La musique classique calmerait le cœur des bébés in utero, selon une expérience récente

Un effet potentiellement bénéfique pour le développement du système nerveux autonome.

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| Vecteezy
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Une expérience révèle que la musique classique apaise le rythme cardiaque des fœtus, suggérant qu’elle pourrait avoir des effets bénéfiques sur le développement in utero du système nerveux autonome. Des différences significatives ont également été relevées selon le type de musique diffusé, certains produisant un schéma de rythme cardiaque plus prévisible et plus régulier. Les chercheurs estiment que ces variations pourraient être liées à des caractéristiques spécifiques, telles que la familiarité culturelle.

Les effets de la musique sur le développement neurologique du fœtus sont largement explorés. En particulier, la musicothérapie a attiré l’attention des chercheurs en raison de sa capacité à moduler les états physiologiques et psychologiques. Des études ont notamment montré que cette technique peut influer sur le système nerveux autonome in utero et sur la variabilité de la fréquence cardiaque fœtale.

Cependant, malgré des expériences mettant en lumière son potentiel, ses effets exacts sur la dynamique de la fréquence cardiaque des fœtus demeurent incertains. En effet, les travaux aboutissent à des résultats parfois contradictoires. Une partie des recherches suggère que l’exposition des fœtus à certains morceaux musicaux entraîne une augmentation notable des accélérations et des mouvements de leur rythme cardiaque.

Par ailleurs, des chercheurs ont montré que les fœtus âgés de 30 à 38 semaines réagissaient différemment aux chants réguliers et irréguliers. Cette observation soutient l’hypothèse de longue date selon laquelle ils pourraient discerner et répondre à différents rythmes musicaux.

En revanche, un récent essai contrôlé non randomisé indique que la musique classique n’a montré aucun effet significatif sur la fréquence cardiaque moyenne des fœtus. Toutefois, les chercheurs estiment que si aucune différence dans la moyenne n’a été relevée, c’est parce que les effets se manifesteraient plutôt au niveau de la variabilité de la fréquence cardiaque fœtale totale. Les données indiquent que les fœtus présentaient des augmentations notables des accélérations de la fréquence cardiaque et une diminution du nombre de décélérations.

La nouvelle étude, menée par l’Université autonome de l’État de Mexico et l’Université autonome métropolitaine (également à Mexico), visait à confirmer les effets de la musique classique sur la nature non linéaire des fluctuations de la fréquence cardiaque des fœtus.

« Nous prévoyons que la dynamique non linéaire des fluctuations de la fréquence cardiaque fœtale montrera des modifications significatives lors de la comparaison des stades sans exposition musicale avec ceux ayant un stimulus musical », ont écrit les chercheurs dans leur étude, posant ainsi leur hypothèse initiale. Les résultats ont été publiés dans la revue AIP Publishing. L’Hôpital général Nicolás San Juan et l’Institut national de cardiologie Ignacio Chávez ont également contribué à ces travaux.

Des différences liées à la familiarité culturelle ?

L’équipe de la nouvelle étude a utilisé des outils d’analyse mathématique pour mesurer le rythme cardiaque des fœtus en réponse à la musique classique et identifier les variations de leur fréquence cardiaque. Les mesures classiques de la fréquence cardiaque correspondent à des moyennes établies sur plusieurs battements durant un laps de temps donné (généralement quelques secondes).

En revanche, la variabilité de la fréquence cardiaque désigne le temps écoulé entre chaque battement individuel. Cette dernière mesure permet d’évaluer le taux de maturation du système nerveux autonome du fœtus, une variabilité plus élevée étant généralement associée à un développement sain.

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Emplacement des électrodes mesurant la réponse des fœtus à l’écoute de la musique. © José Javier Reyes-Lagos et al.

Pour mener leur expérience, les chercheurs ont recruté 36 femmes enceintes de 32 à 40 semaines de gestation. Deux morceaux de musique classique ont été sélectionnés : « Le Cygne » de Camille Saint-Saëns et « Arpa de Oro » d’Abundio Martínez. Les réponses des fœtus ont été mesurées à l’aide de moniteurs de fréquence cardiaque externes. Les scientifiques ont ensuite analysé les variations de la fréquence cardiaque avant, pendant et après l’exposition musicale en recourant à une technique dite de « quantification de récurrence non linéaire ».

Dans l’ensemble, l’équipe a constaté que l’exposition à la musique classique entraînait des rythmes cardiaques plus stables et plus prévisibles. « Nos résultats suggèrent que ces changements dans la dynamique du rythme cardiaque fœtal se produisent instantanément lors de fluctuations à court terme. Les parents pourraient donc envisager d’exposer leur fœtus à une musique douce », affirme dans un communiqué Abarca-Castro, de l’Université autonome métropolitaine, coauteur de l’étude.

Les chercheurs suggèrent que cet effet pourrait stimuler le développement du système nerveux autonome des fœtus. De précédentes recherches ont d’ailleurs montré que la stimulation sensorielle prénatale pourrait favoriser la plasticité cérébrale et faciliter le développement de certaines compétences cognitives, telles que la mémoire et l’attention, au cours de la petite enfance.

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Série temporelle représentative des intervalles R–R fœtaux continus pour l’ensemble de l’expérience sur un seul fœtus. Le graphique illustre la fluctuation des intervalles R–R fœtaux tout au long de l’enregistrement. © José Javier Reyes-Lagos et al.

Cependant, bien que les deux morceaux aient stabilisé les rythmes cardiaques des fœtus, celui du compositeur mexicain (une mélodie douce de guitare) semblait avoir un effet plus marqué. Selon Abarca-Castro, des facteurs tels que les caractéristiques rythmiques, la structure mélodique ou la familiarité culturelle pourraient expliquer cette différence. L’équipe prévoit d’approfondir cette hypothèse en élargissant sa cohorte d’essai et en étudiant d’autres styles musicaux.

Source : AIP Publishing

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