Convulsions, nausées, vomissements, pertes de conscience, voilà les principaux symptômes d’une maladie non identifiée, qui sévit actuellement à Eluru, une ville du sud-est de l’Inde. Au cours du week-end du 5 décembre, plus de 300 personnes ont été hospitalisées : elles présentaient toutes des symptômes de type épileptique.
Le virus du SARS-CoV-2 étant particulièrement virulent dans la région, l’ensemble des patients ont été dépistés, mais tous étaient négatifs pour la COVID-19. Selon l’agence de presse Press Trust of India, l’un des patients admis, âgé de 45 ans et présentant les symptômes décrits, est décédé d’une crise cardiaque. Selon les responsables, son décès n’est cependant pas imputable à la mystérieuse maladie ; la médecine légale a ordonné un rapport d’autopsie. Plusieurs tests sanguins ont été effectués, mais aucune infection virale connue, telle que la dengue ou le chikungunya, n’a été identifiée.
Les autorités sanitaires étudient toutes les possibilités. Initialement, elles soupçonnaient une contamination de l’eau, étant donné que les patients atteints étaient approvisionnés par la même source. Cependant, le ministre de la Santé de l’État d’Andhra Pradesh a déclaré que les tests réalisés avaient permis d’écarter la contamination de l’eau, ainsi que la pollution de l’air, comme causes de la maladie.
La COVID-19 et plusieurs autres maladies virales écartées
Le premier cas a été signalé samedi 5 décembre. Le nombre de patients hospitalisés, qui était de 55 le samedi à minuit et de 170 le dimanche matin, est passé à 270 le soir, puis à 315 à minuit ! Les médecins ont déclaré que les symptômes comprennent des étourdissements, des nausées, des maux de tête et des symptômes de type épileptique. De prime abord, aucun caractère ne semble être commun à l’ensemble des malades. L’infection touche tous les âges sans distinction, même les enfants.
À ce jour, le mystère autour de cette maladie reste entier. Des experts d’un certain nombre d’instituts de santé indiens de premier plan, y compris le All India Institute of Medical Sciences de New Delhi, se sont rendus à Eluru pour aider à enquêter sur ces cas étranges. Le chef de l’opposition, N. Chandrababu Naidu, a exigé sur Twitter « une enquête impartiale et complète sur l’incident ».
L’État d’Andhra Pradesh, où se situe la ville d’Eluru, est parmi les plus touchés par la COVID-19, avec plus de 800’000 cas détectés. Les tests des patients sont toutefois revenus négatifs. D’autres maladies virales comme la dengue, le chikungunya ou l’herpès, ont d’ores et déjà été écartées. Selon les équipes médicales, les rapports de tomodensitométrie et de radiographie sont normaux. Les tests ont également permis d’éliminer l’hypothèse d’une éventuelle contamination de l’eau — d’autant que certaines personnes qui ne consommaient pas la même eau sont également tombées malades.
Dès lundi, près de 200 patients étaient suffisamment rétablis pour pouvoir sortir de l’hôpital. D’autres ont été transportés vers la ville de Vijayawada, pour une meilleure prise en charge. Le ministre de la Santé a déclaré que la situation était désormais sous contrôle et que tous les patients se trouvaient aujourd’hui dans un état stable. « Les patients se plaignent de vertiges et de maux de tête. Le taux de récupération est bon et il n’y a pas lieu de paniquer », ajoute le Dr Sunanda, médecin et hygiéniste de district.
Des tests sanguins sont toujours en cours, notamment à la recherche d’agents pathogènes tels que la bactérie E. Coli. Cependant, si cette dernière peut effectivement provoquer nausées et vomissements, elle n’entraîne généralement pas de convulsions ; il est donc peu probable qu’elle soit à l’origine de cette infection. Les spécialistes tentent également de trouver l’origine de l’infection via l’analyse de scintigraphies cérébrales.
Des substances organochlorées toxiques ?
Selon The New Indian Express, un jeune garçon de 13 ans aurait contracté la maladie dès le 30 novembre. Ce jour-là, après avoir pris son petit-déjeuner, le garçon s’est plaint d’un léger étourdissement, puis s’est mis à convulser. Sa famille l’a immédiatement conduit à l’hôpital d’Eluru. Une équipe de médecins l’a examiné, puis a effectué une IRM, ainsi qu’un électroencéphalogramme ; les rapports d’analyse étaient normaux. L’adolescent a été gardé en observation pendant 24 heures avec un apport d’oxygène. Le 1er décembre, il est finalement sorti de l’hôpital, avec un traitement contre les crises d’épilepsie et des vitamines.
Interrogée sur les problèmes liés à l’approvisionnement en eau, à l’assainissement et à l’hygiène, la mère du garçon s’est plainte de la menace que représentaient les porcs et les moustiques, potentiellement vecteurs de virus. Cependant, elle a soutenu qu’il n’y avait eu aucun problème d’eau ou d’hygiène, car les ordures sont régulièrement ramassées par les travailleurs civiques. Le 4 décembre, un voisin de la famille s’est à son tour effondré soudainement, pris de convulsions. Puis, les cas n’ont cessé d’augmenter depuis lors, non seulement dans le quartier où résidaient ces premiers cas, mais aussi dans plusieurs zones de la ville.
Le parti de l’opposition, mené par N. Chandrababu Naidu, a blâmé le gouvernement pour cette nouvelle infection. Il a notamment souligné que cette étrange maladie était apparue dans une région qui manquait d’eau potable protégée depuis plusieurs mois. Par ailleurs, Naidu a exigé la déclaration d’urgence sanitaire pour la ville d’Eluru.
Alors que d’autres analyses sont toujours en cours, le député G.V.L. Narasimha Rao, du parti BJP, a déclaré que des substances organochlorées toxiques pourraient être la cause la plus probable de la maladie après avoir discuté avec des experts.