Un jalon majeur dans notre histoire : nous serons officiellement huit milliards d’ici la mi-novembre. D’après un rapport des Nations Unies, de nombreux facteurs tels que les progrès de la médecine, engendreront une croissance démographique exponentielle, qui devrait atteindre un pic de 10,4 milliards dans 60 ans. L’Inde détrônera alors la Chine en tant que pays le plus peuplé au monde. Dans son message à l’occasion de la journée mondiale de la population, le 11 juillet dernier, le secrétaire général de l’ONU semble optimiste dans ses prévisions pour un avenir plus durable et équitable. Mais dans un monde en pleine crise climatique, où les inégalités sociales et les conflits ravagent des sociétés entières, qu’impliquera une telle croissance démographique ?
D’après les prévisions de l’ONU, la Terre comptera 8,5 milliards d’êtres humains d’ici 2030 et 9,7 milliards en 2050. Plus de la moitié de cette croissance concerne seulement huit pays, dont la plupart se trouvent en Afrique subsaharienne. Pour la première fois depuis 1950, le taux de croissance démographique mondiale a baissé de 1% pendant le début de la crise COVID, en 2020. Mais passé cette année, les chiffres ont augmenté de plus belle.
Aujourd’hui, la population mondiale est composée de 50,3% d’hommes, mais d’ici 2050, ce chiffre diminuera pour atteindre l’égalité presque parfaite. Par ailleurs, bien que 61 pays connaîtront une diminution relative de leur démographie, d’autres comme la RDC, le Nigeria ou le Pakistan, verront une importante croissance entre 2022 et 2050.
Facteurs en cause
Cette croissance démographique presque exponentielle est en partie engendrée par la baisse de la mortalité, due aux progrès de la médecine. L’espérance de vie mondiale a notamment augmenté de neuf ans depuis les années 90, passant de 72,8 ans en moyenne à 77,2 ans d’ici 2050. L’espérance de vie des femmes a d’ailleurs augmenté de 5,4 ans dans le monde, et plus encore (7 ans) dans certaines régions telles que l’Amérique latine.
L’augmentation de la fécondité figure également en tant que cause principale de la croissance démographique. En 2021, la fécondité moyenne dans le monde a atteint 2,3 naissances par femme. Dans les pays en voie de développement, les taux de naissance peuvent atteindre des chiffres très élevés, malgré une économie précaire. Cela pourrait aussi être dû à un manque de maîtrise des politiques de natalité, mais aussi à l’inaccessibilité de l’éducation sur le planning familial et des moyens de contraception.
Dans d’autres pays, comme la Chine, la fécondité aurait tendance à baisser, notamment en raison de lois très strictes concernant la reproduction. À l’instar du Japon, la population chinoise a tendance à vieillir, et traversera probablement une crise démographique majeure.
Cependant, la démographie mondiale continuera à croître, et cela même si la fécondité dans les pays à forte natalité d’aujourd’hui tombera à environ deux naissances par femme. Cette augmentation de la population serait notamment stimulée par l’application de la dynamique de croissance des générations précédentes, sur des populations plus jeunes.
Un avenir incertain
Les Nations Unies semblent optimistes quant à l’avenir que réserve une croissance démographique, que d’autres pourraient trouver alarmante. Prenant les choses du bon côté, dans un communiqué publié à l’occasion de la journée mondiale de la population, António Guterres, secrétaire général de l’ONU, a déclaré : « C’est l’occasion de célébrer notre diversité, de reconnaître notre humanité commune et de nous émerveiller devant les progrès de la santé qui ont prolongé la durée de vie et réduit considérablement les taux de mortalité maternelle et infantile ».
Toutefois, le diplomate souligne la nécessité des efforts conjoints sur la préservation de la planète. Nous vivons en effet une crise climatique majeure, en plus des conflits et des urgences humanitaires à travers le monde. Toutes ces pressions risquent fort de devenir toujours plus pesantes, sans gestion pérenne des ressources. De plus, dans les pays où une croissance démographique accélérée se maintiennent, la mise en place de politiques de développement durable et inclusif reste encore un véritable défi.
« C’est un rappel de notre responsabilité partagée de prendre soin de notre planète et un moment pour réfléchir sur les points où nous ne respectons toujours pas nos engagements les uns envers les autres », indique Guterres. Mais sans politiques fermes et sans efforts de solidarité, l’avenir d’une population en constante croissance reste très incertain.