Décrite pour la première fois par le médecin allemand Alois Alzheimer en 1906, la maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative entraînant la perte progressive et irrémédiable des fonctions mentales et cognitives. Pathologie actuellement incurable, celle-ci est la cause de démence la plus répandue, touchant aujourd’hui plus de 36 millions de personnes dans le monde. La mise au point récente d’un nouveau traitement inversant totalement le cours de la maladie chez la souris ouvre une piste thérapeutique extrêmement prometteuse pour l’Homme.
La maladie d’Alzheimer se caractérise par une atteinte évolutive et définitive du tissu nerveux. Cette dernière a pour effet la perte progressive des fonctions cognitives, temporo-spatiales et mnésiques. À l’origine de ces lésions nerveuses, des plaques amyloïdes interrompant la communication neuronale et amoindrissant la plasticité cérébrale.
La bêta-amyloïde est naturellement présente dans le cerveau, mais dans certaines conditions encore mal connues, celle-ci peut s’agglomérer et conduire à la formation de depôts amyloïdes pathologiques. La production de bêta-amyloïde est stimulée par une enzyme particulière appelée BACE1.
Dans une publication parue le 14 février dans le prestigieux Journal of Experimental Medicine, une équipe de neurologues et généticiens du département de neurosciences du Lener Research Institute (Cleveland) rapporte les résultats d’un nouveau traitement inhibant l’activité de l’enzyme BACE1, et inversant complètement l’évolution de la maladie d’Alzheimer chez les souris. Non seulement la progression de la maladie a donc été stoppée, mais les facultés cognitives des souris se sont également considérablement améliorées.
Pour mener à bien leur expérience, les chercheurs ont modifié chez un premier groupe de rongeurs, le gène à l’origine de l’expression de l’enzyme BACE1, pour que la production de cette dernière diminue au fur et à mesure de leur croissance. Et pour un deuxième groupe témoin, le gène a cette fois-ci été totalement désactivé. Tandis que les seconds ont montré de sérieuses lésions cérébrales (démontrant que la bêta-amyloïde joue, à petite dose, un rôle dans la bonne santé du cerveau), les premiers n’ont jamais développé la maladie d’Alzheimer.
Les auteurs ont ensuite confirmé leur hypothèse via la reproduction des souris du premier groupe témoin avec des souris modifiées pour développer la maladie. Bien que leur descendance aient commencé à présenter des signes de dépôts amyloïdes, ces derniers ont rapidement régressé au fur et à mesure que les souris perdaient l’enzyme BACE1, pour finir par totalement disparaître.
Malgré ces résultats prometteurs, les chercheurs restent très prudents. L’un des auteurs, Riqiang Yan, rappelle que si l’inhibiteur de la BACE1 fonctionne parfaitement chez les souris, il se pourrait qu’il n’agisse pas aussi efficacement chez l’Homme, bien que cinq types d’inhibiteurs enzymatiques soient actuellement en cours d’essais chez des patients. En outre, chez l’humain, l’enzyme BACE1 joue un rôle important dans d’autres processus physiologiques ; l’inhiber pourrait donc poser problème. Néanmoins, ces travaux représentent tout de même une première étape pleine de promesses.