Une équipe de chercheurs issus de diverses institutions, dont l’Université de Nottingham Trent et l’Université Anglia Ruskin, a tenté de lier nanotechnologie et médecine régénérative dans l’objectif de concevoir un traitement contre la dégénérescence maculaire, une cause majeure de cécité. Les scientifiques ont ainsi abouti à une méthode innovante de culture de cellules épithéliales pigmentaires rétiniennes.
Conséquence de l’endommagement des cellules pigmentaires rétiniennes, la dégénérescence maculaire représente une préoccupation majeure en matière de santé publique. Lorsque ces cellules clés sont endommagées, notre corps est incapable de les remplacer, entraînant une perte de vision centrale aux conséquences considérables, touchant aussi bien les aspects sociaux, moteurs et psychologiques des personnes affectées.
Dans ce contexte, une équipe de chercheurs s’est tournée vers la nanotechnologie et la médecine régénérative pour concevoir une solution innovante. Ils ont ainsi cultivé des cellules épithéliales pigmentaires rétiniennes sur un échafaudage 3D nanofibreux innovant qu’ils ont mis au point. L’étude pourrait marquer une avancée significative dans la lutte contre la dégénérescence maculaire et aboutir à des traitements régénératifs novateurs. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue Material & Design.
Conception d’un nanoéchafaudage 3D
La pièce maîtresse de cette avancée réside dans l’élaboration d’un nanoéchafaudage tridimensionnel innovant. Cette structure minuscule sert principalement de support aux cellules en orientant leur comportement, favorisant ainsi leur croissance.
Pour la conception de ces échafaudages, l’équipe a utilisé des nanofibres polymères générées par le biais d’une méthode appelée « éléctrofilage ». Il s’agit d’une technique sophistiquée permettant de produire des fibres extrêmement fines à partir d’une variété de matériaux, dont les polymères. Le processus d’électrofilage consiste à appliquer une force électromagnétique pour étirer une petite quantité de matériau jusqu’à obtenir une fibre ultramince. Les fibres ainsi obtenues forment une structure tridimensionnelle. Cette dernière est destinée à fournir un environnement propice à la croissance des cellules.
Un procédé efficace
Le choix minutieux des polymères utilisés pour former les fibres est l’une des clés de la réussite du procédé. En effet, un polymère appelé polyacrylonitrile a apporté une robustesse mécanique essentielle à l’échafaudage, tandis que le Jeffamine, attirant l’eau (hydrophile), offre les conditions idéales pour l’adhésion et la croissance cellulaire. Cette combinaison a permis de recréer une membrane similaire à celle dans laquelle les cellules rétiniennes évoluent naturellement.
La capacité de cette membrane à reproduire l’environnement naturel des cellules a donc joué un rôle déterminant dans le succès de l’expérience. Les cellules ont non seulement pu se fixer à l’échafaudage, mais ont également été stimulées dans leur croissance, prouvant ainsi l’efficacité de la structure mise en place.
Pour renforcer l’efficacité de leur échafaudage, les chercheurs ont enduit les structures 3D d’acétonide de fluocinolone, des stéroïdes anti-inflammatoires. Ces molécules ont permis de réduire l’inflammation tout en favorisant la croissance des cellules. Grâce à cette technique, ils ont pu maintenir les cellules en vie pendant une période d’au moins 150 jours.
Une voie prometteuse
Des tentatives précédentes visant à développer un échafaudage similaire ont impliqué l’utilisation de collagène et de cellulose. Cependant, les chercheurs ont opté ici pour des polymères. Selon eux, cette alternative « synthétique » semble davantage compatible avec le système immunitaire humain, rendant ainsi le procédé plus viable.
Le succès de cette méthode réside également dans le fait que les cellules cultivées sur cet échafaudage se comportent de manière plus naturelle par rapport à celles qui sont cultivées sur d’autres supports. Cela indique que l’échafaudage polymère imite plus efficacement l’environnement biologique nécessaire au développement cellulaire.
Bien que ces avancées soient prometteuses, il reste encore de nombreux défis à relever. La question de la biocompatibilité avec les tissus humains soulève notamment des incertitudes. En effet, bien que les résultats en laboratoire soient encourageants, il y a une grande différence entre la croissance de cellules en laboratoire et l’implantation réussie d’un substitut de tissu dans un organisme vivant. C’est pourquoi l’équipe de recherche se concentre maintenant sur l’étude de l’orientation cellulaire. Cette étape vise à respecter un facteur crucial relatif à la viabilité des cellules. C’est seulement après cette phase que des essais dans un système vivant pourront être envisagés.