Lors de son 17e périhélie le 27 septembre dernier, la Parker Solar Probe (PSP) de la NASA a atteint une vitesse vertigineuse de 635 266 kilomètres par heure — battant ainsi son précédent record (586 863,4 km/h), affirmant une fois de plus sa place d’objet le plus rapide conçu par l’Homme. Elle a également battu son record de distance par rapport au Soleil, en s’approchant à seulement 7,26 millions de kilomètres de sa surface. Ces exploits marquent une étape importante dans l’histoire de l’exploration spatiale.
Le gain de vitesse exceptionnel de PSP a été obtenu par les forces combinées de ses puissants propulseurs et de l’influence gravitationnelle de Vénus. Le 21 août, sa trajectoire a été méticuleusement planifiée et synchronisée avec celle de la planète, de sorte à pouvoir la propulser vers le Soleil. La sonde solaire est devenue de plus en plus rapide à partir du 22 septembre et a atteint les 635 266 kilomètres par heure le 27, en effectuant sa 17e boucle autour de l’étoile. Si l’un de nos avions se déplaçait à cette vitesse, il pourrait effectuer 15 fois le tour de la Terre en seulement une heure, ou un trajet New York-Los Angeles en 20 secondes ! D’après la NASA, cette vitesse a été maintenue jusqu’au 3 octobre, puis a progressivement diminué lors du retour de la sonde.
En s’approchant à seulement 7,6 millions de kilomètres du Soleil, PSP a battu son précédent record de proximité. Étant donné que notre étoile fait environ 1,4 million de kilomètres de diamètre, cela équivaudrait à se tenir à quelques pas d’un gigantesque feu de camp. D’ici 2025, la sonde aura effectué 24 boucles autour de notre étoile et sera distante de seulement 3,8 millions de kilomètres de sa surface. Pour la comparaison : si la distance Terre-Soleil était un terrain de football, le vaisseau se trouverait à 4 mètres de la surface de réparation (zone de penalty).
Fort heureusement, la sonde est équipée pour résister à des conditions thermiques extrêmes, notamment d’un bouclier en matériau composite de carbone de 11,43 centimètres d’épaisseur. Il permet de maintenir sa charge utile à température ambiante. Elle dispose également de systèmes de refroidissement et de gestion de pannes intégrés. Aux dernières nouvelles, tous les dispositifs sont en parfait état de marche et les données de la dernière rencontre avec le Soleil ont été transmises avec succès.
Détection de phénomènes inédits
Parmi les principaux objectifs de mission de PSP figure la collecte des données concernant les vents solaires et les éjections de masse coronale (CME). L’un des derniers rapports a par exemple révélé qu’elle a détecté l’une des CME les plus intenses jamais enregistrées. Cela a contribué à prouver une théorie avancée il y a 20 ans, concernant l’interaction des CME avec la poussière interplanétaire. En effet, des études ont suggéré que les CME influençaient cette dernière de sorte à la transporter vers l’extérieur. En savoir plus sur la manière dont ces événements se produisent pourrait aider à mieux prédire la vitesse à laquelle les vents solaires se déplacent vers la Terre et permettre ainsi de mieux anticiper les impacts potentiels (dommages au niveau des satellites, perturbation des réseaux de communication et de navigation, altération des réseaux électriques terrestres).
Grâce à la PSP, le phénomène a été observé pour la première fois. « Ces interactions entre les CME et la poussière ont été théorisées il y a vingt ans, mais n’avaient pas été observées jusqu’à ce que Parker Solar Probe capture une CME agissant comme un aspirateur et dégageant la poussière de son passage », explique Guillermo Stenborg, astrophysicien à l’Université Johns Hopkins.
La poussière interplanétaire est constituée de minuscules fragments provenant d’à peu près tous les objets présents dans le système solaire, notamment les astéroïdes, les comètes, les planètes, … La lumière zodiacale (parfois visible au crépuscule ou aux aurores) est une manifestation des nuages composés de cette poussière. En effet, cette dernière réfléchit la lumière et amplifie la luminosité là où elle est présente. La CME détectée par PSP a déplacé la poussière jusqu’à environ 6 millions de kilomètres du Soleil. Par ailleurs, les astronomes estiment que la sonde pourrait fournir un aperçu de phénomènes plus ou moins similaires se produisant plus bas dans la couronne solaire, tels que les événements d’assombrissement provoqués par des zones de faible densité, se produisant souvent à la suite de CME.