La quête de l’éternelle jeunesse serait-elle sur le point de trouver son aboutissement ? Grâce notamment à l’évolution rapide de l’intelligence artificielle et de la biotechnologie, la perspective de développer des comprimés anti-âge devient peu à peu tangible. Quelques milliardaires financent déjà des recherches visant à freiner (voire inverser) le processus de vieillissement. Pourtant, certains estiment que si de tels comprimés voient le jour, ils ne seraient accessibles qu’aux plus fortunés, exacerbant ainsi les inégalités mondiales.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), près de 100 000 personnes décèdent chaque jour de maladies liées à l’âge, telles qu’Alzheimer et les maladies cardiovasculaires. Les causes exactes du vieillissement restent encore relativement mal comprises, ce qui explique l’absence de traitements réellement efficaces à ce jour. Certains scientifiques pensent que les mitochondries, en produisant des composés instables, sont au cœur du processus de vieillissement, tandis que d’autres pointent du doigt les cellules sénescentes, mal éliminées par l’organisme.
Malgré cela, les institutions spécialisées, dont le National Institutes of Health (NIH), concentrent leurs efforts sur le traitement des maladies plutôt que sur l’extension de la durée de vie. Cependant, une étude notable de 2013, menée par des chercheurs de l’USC, de Columbia, de Harvard et de l’Université de l’Illinois, a montré que retarder le vieillissement est un objectif réaliste. Les chercheurs de l’étude estiment que cet investissement pourrait avoir un impact majeur sur l’espérance de vie, surpassant les bénéfices des recherches axées uniquement sur les maladies liées à l’âge, car il permettrait de réduire simultanément plusieurs facteurs de risque associés au vieillissement.
Dans leur étude, publiée dans la revue National Library of Medicine, ils affirment que « retarder le vieillissement pourrait accroître l’espérance de vie de 2,2 années supplémentaires ». Ils ajoutent que d’ici 2060, cet investissement pourrait augmenter de 11 millions le nombre de personnes âgées en bonne santé.
Investissements dans les pilules anti-âge
Des milliardaires à travers le monde ont pris conscience de l’importance des recherches anti-âge et ont décidé de les financer. Parmi eux, Jeff Bezos, PDG d’Amazon, a investi trois milliards de dollars dans Altos Labs, qu’il a cofondé avec Yuri Milner en 2021. Cette startup a attiré des scientifiques renommés qui travaillent désormais sur la reprogrammation cellulaire dans le but d’inverser le vieillissement.
Peter Thiel, cofondateur de PayPal, fait également partie de cette liste. Il a fait don de plusieurs millions de dollars à SENS (Strategies for Engineered Negligible Senescence) Research Foundation, spécialisée dans la recherche contre le vieillissement. Il soutient aussi la Methuselah Foundation, une organisation à but non lucratif dont l’objectif est de « faire de 90 ans le nouveau 50 d’ici 2030 ». Cette fondation se concentre sur le développement de technologies permettant de produire des organes, des os et des vaisseaux sanguins de remplacement, tout en explorant l’épigénétique et la restauration cognitive et physique.
En avril 2023, Sam Altman, PDG d’OpenAI, a financé Retro BioScience à hauteur de 180 millions de dollars. Cette startup, similaire à Altos Labs, se consacre à la reprogrammation cellulaire avec pour objectif d’allonger la vie humaine d’au moins 10 ans. De son côté, Sergey Brin, cofondateur de Google, a fait un don de 125 millions de dollars à la Fondation Michael J. Fox, dédiée à la recherche sur la maladie de Parkinson, et a accordé un financement de 7 millions de dollars à l’Institut Parkinson.
« Ce n’est qu’une question de temps avant que des médicaments prolongeant la vie ne deviennent accessibles à ceux qui peuvent se les permettre », a déclaré Phil Cleary au New York Post. Le fondateur de SmartWater Group suggère que ces traitements pourraient profiter aux patients atteints de cancer en phase terminale, bien que leur coût resterait prohibitif.
Cleary souligne que les magnats de la Silicon Valley devraient plutôt investir pour aider les cinq millions d’enfants qui souffrent de malnutrition chaque année dans le monde. « Assurer la survie des enfants jusqu’à leur majorité est sans doute plus important pour l’humanité que de prolonger la vie de quelques privilégiés qui ont déjà eu la chance de voir le monde, d’avoir leurs propres enfants et de réaliser leurs ambitions », conclut-il.