Vue depuis la Terre, la collision du vaisseau DART avec l’astéroïde Dimorphos est à couper le souffle (VIDÉO)

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Image capturée par le LICIACube, quelques minutes après l'impact. | ASI/NASA
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Lundi 26 septembre fut un moment historique pour la NASA et le monde entier avec la première déviation d’un astéroïde dans la perspective de la défense planétaire mondiale, par le biais de la mission DART. Tous les télescopes étaient alors braqués sur ce point du ciel, et ont pu enregistrer l’impact en direct, à l’image du projet ATLAS. Comme l’avaient supposé les experts de la NASA, la vidéo montre une vague de débris se soulever après l’impact. La caméra compagnon de DART a également capturé la collision, permettant d’en caractériser les conséquences dans les jours à venir.

Le 26 septembre, dans les locaux de la NASA, l’équipe du test de double redirection d’astéroïdes (DART), le Dr Thomas Zurbuchen, ainsi que des invités du laboratoire de physique appliquée de l’Université Johns Hopkins, ont tous été parcourus par une vague de liesse en recevant la confirmation de la collision de DART avec l’astéroïde Dimorphos, la première démonstration au monde de technologie de défense planétaire.

Pendant les derniers instants du vaisseau spatial, avant l’impact, sa caméra de reconnaissance et l’imageur de navigation optique ont pris quatre images capturant son approche terminale, alors que Dimorphos remplissait de plus en plus le champ de vision.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Actuellement, l’équipe observe Dimorphos à l’aide de télescopes au sol pour confirmer que l’impact de DART a modifié l’orbite de l’astéroïde autour de Didymos. Les chercheurs s’attendent à ce que l’impact raccourcisse l’orbite de Dimorphos d’environ 1%, soit environ 10 minutes.

C’est ainsi que les astronomes de l’Institut d’astronomie de l’Université d’Hawaï (IfA) ont capturé ce moment d’impact historique le lundi 26 septembre, grâce au projet ATLAS. Sans compter que la caméra, déployée par le vaisseau spatial quelques jours avant son impact, LICIACub de l’agence spatiale italienne, a également pu immortaliser cet instant.

Un système d’alerte précoce d’impact d’astéroïde encore plus efficace

Le projet conjoint ATLAS (Asteroid Terrestrial-impact Last Alert System) entre la NASA et l’Université d’Hawaï est un télescope terrestre de système d’alerte précoce d’impact d’astéroïde. Il est constitué d’un système à quatre télescopes situés, dans l’hémisphère nord, au sommet de Haleakalā et de Maunaloa et, dans l’hémisphère sud, en Afrique du Sud et au Chili.

D’ailleurs, le télescope d’ATLAS en Afrique du Sud a compilé des images de l’impact, disponibles sur Twitter. Larry Denneau, astronome de l’IfA , co-chercheur principal d’ATLAS, explique dans un communiqué : « Le système de télescope ATLAS était bien placé pour observer l’impact depuis la Terre, et nous avons eu la chance d’avoir d’excellentes conditions météorologiques au télescope ATLAS à Sutherland, en Afrique du Sud ».

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Les images prises par ATLAS toutes les 40 secondes à partir du moment de l’impact montrent le panache de poussière après la collision avec Dimorphos. © IfA

Il faut savoir que le système ATLAS peut fournir un avertissement un jour avant l’impact pour un astéroïde de 20 mètres de diamètre, capable de destruction à l’échelle d’une ville. Étant donné que de plus grands astéroïdes peuvent être détectés plus loin, ATLAS peut fournir jusqu’à trois semaines d’avertissement pour un astéroïde de 100 mètres, capable de dévastation régionale. Mais il ne peut que prévenir…Il est donc indispensable de le compléter par la mise en place de réelles actions, comme ici la mission DART.

John Tonry, professeur à l’IfA et chercheur principal d’ATLAS, explique que d’après les dernières données l’impact du vaisseau spatial a été « assez fort pour réduire sa période orbitale de 12 heures d’environ 5 minutes. Par conséquent, les éclipses que nous pouvons observer depuis la Terre se produiront de plus en plus tôt, et après une semaine ou deux, nous aurons une très bonne mesure de la quantité de recul de Dimorphos après avoir été frappé par DART ».

En conséquence, les données recueillies par tous les systèmes d’observation permettront de planifier une potentielle mission afin de détourner un astéroïde dangereux, en sachant : « à quelle heure il doit être frappé, quelle doit être la masse du vaisseau spatial, à quelle vitesse il doit se déplacer ».

Observations complémentaires depuis Hawaï

D’autres images de l’impact ont été capturées au sommet de Mauna Kea par le télescope Canada-France-Hawaii (optique/infrarouge). Mauna Kea est un volcan endormi de 4200 mètres situé sur l’île d’Hawaï, hôte des 12 observatoires de Mauna Kea. Le télescope CFH est devenu opérationnel en 1979. La mission du CFHT est de fournir à la communauté d’utilisateurs une installation d’observation astronomique polyvalente et à la pointe de la technologie.

C’est pourquoi l’astronome de l’IfA Richard Wainscoat et l’astronome de l’Université de Western Ontario Robert Weryk ont obtenu des images du panache de poussière environ 13 heures après l’impact du vaisseau spatial DART sur Dimorphos. Weryk déclare : « L’étendue et la structure du panache de poussière m’ont surpris. Je m’attendais à ce que ce soit à une échelle beaucoup plus petite ».

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Image prise par le Canada-France-Hawaii-Telescope du panache de poussière de l’impact DART. © CFHT

Au cours des deux prochains mois, les astronomes de l’IfA travailleront avec des étudiants pour étudier l’orbite de Dimorphos à l’aide du télescope UH 88 sur Mauna Kea et du télescope Faulkes North sur Haleakalā, qui est l’un des nombreux observatoires faisant partie du réseau de télescopes Las Cumbres.

En effet, ce réseau de Las Cumbres est une distribution mondiale de télescopes, s’appuyant sur une intelligence artificielle appelée « le planificateur ». Travaillant sans intervention humaine, le planificateur basé sur l’intranet de LCO prend les demandes d’observation des scientifiques, analyse tout, des demandes et des conditions concurrentes sur chaque site de télescope, dirige les télescopes individuels pour faire les observations souhaitées et compile les résultats. Les scientifiques peuvent faire des demandes d’observation à tout moment, car le planificateur met à jour l’ensemble du plan du réseau environ toutes les 5 minutes.

Des observations spatiales inédites

De plus, les nouvelles images capturées par le satellite compagnon du vaisseau spatial DART, LICIACube (Light Italian CubeSat for Imaging of Asteroids) fourni par l’Agence spatiale italienne, révèlent l’impact sous un autre angle, celui de l’espace.

Il s’est déployé à partir du vaisseau le 11 septembre et a voyagé derrière lui pour enregistrer l’événement à une distance de sécurité d’environ 55 kilomètres. Trois minutes après l’impact, le CubeSat a survolé Dimorphos pour capturer des images. La série d’images présente un matériau brillant libéré de la surface de Dimorphos après la collision. Didymos est au premier plan.

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Image capturée par le LICIACube quelques minutes après la collision intentionnelle de la mission DART de la NASA avec son astéroïde cible, Dimorphos, le 26 septembre 2022. © ASI/NASA

En conclusion, la mission DART de la NASA a confirmé que l’agence spatiale peut diriger avec succès un vaisseau spatial pour entrer intentionnellement en collision avec un astéroïde et le dévier de sa trajectoire actuelle. Les futures stratégies de défense planétaire pourront s’appuyer sur un réseau de télescopes performant pour alerter et permettre de lancer une telle mission de déviation. Comme l’a déclaré un présentateur de la NASA sur le flux en direct de l’agence, nous pouvons conclure : « Humanité un, astéroïde zéro ».

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