Des scientifiques ont étudié, dans la plante du cannabis, la voie métabolique de deux molécules qui pourraient servir de puissants anti-inflammatoires lorsqu’il sera possible de les synthétiser.
L’usage médical du cannabis n’est pas une pratique récente. Il permet d’atténuer des douleurs aiguës (principalement lors de certaines maladies neurologiques, d’un cancer avancé, ou avant une opération), ou encore les nausées ou vomissements.
Nombreux sont les principes actifs présents dans la plante qui auraient des propriétés anti-inflammatoires, le plus connu étant le cannabidiol (ou CBD), qui fait partie des cannabidoïdes, groupe de molécules très prisées dans la recherche médicale.
Les flavonoïdes, qui sont réputés pour être des antioxydants présents dans de nombreux fruits et fleurs, se trouvent également dans le cannabis et intéressent depuis quelques années les chercheurs, car certains auraient des propriétés anti-inflammatoires.
Deux d’entre eux avaient déjà été identifiés dans le cannabis en 1986 : la cannflavine A et cannflavine B, qui agiraient trente fois plus sur les douleurs que l’Aspirine.
Bien que les voies de biosynthèse des flavonoïdes soient étudiées depuis longtemps, aucune recherche n’avait été consacrée à celles produites par le cannabis. Mais des scientifiques de l’Université de Guelph au Canada s’y sont intéressés. Grâce à des techniques de génomique et de biochimie, ils ont pu identifier tous les gènes participant à la synthèse des deux cannflavines, et ont découvert qu’ils sont produits par la même voie métabolique, qui n’utilise que deux enzymes.
« De nombreux génomes séquencés sont disponibles au public, y compris le génome de Cannabis sativa… » déclare Tariq Akhtar, biologiste de l’Université de Guelph. « Si vous savez ce que vous recherchez, vous pouvez donner vie aux gènes, pour ainsi dire, et reconstituer des molécules telles que les cannflavines A et B ».
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Ces résultats seront fort utiles aux chercheurs pour une production en laboratoire de ces deux composés, difficiles à extraire et purifier. Selon le groupe, elles ne représenteraient que 0.014% du poids de la plante. Pour en obtenir une quantité suffisante, il leur aurait fallu mettre en place une quantité importante de plantations de Cannabis. À présent qu’ils connaissent le mécanisme de biosynthèse, il leur sera possible d’en produire sans passer par la plante.
« Le problème avec ces molécules est qu’elles sont présentes dans le cannabis à des niveaux si bas qu’il est impossible d’essayer de modifier la plante pour créer davantage de ces dernières », déclare le co-auteur de l’étude Steven Rothstein. « Nous travaillons actuellement à la mise au point d’un système biologique permettant de créer ces molécules, ce qui nous donnerait l’opportunité d’en produire de grandes quantités ».
Alors que de précédentes études avaient démontré que les patients préfèrent prendre du cannabis plutôt que des opioïdes comme la morphine pour soulager les maux aiguës, la production au niveau industriel des cannflavines pourrait avoir un impact considérable dans le traitement des douleurs, et ce sans de nombreux inconvénients non négligeables des anti-inflammatoires puissants, comme les effets psychoactifs des opioïdes.