangione, premier suspect dans l’affaire. L’auteur présumé du crime aurait été motivé par une colère contre le système de santé américain privatisé, selon les éléments de preuve recueillis jusqu’à présent.

Après avoir analysé les enregistrements des caméras de surveillance se situant à l’intérieur et aux alentours de l’hôtel Hilton, le département de police de la ville de New York a partagé les images de l’homme recherché dans le cadre de l’enquête sur le meurtre de Brian Thompson. Quelques jours après que les images ont été rendues publiques, un employé d’un McDonald’s d’Altoona, en Pennsylvanie, a contacté les autorités en disant avoir reconnu le suspect, un homme de 26 ans identifié comme étant Luigi Mangione.

Selon les autorités, Mangione portait sur lui une fausse carte d’identité du New Jersey, correspondant à celle qu’il a utilisée pour s’enregistrer à New York, dans une auberge de jeunesse où il séjournait avant la fusillade. Un document manuscrit de trois pages était en possession de Mangione au moment de son arrestation au McDonald’s d’Altoona. Selon un responsable de la police interrogé par CNN, il comprenait les phrases « ces parasites l’avaient bien mérité » et « Je m’excuse pour tout conflit et tout traumatisme, mais il fallait le faire ». Ces mots traduisent une frustration à l’égard du système de santé du pays.

Avec ces pièces à conviction, ainsi que les douilles récupérées sur la scène du crime, gravées des mots « nier », « défendre » et « déposer », les autorités commencent tout juste à comprendre les motivations derrière ce meurtre. À l’heure actuelle, il reste encore à déterminer si le suspect a obtenu un refus suite à une demande de couverture par la compagnie d’assurance de Thompson, ce qui pourrait être un mobile potentiel. En effet, il souffrait de spondylolisthésis (déplacement partiel d’un os dans le bas du dos) et, son état s’étant aggravé, il a subi une opération plus tôt cette année. D’ailleurs, sur son compte X, il a publié une image montrant la radiographie d’une colonne vertébrale avec du matériel stabilisateur fixé sur cette dernière.

Le suspect, Luigi Mangione
Photo de Luigi Mangione fournie par le département de police d’Altoona.

Un jeune homme prometteur, apparemment sans histoire

Mangione est issu d’une famille italo-américaine aisée de Baltimore. Selon le journal local Baltimore Banner, ils possèdent le Hayfields Country Club ainsi que de nombreuses entreprises, une maison de retraite et une station de radio. Mangione a toujours été un élève brillant. Il a été major lorsqu’il a fréquenté l’école Gilman, mais excellait aussi au lycée, où il a obtenu son diplôme en 2016. Quatre ans plus tard, Mangione a obtenu une maîtrise en informatique à l’Université de Pennsylvanie. « On ne pensait pas qu’une personne privilégiée ou aisée, issue d’une famille connue pour faire tant pour la communauté, pouvait faire quelque chose comme ça », a déclaré à la BBC Thomas Maronick, avocat de la défense qui connaît la famille Mangione.

Après avoir obtenu son diplôme universitaire, Mangione a travaillé en tant qu’ingénieur informatique pour TrueCar avant de déménager à Hawaï en 2022. Selon RJ Martin, un ancien colocataire de Mangione à Honolulu, il a aidé à diriger un club de lecture et a également suivi une leçon de surf. Cependant, un accident est survenu peu de temps après, ce qui l’a obligé à rester alité pendant une semaine. Toujours d’après Martin, Mangione a été « terrifié par les conséquences ». « Il savait qu’il n’était pas possible de sortir avec quelqu’un et d’avoir des relations sexuelles à cause de son problème de dos. Je me souviens qu’il m’a dit ça, et ça m’a brisé le cœur », a confié Martin au New York Times.

Toutefois, bien que les déclarations de Martin laissent penser que Mangione ne nourrissait pas de rancune apparente, les preuves qui s’accumulent contre lui sont liées à ses douleurs chroniques du dos et sa colère contre le système de santé actuel, des indices de son implication. D’ailleurs, d’après les enquêteurs, en 2022, Mangione a consulté des documents sur la gestion des douleurs au dos depuis son compte Goodreads. En janvier, il a attribué quatre étoiles à un texte de Theodore Kaczynski, ancien militant d’Unabomber, intitulé « Industrial Society and Its Future ». Dans son compte-rendu, Mangione a décrit Kaczynski comme étant un « révolutionnaire politique ».

Mangione fait face à plusieurs chefs d’accusation en Pennsylvanie, notamment pour possession illégale d’armes et usage de faux. Accusé du meurtre de Brian Thompson, il devra également répondre de ses actes devant la justice new-yorkaise. Contestant son transfert, ses avocats disposent de 14 jours pour présenter leurs arguments.

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