Transmettre plus de l’équivalent de la bande passante de l’Internet mondial en une seconde… C’est la performance que sont parvenus à réaliser des ingénieurs du National Institute of Information and Communication Technologies, tout en utilisant un format de fibre optique standard.
La technologie de la fibre optique est connue pour nous permettre de transmettre des données rapidement. Jusqu’ici, rien de nouveau sous le soleil. Cependant, une équipe d’ingénieurs est parvenue à transmettre 1,53 pétabit de données par seconde à travers une fibre optique. Avec cette performance, ils ont multiplié par trois les résultats qu’ils avaient obtenus lors d’expériences précédentes. Leurs travaux ont été présentés lors de la 48e Conférence européenne sur la communication optique (ECOC 2022).
Pour comprendre à quel point ce chiffre est impressionnant, il faut d’abord s’intéresser d’un peu plus près à ce qu’est un « pétabit » (Pbit), au-delà d’un mot à la prononciation assez amusante. Pour se faire une idée, un pétabit représente un million de gigabits. Si vous possédez une très bonne connexion Internet, il se peut que vous ayez un débit de 1 gigabit par seconde. Un pétabit représente donc un million de fois cela. En fait, selon les estimations actuelles, la bande passante de l’ensemble de l’Internet mondial est estimée à un peu moins de 1 Pbit/s.
Une transmission de données compatible avec les infrastructures existantes
Le moins que l’on puisse dire, c’est que transmettre 1,53 pétabit par seconde, cela représente donc beaucoup, beaucoup de données. Pourtant, les ingénieurs n’ont pas réellement établi un record en matière de transmission de données pure. En effet, encore récemment, Trust My Science rapportait dans un article un record de 1,83 pétabit par seconde. En revanche, il s’agit ici bien d’un record si l’on considère la technologie utilisée pour arriver à leurs fins. En effet, ils ont utilisé une fibre optique qui rentre dans les standards en usage actuellement, avec un diamètre de gaine de 0,125 mm. Elle serait donc potentiellement compatible avec les infrastructures existantes.
Concrètement, cela signifie que leur système pourrait être exploité hors d’un laboratoire de recherche. Pour augmenter la quantité de données transmises, les chercheurs ont joué sur la modulation de la lumière. Ils sont parvenus à créer 55 flux de données différents, circulant tous dans la même fibre optique. Ces données sont ensuite « décodées » à l’arrivée. Le fait de multiplier les canaux permet de transmettre beaucoup plus de données à la fois. Dans le cadre de leurs essais, les données ont ainsi parcouru plus de 25 kilomètres.
Les ingénieurs ne comptent cependant pas s’arrêter en si bon chemin, et envisagent déjà de compléter leurs travaux par le biais d’autres méthodes. « On peut s’attendre à une expansion supplémentaire en adoptant à l’avenir un multiplexage par répartition en longueur d’onde multibande », affirment-ils dans un communiqué. En effet, rappelons que la lumière est composée de différentes « longueurs d’onde ». Ces dernières peuvent être distinguées très clairement les unes des autres. Les scientifiques peuvent donc les faire circuler dans des dispositifs capables de les distinguer : de cette façon, elles peuvent également être utilisées comme différents « canaux d’informations ».