Découvert en 1908 en Tunisie dans les tissus d’un rongeur sauvage, Toxoplasma gondii est un parasite intracellulaire agent de la toxoplasmose, transmis par les déjections félines et les aliments contaminés. Faisant partie des parasitoses les plus répandues (un tiers de la population mondiale serait infectée par T. gondii), la prévalence de la toxoplasmose chez les humains est variable ; cette dernière était souvent bénigne pour des individus en bonne santé mais potentiellement dangereuse pour des personnes immunodéprimées. Récemment, des chercheurs ont révélé un lien entre une infection à T. gondii et un risque plus élevé de gliome, un type agressif de cancer cérébral. Si ces résultats sont confirmés, une réduction de l’exposition au parasite pourrait offrir un moyen de prévention contre le gliome.
Le parasite Toxoplasma gondii, qui se reproduit chez les chats et se propage le plus souvent à l’Homme par la viande crue, peut augmenter le risque de cancer du cerveau chez les humains, suggère une nouvelle étude publiée dans la revue International Journal of Cancer. Les chercheurs ont découvert un lien entre la présence d’anticorps contre T. gondii dans le sang des personnes, indiquant une exposition antérieure au parasite, et le développement d’un gliome, le type le plus courant de cancer du cerveau, plusieurs années plus tard.
Les résultats suggèrent que les personnes plus exposées au parasite T. gondii sont plus susceptibles de développer un gliome. Cependant, Anna Coghill, cancérologue au Moffitt Cancer Center Tampa, avertit que les résultats actuels « doivent être reproduits dans un groupe d’individus plus large et plus diversifié » et que le risque global de la personne moyenne de développer un gliome au cours de sa vie reste faible.
De plus, la présente étude ne peut pas prouver une relation de cause à effet. « Cela ne signifie pas que T. gondii provoque systématiquement un gliome dans toutes les situations. Certaines personnes atteintes de gliome n’ont pas d’anticorps contre T. gondii, et vice versa », indique James Hodge, épidémiologiste à l’American Cancer Society d’Atlanta.
Toxoplasma gondii : un parasite répandu
T. gondii infecte la plupart des animaux à sang chaud, y compris les humains. Cependant, il ne subit une réplication sexuelle que chez les chats, il doit donc les infecter pour terminer son cycle de vie. Le parasite, qui peut infecter le cerveau, est connu pour rendre les rongeurs infectés moins méfiants envers les chats et pour faciliter sa propre reproduction. Il a également été associé à un comportement à risque chez les humains.
Bien que les humains puissent être exposés au parasite en ramassant la litière d’un chat infecté, une voie d’exposition plus courante consiste à ingérer de la viande crue ou insuffisamment cuite d’un animal infecté. L’infection à T. gondii, connue sous le nom de toxoplasmose, est courante, affectant environ 2 milliards de personnes dans le monde et 40 millions aux États-Unis. La plupart des personnes infectées ne présentent aucun symptôme, car leur système immunitaire contrôle le parasite, mais dans de rares cas, le parasite peut provoquer des symptômes graves, y compris une perte de vision.
Mise en évidence d’un lien entre T. gondii et le risque de développer un gliome
Le gliome est un cancer mortel et le glioblastome est son sous-type le plus mortel. Le taux de survie estimé à cinq ans du glioblastome n’est que de 6% chez les personnes âgées de 55 ans et plus. Les facteurs de risque de gliome comprennent le fait d’être un homme, de race blanche non hispanique, plus âgé et plus grand que la moyenne.
Pour examiner l’influence de l’exposition à T. gondii sur le risque de développer un gliome, les chercheurs ont recherché des anticorps anti-T. gondii dans des échantillons de sang de personnes atteintes de gliome (les échantillons ont été prélevés plusieurs années avant leur diagnostic) ainsi que d’un groupe contrôle sain. Les chercheurs ont utilisé des échantillons de sang et des données de participants à deux études antérieures : la cohorte nutritionnelle de l’étude II sur la prévention du cancer de l’American Cancer Society (CPSII-NC) et la Janus Serum Bank du Norwegian Cancer Registry (Janus).
Les patients atteints de gliome étaient plus susceptibles que les participants du groupe témoin d’avoir eu des anticorps contre T. gondii dans leurs échantillons de sang. De plus, chez les participants de l’étude Janus, le risque de glioblastome augmentait avec les niveaux d’anticorps contre T. gondii, ce qui signifie que plus leurs niveaux d’anticorps étaient élevés, plus leur risque était élevé. Cependant, l’association entre l’exposition au parasite et le risque de gliome n’était pas statistiquement significative pour chaque anticorps individuel testé et chaque sous-type de gliome.
Un moyen de prévention potentiel
Il s’agissait de la première étude prospective — c’est-à-dire celle qui examinait l’exposition à T. gondii avant le diagnostic du cancer — à rapporter une association entre l’exposition à T. gondii et le développement d’un gliome. Cette conception de l’étude a permis aux chercheurs d’éviter la possibilité qu’un lien gliome-parasite soit en fait dû à des gliomes augmentant le risque d’infection par le parasite.
L’identification de T. gondii comme facteur de risque de gliome pourrait avoir des implications pratiques. Bien que la plupart des facteurs de risque de gliome ne soient pas modifiables, l’exposition aux parasites est un risque que les gens peuvent essayer d’éviter. Si d’autres études confirment ces résultats, réduire l’exposition à cet agent pathogène commun d’origine alimentaire offrirait la première opportunité tangible de prévention de cette tumeur cérébrale très agressive.