Nano-/microplastiques dans le cerveau : une étude révèle des niveaux alarmants, surtout chez les patients atteints de démence

Un chercheur propose, dans un article distinct, diverses façons de limiter l'exposition à ces particules néfastes.

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Des études antérieures ont déjà mis en évidence la présence de microplastiques dans plusieurs organes humains, notamment les poumons, le foie, les reins et même le placenta. Plus récemment, des recherches menées sur des modèles murins ont révélé que ces particules pouvaient s’accumuler dans la circulation sanguine cérébrale, entraînant des obstructions et menant parfois à des troubles neurologiques.

Une nouvelle étude apporte aujourd’hui un constat encore plus inquiétant : les micro- et nanoplastiques (MNP) s’infiltrent directement dans le tissu cérébral humain. En analysant des échantillons prélevés lors d’autopsies, les chercheurs ont détecté des quantités importantes de ces particules, atteignant jusqu’à l’équivalent d’une cuillère à café, avec des concentrations trois à cinq fois plus élevées chez les patients atteints de démence. Ces résultats soulèvent des questions sur leur possible implication dans le développement des maladies neurodégénératives.

Depuis plusieurs années, la communauté scientifique alerte sur la dispersion des microplastiques issus des objets du quotidien — sacs plastiques, bouteilles, pneus, vêtements synthétiques — qui contaminent l’air, l’eau et l’alimentation. Cette pollution omniprésente est désormais un enjeu majeur de santé publique et environnementale.

Les microplastiques, d’un diamètre inférieur à cinq millimètres, suscitent déjà des préoccupations. Mais ce sont les nanoplastiques, encore plus petits, qui inquiètent le plus les chercheurs. Si la présence de microplastiques a déjà été constatée dans plusieurs organes humains, celle des nanoparticules dans le cerveau restait jusqu’à présent mal documentée.

Normalement, la barrière hémato-encéphalique protège le cerveau des substances toxiques. Pourtant, des particules plastiques de moins de 200 nanomètres, principalement constituées de polyéthylène, parviennent à la franchir et se logent dans les vaisseaux sanguins ainsi que dans les cellules immunitaires cérébrales. Cette capacité à contourner l’un des principaux mécanismes de défense du système nerveux central soulève des questions sur leur rôle dans certaines pathologies neurologiques.

Une étude révélatrice

Le Dr Alexander Nihart, chercheur à l’Université du Nouveau-Mexique, a dirigé une étude explorant cette problématique. Avec son équipe, il a analysé des échantillons de tissus cérébraux, rénaux et hépatiques provenant d’individus ayant fait l’objet d’une autopsie médico-légale entre 2016 et 2024.

Les résultats, publiés début février dans la revue Nature Medicine, confirment que les MNP franchissent la barrière hémato-encéphalique et s’accumulent dans le cerveau. L’étude met notamment en évidence une hausse de 50 % des concentrations de microplastiques dans le cerveau entre 2016 et 2024.

Selon CNN, le Pr Matthew Campen, co-auteur de l’étude et professeur de sciences pharmaceutiques à l’Université du Nouveau-Mexique, précise : « Les concentrations observées dans le tissu cérébral d’individus sains, dont l’âge moyen avoisinait 45 à 50 ans, atteignaient 4 800 microgrammes par gramme, soit 0,48 % du poids total ».

Les chercheurs ont également examiné des échantillons prélevés dans le cortex frontal, une région impliquée dans la pensée et le raisonnement. Ils y ont constaté des concentrations de MNP trois à cinq fois supérieures chez les patients souffrant de maladies neurodégénératives comme Alzheimer. Fait notable, les niveaux de micro- et nanoplastiques dans le cerveau sont sept à trente fois plus élevés que ceux détectés dans d’autres organes, comme le foie ou les reins.

Un mécanisme d’accumulation encore méconnu

« D’une manière ou d’une autre, ces nanoplastiques réussissent à se frayer un chemin à travers l’organisme jusqu’au cerveau, en franchissant la barrière hémato-encéphalique », explique le Pr Campen. Il suggère que ces particules pourraient être transportées par les graisses alimentaires vers les organes riches en lipides, comme le cerveau.

Le Dr Nicholas Fabiano, du département de psychiatrie de l’Université d’Ottawa, a conduit une analyse approfondie des résultats obtenus par l’équipe du Dr Nihart. Il a déclaré : « L’augmentation rapide des concentrations de microplastiques dans le cerveau en huit ans, entre 2016 et 2024, est particulièrement préoccupante ». Selon lui, cette évolution reflète directement la hausse exponentielle des niveaux de pollution plastique dans l’environnement.

Le Dr Fabiano propose des mesures simples pour limiter l’ingestion de microplastiques : il recommande en premier lieu de privilégier l’eau du robinet filtrée plutôt que l’eau en bouteille, qui expose à près de 90 000 particules de microplastiques par an.

« L’eau en bouteille peut à elle seule exposer les consommateurs à autant de particules plastiques que l’ensemble des sources alimentaires et atmosphériques réunies », souligne le Dr Brandon Luu, médecin interne à l’Université de Toronto. « Passer à l’eau du robinet permettrait de réduire cette exposition de près de 90 %, ce qui en fait l’une des solutions les plus accessibles pour limiter l’ingestion de microplastiques », ajoute-t-il.

Dans son commentaire publié dans Brain Medicine, Fabiano préconise également d’éviter les sachets de thé en plastique, susceptibles de libérer des millions de particules à chaque infusion, ainsi que le chauffage des aliments dans des contenants en plastique, notamment au micro-ondes.

Malgré ces constats, les effets à long terme des microplastiques sur la santé restent incertains. Selon le Dr Fabiano, l’absence de corrélation claire entre l’âge et l’accumulation de ces particules suggère que le corps humain dispose de mécanismes d’élimination encore mal compris.

Ces résultats mettent en lumière la nécessité d’investir dans des recherches approfondies afin d’évaluer l’impact sanitaire des microplastiques et d’établir des seuils d’exposition sûrs. Les auteurs de l’étude appellent également à des mesures urgentes pour limiter la dissémination des MNP dans l’environnement.

Source : Nature Medicine, Brain Medicine

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