Le glioblastome est la tumeur cérébrale la plus agressive et fréquente, son taux de survie étant encore aujourd’hui très faible (5% à 5 ans). Récemment, des chercheurs de l’Institut de recherche sur le cancer (ICR) et de l’hôpital Royal Marsden de Londres ont accompli une avancée très encourageante en testant un traitement innovant, qui a permis de faire disparaître une tumeur avancée chez l’un des sujets de l’étude.
Grâce à une combinaison de chimiothérapie et d’immunothérapie basée sur un médicament connu sous le nom d’atezolizumab, les résultats dans le cadre d’un petit essai se sont montrés très encourageants. Deux personnes atteintes d’un glioblastome avancé ont particulièrement bien réagi au traitement expérimental. Dans un des deux cas, la tumeur potentiellement mortelle semble avoir complètement disparu.
Bien qu’il s’agisse de recherches très précoces, il faut relever qu’il est inhabituel d’obtenir une si bonne réponse dans le cadre d’un si petit essai, ce qui est très encourageant pour la suite de l’étude. Dix patients ont été recrutés dans cet essai de phase I, appelé Ice-Cap. Tous étaient atteints de glioblastome avancé, la tumeur cérébrale la plus fréquente et la plus agressive.
Révéler les tumeurs au système immunitaire
Deux des patients ont réagit à l’agent d’immunothérapie atezolizumab associé à l’ipatasertib (jusqu’ici à l’étude pour traiter le cancer du sein), un nouveau médicament de précision qui pourrait permettre de révéler les tumeurs au système immunitaire. La plupart des patients choisis pour l’essai avaient des tumeurs présentant des anomalies dans un gène appelé PTEN, et dans quatre cas (dont les deux qui ont si bien réagi), le gène PTEN ne fonctionnait plus du tout.
L’ipatasertib bloque une molécule appelée Akt. Les chercheurs, qui ont présenté leurs résultats lors de la réunion annuelle de l’Association américaine pour la recherche sur le cancer, affirment que les signaux de croissance impliquant Akt sont exploités par les cancers dont le gène PTEN ne leur permet pas de se développer et se propager, ce qui explique pourquoi les patients présentant des anomalies du gène PTEN pourraient bénéficier davantage de ce traitement.
Une disparition du cancer chez un patient initialement condamné
Suite au traitement, Hamish Mykura, 59 ans, a vu sa tumeur disparaître des scanners. On lui a diagnostiqué un glioblastome en août 2018, et il a été orienté vers le Royal Marsden pour un traitement qui comprenait une chimiothérapie et une radiothérapie, en plus d’une chirurgie à l’hôpital St George. Lorsque le traitement a cessé de fonctionner et que le cancer a commencé à se développer en août 2019, il a rejoint l’essai Ice-Cap. Vingt mois plus tard, Hamish n’a plus de cancer visible.
« Le voyage émotionnel que j’ai vécu ces dernières années a été dramatique et, compte tenu de la gravité de mon diagnostic, il est étonnant que je sois encore là », a-t-il déclaré. « En fait, quelques mois après le début de l’essai, j’ai eu l’impression que tout espoir avait disparu, car il semblait que mon cancer avait recommencé à se développer. Cependant, la chirurgie a révélé que la croissance était en fait une inflammation causée par les médicaments qui attaquaient la tumeur – ils fonctionnaient. Depuis, […] les scanners indiquent que mon cancer est stable ».
Une option thérapeutique révolutionnaire
« Le cancer du cerveau est capable d’échapper au système immunitaire de manière complexe et, jusqu’à présent, l’immunothérapie n’a pas fonctionné. Cependant, en dévoilant la maladie à l’aide d’un nouveau médicament appelé ipatasertib, cette étude suggère que nous pourrions rendre certains cancers du cerveau vulnérables à l’atezolizumab », a déclaré la Dr Juanita Lopez, responsable de l’étude.
« Nous pensons que nos résultats ouvrent la voie à la poursuite du développement de ce qui pourrait devenir une option thérapeutique révolutionnaire pour certains patients atteints de glioblastomes agressifs. Les patients atteints de glioblastome ont un taux de survie très faible, et encore moins de nouvelles options thérapeutiques », ajoute-t-elle.
« Ces nouveaux résultats d’essais préliminaires, bien que portant sur seulement 10 patients, sont passionnants, car ils montrent le potentiel de l’immunothérapie pour les patients atteints d’un cancer du cerveau agressif lorsqu’elle est associée à un médicament qui dévoile efficacement la maladie au système immunitaire », déclare le professeur Johann de Bono, professeur de médecine expérimentale du cancer à l’ICR et oncologue médical consultant au Royal Marsden, qui a également participé à l’étude Ice-CAP. « C’est formidable de voir les avantages que cette association a déjà eus chez un petit nombre de patients qui n’avaient plus d’autres options, et j’espère qu’avec la poursuite du développement clinique, elle pourra devenir un nouveau traitement proposé d’office à certains patients », conclut-il.