La sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) de la NASA a repéré récemment quelque chose d’étrange sur la surface martienne : une fosse profonde, apparaissant sous la forme d’une large tache noire d’environ 180 mètres de diamètre, sur les images capturées le 24 janvier dernier par la caméra HiRISE de l’orbiteur. Les scientifiques tentent à présent de déterminer de quoi il s’agit exactement…
Après avoir ajusté la luminosité de l’image, les résultats ont surpris l’équipe de l’Université d’Arizona en charge de HiRISE. La sensibilité du dispositif a permis de distinguer l’intérieur de cette mystérieuse fosse. « Le sol de la fosse semble constitué de sable lisse, tandis que ses pentes sont orientées vers le sud-est », décrit Ross Beyer, géophysicien de la NASA, dans un article de blog la semaine dernière.
Les chercheurs s’interrogent : s’agit-il d’une fosse isolée ou au contraire, d’une porte d’entrée vers un réseau de tunnels souterrains creusés par des canaux de lave à écoulement rapide, comme il en existe dans le parc national des volcans d’Hawaï ? En effet, les scientifiques soupçonnent depuis longtemps que d’anciens volcans ont laissé derrière eux de grands tubes de lave caverneux à la surface de Mars. Ce trou gigantesque pourrait en être une nouvelle preuve…
Des abris potentiels pour les futurs colons humains
Ross Beyer précise que les parois visibles de la fosse ne montrent pas de tunnels, mais il se peut qu’ils existent sur les parois qui ne sont pas visibles sur l’image. Si les scientifiques se sont penchés sur cette hypothèse de tunnels souterrains, c’est parce que certaines de ces cavernes présumées pourraient être assez grandes pour abriter des bases planétaires entières, offrant aux futurs colons humains une protection optimale contre les conditions environnementales difficiles de la surface martienne. Elles pourraient également potentiellement abriter des traces de vie martienne ancienne.
Ce n’est pas la première fois que de telles cavernes sont repérées. En 2012, la sonde Mars Reconnaissance Orbiter avait d’ores et déjà pris plusieurs clichés d’un mystérieux puits de lumière d’environ 35 mètres de diamètre et 20 mètres de profondeur :
Avant cela, la sonde 2001 Mars Odyssey, lancée en avril 2001, avait elle aussi capturé des images montrant pas moins de sept « trous » dans le sol martien, sur le versant nord du volcan Arsia Mons, situé à 9 degrés de latitude sud et 239 degrés de longitude est ; les diamètres de ces ouvertures variaient d’environ 100 à 225 mètres :
De nouveaux engins pour explorer ces tunnels
Pour l’instant, ce qui se trouve au fond de ces fosses plus ou moins larges demeure un mystère. La NASA a toutefois déjà développé des « cave rovers » pour explorer les tubes de lave californiens à la recherche de traces de vie microbienne, dans le cadre d’un projet baptisé BRAILLE. Ce type d’équipement, conçu pour évoluer dans des environnements à faible luminosité, pourrait un jour être utilisé sur Mars.
Les scientifiques estiment que sur Mars, Vénus ou même notre Lune, ces tubes de lave peuvent s’étirer sur des kilomètres. Et sur les planètes à moindre gravité comme Mars, certaines grottes pourraient même être assez grandes pour accueillir de petites villes. Ces grottes pourraient ainsi permettre une présence permanente de l’Homme sur la Lune et une exploration en toute sécurité de Mars.
Sur Terre, ces grottes abritent des écosystèmes complexes, tous soutenus par des microbes capables de convertir les roches en énergie vitale. Les scientifiques du projet BRAILLE pensent qu’une telle vie pourrait exister, ou du moins avoir déjà existé, dans les grottes de Mars également.
La NASA travaille par ailleurs sur des drones volants, qui pourraient éventuellement être utilisés pour cartographier ces cavernes à l’avenir. Reste à savoir comment se comportera Ingenuity, le petit hélicoptère fixé à Perseverance, qui sera le tout premier engin volant sur Mars. Le rover, quant à lui, n’aurait aucune chance de survivre à une chute dans l’une de ces fosses obscures.