Les deux agences spatiales viennent de finaliser leur accord de collaboration autour de « la passerelle », la future station spatiale qui sera envoyée en orbite autour de la Lune. Cet accord entre la NASA et l’ESA marque le premier engagement officiel de l’agence américaine envers une coalition internationale pour l’exploration lunaire.
Cette passerelle est un élément essentiel du programme Artemis, qui vise à amener un équipage sur le sol lunaire d’ici 2024. En orbite autour de la Lune, elle constituera un avant-poste fournissant à la fois tout le soutien nécessaire au retour de l’Homme sur la Lune, mais aussi un point de départ pour l’exploration de l’espace, notamment vers Mars.
Un point de rendez-vous pour les futures missions d’exploration
Cet accord de collaboration avec l’Agence spatiale européenne fait partie d’un vaste effort des États-Unis pour engager des partenaires internationaux dans l’exploration lunaire et pour tester les technologies nécessaires à une future mission humaine sur Mars. Des accords avec d’autres partenaires devraient d’ailleurs être conclus dans un avenir proche, afin de mettre en place une architecture d’exploration « sûre et durable » de la Lune, selon un communiqué officiel de la NASA.
Dans le cadre de cet accord, il est convenu que l’ESA fournisse des modules d’habitation et de ravitaillement, et améliore les systèmes de communication lunaires. L’agence européenne fournira également deux modules de service européens (ESM) supplémentaires pour le vaisseau spatial Orion de la NASA, qui fera la navette entre la Terre et la passerelle. Ces ESM sont destinés à propulser Orion lors des futures missions Artemis et fourniront de l’air et de l’eau à son équipage.
Le module d’habitation (I-Hab, pour International Habitation) comprendra des composants fournis par le Japon, ainsi que deux ports d’amarrage pour les systèmes d’atterrissage. Ce module d’habitation abritera également le système de contrôle environnemental et d’équipements de survie (Environmental Control and Life Support System, ou ECLSS). Il contiendra aussi des espaces dédiés aux expériences scientifiques internes et externes.
À noter que l’ECLSS est capable d’augmenter les capacités du système de survie de la station spatiale, dès lors qu’Orion y est amarré, ce qui permettra d’y demeurer plus longtemps et ainsi, de mener à bien des missions plus conséquentes sur la surface lunaire. « La passerelle est conçue pour être complétée par des capacités supplémentaires fournies par nos partenaires internationaux pour soutenir l’exploration durable », explique Kathy Lueders, administratrice associée de la NASA pour la direction de la mission d’exploration humaine et des opérations au siège de la NASA.
Six fois plus petite que la Station spatiale internationale, la passerelle sera assemblée en orbite autour de la Lune, à des dizaines de milliers de kilomètres de sa surface, et servira donc de point de départ aux futures missions robotiques et humaines vers la Lune, Mars et d’autres destinations de l’espace lointain. Elle servira de point de rendez-vous pour les astronautes voyageant en orbite lunaire à bord du système de lancement spatial (SLS) de la NASA et d’Orion, avant le transit vers l’orbite lunaire basse et la surface de la Lune.
Une démonstration technologique
La construction de la station spatiale lunaire pourrait commencer d’ici 2022. La NASA a d’ores et déjà passé plusieurs contrats avec l’industrie américaine pour développer les premiers composants : l’élément de puissance et de propulsion sera développé par Maxar Technologies, tandis que la réalisation de l’avant-poste d’habitation et de logistique, soit le « quartier résidentiel » des astronautes visitant la passerelle, a été confiée à Northrop Grumman. L’approvisionnement de la passerelle en fournitures diverses a, quant à lui, été confié à SpaceX.
Les premiers instruments scientifiques qui seront envoyés sur la passerelle ont été sélectionnés au mois de mars. L’un est l’European Radiation Sensors Array, ou ERSA, construit par l’ESA ; le second est la suite d’instruments de météorologie spatiale conçue par la NASA, l’Heliophysics Environmental and Radiation Measurement Experiment Suite, ou HERMES. Ces instruments sont principalement chargés de surveiller et d’analyser le rayonnement et le vent solaires, afin de protéger au mieux les futurs astronautes qui séjourneront sur la passerelle et sur la Lune.
Tous les partenaires internationaux associés autour de la passerelle collaboreront pour partager leurs données scientifiques, qui seront transmises à la Terre. D’autres charges utiles coopératives scientifiques devraient être bientôt sélectionnées pour équiper la passerelle. « Entre HERMES de la NASA et ERSA de l’ESA, ces charges utiles et futures sur la passerelle nous aideront à en savoir plus à propos de la météorologie spatiale et de la protection des astronautes, alors même que notre travail pour poser des charges utiles commerciales sur la Lune contribue à faire progresser la science lunaire et l’exploration humaine à la surface de la Lune », souligne Thomas Zurbuchen, administrateur associé de la Direction des missions scientifiques au siège de la NASA à Washington.
En plus de soutenir les missions d’exploration lunaire, la passerelle sera également l’occasion de montrer et de tester les différentes technologies nécessaires aux futures missions humaines sur Mars. La NASA pourra en effet réaliser une démonstration de la gestion à distance et de la fiabilité à long terme des systèmes d’engins spatiaux autonomes et d’autres technologies. Dan Hartman, directeur du programme au Johnson Space Center de la NASA à Houston, explique que la passerelle servira véritablement « de catalyseur pour la recherche et la démonstration de nouvelles technologies, en tirant parti de l’environnement unique en orbite lunaire ».