Le COVID long, la forme de la maladie où les symptômes comme la fatigue et l’essoufflement (pour n’en citer que quelques-uns) persistent jusqu’à plusieurs semaines ou mois après l’infection, fait désormais l’objet d’études approfondies. L’une de ces dernières, publiée en préimpression sur le serveur bioRxiv, suggère que des anomalies pulmonaires microscopiques seraient à l’origine de l’essoufflement persistant des patients. Ces altérations ne seraient apparemment pas détectées lors des tests de routine (dont la tomodensitométrie).
La COVID-19, peut-être la maladie la plus médiatisée et communiquée de l’histoire, soulève encore beaucoup de questions. Parmi ces dernières, le COVID long est particulièrement ciblé. Et comme les symptômes perdurent parfois jusqu’à plusieurs mois (voire années) après l’infection, on pourrait souvent le confondre avec une réinfection. Un véritable casse-tête, autant pour le médecin traitant que pour le patient.
Plusieurs études ont déjà révélé que la persistance des symptômes serait probablement d’origine auto-immune. La Covid stresserait tellement l’organisme, que le système immunitaire réagit de façon exacerbée, en attaquant certaines cellules saines, ce qui peut provoquer des symptômes sous-jacents de longue durée, comme l’essoufflement ou des troubles neurologiques.
Des chercheurs britanniques, auteurs de l’étude préliminaire sur la persistance des essoufflements liés au Covid long, ont peut-être pour la première fois révélé leur origine physiologique. Il s’agirait de microlésions pulmonaires qui pourraient altérer les fonctions globales et sous-jacentes.
Selon le Dr Emily Fraser, consultante dans les hôpitaux universitaires d’Oxford et co-auteure de l’étude, il s’agit de la première étude à démontrer des anomalies pulmonaires chez les personnes atteintes du Covid long et qui sont essoufflées. « Cela suggère que le virus provoque une sorte d’anomalie persistante dans la microstructure des poumons ou dans le système vasculaire pulmonaire », déclare-t-elle à The Guardian.
Des résultats révélés par le xénon
Bien que les chercheurs anglais estiment que plus de recherches sont nécessaires pour faire précisément le lien entre les microlésions et l’essoufflement, des tests avec du xénon ont déjà fourni quelques éléments de preuve. Le groupe de scientifiques a ainsi regroupé 400 participants divisés en trois groupes. Le premier incluait des patients diagnostiqués avec un Covid long et qui avaient des tomodensitogrammes normaux. Le deuxième comprenait des personnes qui avaient été hospitalisées pour Covid plus de trois mois auparavant et ne souffrant pas de Covid long. Et enfin, un groupe témoin en bonne santé.
Ces groupes pilotes ont ensuite effectué des tomodensitogrammes après avoir inhalé du xénon. Ainsi, la fonction pulmonaire a pu être estimée en mesurant la quantité de gaz dans la circulation pulmonaire et sanguine. Ce qui permet une estimation beaucoup plus précise, contrairement à un tomodensitogramme, qui ne montre que la structure des organes.
Les premiers résultats ont alors montré que les échanges gazeux entre les poumons et la circulation sanguine sont significativement anormaux chez le groupe de patients atteints de Covid long. Cette anomalie est présente même avec des tomodensitogrammes et autres tests standards normaux. Des altérations similaires ont été détectées chez des patients Covid qui avaient été hospitalisés pour des formes plus graves.
« Ces patients n’ont jamais été hospitalisés et n’avaient pas de formes graves lorsqu’ils sont tombés malades », confirme le Pr Fergus Gleeson, radiologue à la fondation NHS des hôpitaux universitaires d’Oxford et chercheur en chef de l’étude. « Certains d’entre eux ressentent ces symptômes encore un an après avoir contracté la Covid-19 », ajoute-t-il.
Une précieuse piste pour de potentiels traitements
Comprendre la façon dont les anomalies apparentes sont liées à l’essoufflement est une piste intéressante pour les malades de COVID long. À terme, les résultats des recherches déboucheront peut-être sur de potentiels traitements. « Nous devons vraiment attendre l’achèvement de l’étude pour savoir si ces premiers résultats sont robustes, et si oui, dans quelle mesure ils s’expliquent et quelles sont les ramifications en matière de traitements potentiels », déclare Claire Steves, maître de conférences clinique au King’s College de Londres et qui a commenté l’étude.
La prochaine étape pour le groupe de recherche du Pr Gleeson sera donc d’étudier les patients atteints de Covid long et qui ont des scanners anormaux. Ce qui aidera peut-être à clarifier l’importance des anomalies pulmonaires et voir si elles s’améliorent avec le temps.
Le Dr Fraser tenait également à souligner l’importance des rééducations respiratoires. D’après la scientifique, les programmes de réadaptation respiratoire sont très utiles et la présence de lésions pulmonaires ne devrait pas être un prétexte pour décourager un patient d’en bénéficier.