Mystère de Stonehenge : au moins un des célèbres mégalithes proviendrait d’Écosse, et non du Pays de Galles

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Le mystère des origines de Stonehenge, monument préhistorique emblématique, a pris une nouvelle tournure. Jusqu’ici, les chercheurs pensaient que tous les mégalithes provenaient du Pays de Galles. Or, une nouvelle étude indique qu’au moins l’un d’entre eux aurait en réalité été importé d’Écosse. De nombreux chapitres de l’histoire néolithique — dont ceux concernant les relations entre les différentes populations — de Grande-Bretagne pourraient ainsi nécessiter des ajustements.

L’étude, publiée dans la revue Nature, révèle que la pierre centrale de Stonehenge, connue sous le nom de « pierre d’autel » (« Altar Stone » en anglais), provient de l’actuelle Écosse. Cette découverte a été faite par le biais de l’analyse des grains de roche à l’intérieur de la pierre, qui ont montré des signatures géochimiques spécifiques à la région du nord-est de l’Écosse.

Cette région comprend notamment le bassin Orcadien, situé à environ 750 kilomètres du site de Stonehenge. Le Dr Rob Ixer, l’un des chercheurs principaux de l’étude, de l’University College de Londres, explique : « Cette découverte est stupéfiante. Elle remet en question tout ce que nous pensions savoir sur les relations entre les différentes populations néolithiques de Grande-Bretagne ».

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La (désormais ancienne ?) théorie des origines galloises

Jusqu’à présent, la théorie dominante était que les mégalithes de Stonehenge provenaient des collines de Preseli, dans le sud-ouest du Pays de Galles. Cette hypothèse repose sur des analyses géologiques et archéologiques antérieures, qui avaient identifié des correspondances entre les pierres de Stonehenge et celles des Preseli Hills. Cependant, cette nouvelle étude remet en question ces conclusions et suggère une origine beaucoup plus nordique. L’Altar Stone a longtemps été considérée comme une pierre non locale, et cette nouvelle recherche confirme qu’elle provient du nord-est de l’Écosse.

La découverte de l’origine écossaise des pierres de Stonehenge a des implications majeures pour notre compréhension de la période néolithique en Grande-Bretagne. En effet, cela suggère que les populations néolithiques avaient des réseaux de communication et de commerce beaucoup plus étendus que ce que nous avions imaginé. Cela pourrait également indiquer des migrations ou des contacts entre différentes régions de la Grande-Bretagne.

Une analyse géochimique approfondie

L’équipe de recherche a utilisé des techniques d’analyse géochimique avancées pour comparer les échantillons de pierre de Stonehenge avec ceux de différentes régions de Grande-Bretagne. Une étude détaillée des minéraux contenus dans la pierre d’autel de Stonehenge a révélé des informations clés.

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La pierre d’autel, cachée sous deux pierres de Sarsen (plus grandes), est à peine visible. © Nick Pearce/Université d’Aberystwyth

En étudiant la composition chimique des grains de zircon, d’apatite et de rutile, les chercheurs ont pu identifier une empreinte géochimique unique. Cette empreinte a permis de tracer l’origine de la pierre jusqu’au bassin Orcadien (une région située à plus de 750 kilomètres de Stonehenge), dans le nord-est de l’Écosse. Cette analyse reposait sur des méthodes sophistiquées isotopiques, afin de comparer les âges des minéraux de la pierre avec ceux de roches similaires trouvées en Écosse.

Les chercheurs ont notamment utilisé des méthodes de pointe telles que la spectrométrie de masse à plasma à couplage inductif avec ablation laser (LA-ICP-MS) et la microscopie électronique à balayage. Ces techniques permettent d’obtenir des images à haute résolution et de mesurer les isotopes des minéraux avec une précision extrême.

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Schéma montrant clairement l’emplacement de la pierre d’autel de Stonehenge (en vert). © A.J.I. Clarke et al./ Nature 2024

Concernant les grains de zircon par exemple, les scientifiques ont pu déterminer des âges allant de 498 millions à 2,812 milliards d’années, ce qui correspond aux périodes géologiques de la région du bassin Orcadien. Ces analyses ont non seulement confirmé l’origine écossaise de la pierre, mais ont également fourni des informations précieuses sur les processus géologiques qui ont façonné cette région.

Le peuple néolithique aurait été bien plus ingénieux que nous l’imaginions

La distance considérable séparant le site de Stonehenge et le bassin Orcadien soulève des questions sur les moyens de transport utilisés par les ouvriers du néolithique pour déplacer ces immenses pierres. L’hypothèse la plus plausible est celle du transport maritime, bien que certains experts, comme l’archéologue et écrivain Mike Pitts, suggèrent que le transport terrestre aurait été plus approprié.

La communauté scientifique a réagi avec enthousiasme à cette découverte, bien que certains chercheurs appellent à la prudence et à la nécessité de poursuivre les investigations. Rob Ixer insiste cependant sur l’importance de cette découverte pour les futures recherches archéologiques dans la région. Nick Pearce, professeur de géographie et de sciences de la Terre à l’Université d’Aberystwyth, ajoute quant à lui que les techniques utilisées pour la correspondance sont très précises et difficilement contestables.

Ce qui est certain, c’est que cette découverte montre à quel point les peuples néolithiques étaient ingénieux et capables de réaliser des exploits de transport monumentaux. En effet, transporter des pierres de plusieurs tonnes sur une telle distance a forcément nécessité des techniques et une organisation complexes. Les chercheurs espèrent maintenant examiner d’autres mégalithes et sites préhistoriques pour comprendre si des connexions similaires existent avec d’autres régions éloignées. La prochaine étape consistera à identifier le site exact d’extraction de la pierre d’autel en Écosse, un défi qui nécessitera des recherches supplémentaires.

Source : Nature

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