Dans les maladies inflammatoires, notamment les maladies auto-immunes, la réaction excessive du système immunitaire est à l’origine d’un ensemble de symptômes systémiques pouvant parfois engager le pronostic vital des personnes touchées. Un certain nombre de traitements anti-inflammatoires sont actuellement utilisés, mais la majorité provoque d’importants effets secondaires. Récemment, une équipe d’immunologistes australiens a découvert, par sérendipité, qu’une molécule anticancéreuse présentait également une action fortement anti-inflammatoire sans effets secondaires. Les tests n’ont pour le moment été menés que chez la souris, mais ils s’avèrent cependant prometteurs pour lutter contre les maladies inflammatoires et les cancers.
Des chercheurs du Peter Mac Institute (Australie) ont découvert un moyen innovant d’atténuer l’inflammation sévère chez la souris, mettant en évidence une nouvelle approche thérapeutique potentielle pour les maladies inflammatoires et auto-immunes telles que l’arthrite, le psoriasis et les maladies du foie, ainsi que certains cancers.
La recherche, co-dirigée par le laboratoire du professeur Mark Dawson, en collaboration avec des scientifiques de GlaxoSmithKline (GSK), a fait la découverte tout en recherchant de nouvelles façons d’améliorer une thérapie anticancéreuse existante qui interfère avec les processus contrôlant l’expression des gènes à l’intérieur des cellules.
Les effets secondaires des thérapies anti-inflammatoires actuelles
Les cellules hyperactives dans le cancer et les maladies auto-immunes expriment souvent des niveaux anormalement élevés de certains gènes qui conduisent à la maladie. Les thérapies qui peuvent inverser cette expression génique anormale ont montré des avantages à la fois dans le cancer et les conditions inflammatoires.
Cependant, comme ces processus sont également nécessaires dans les cellules normales, bon nombre de ces thérapies ont des effets secondaires indésirables, ce qui a incité les chercheurs à modifier la conception du médicament, ce qui a conduit au développement de composés beaucoup plus spécifiques que leur prédécesseur.
L’équipe travaillait sur une classe de médicaments qui stoppe l’action de la famille de protéines BET, qui sont en cours d’évaluation dans des essais cliniques pour une variété de cancers à travers le monde. Ces médicaments agissent en bloquant deux sites au sein des protéines BET, rendant les protéines non fonctionnelles et tuant les cellules cancéreuses. Bien que cette approche thérapeutique puisse être efficace, elle peut également entraîner des effets secondaires indésirables.
Une action anti-inflammatoire sans effets secondaires chez la souris
Les chercheurs ont voulu déterminer s’ils pouvaient minimiser les effets hors cibles tout en maintenant l’activité anticancéreuse. Pour ce faire, ils ont travaillé avec l’équipe de scientifiques de GSK, qui a conçu des composés pour interférer avec un seul des sites à la fois. À leur grande surprise, ils ont découvert que lorsqu’ils bloquaient sélectivement le deuxième site BD2, le médicament n’avait plus d’activité anticancéreuse mais devenait un puissant suppresseur de la fonction des cellules immunitaires.
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« Lorsque le bloqueur sélectif BD2 a été administré à des souris atteintes de maladies inflammatoires qui imitent les maladies auto-immunes humaines, notamment l’arthrite, le psoriasis et les maladies du foie, il a agi pour supprimer la fonction immunitaire de manière puissante et spécifique », explique le professeur Gilan. Le traitement a été bien toléré par les souris et leur maladie inflammatoire a été considérablement améliorée et, dans certains cas, était encore plus efficace que les traitements actuellement disponibles.
Vers une nouvelle thérapie anti-inflammatoire
« Un autre très bon résultat de cette étude est que nous avons également enfin mis en lumière le mystère biologique de la raison pour laquelle ces protéines BET ont deux régions presque identiques qui sont conservées tout au long de l’évolution. Surtout, en montrant que chaque région a une région complètement distincte et non redondante, nous avons découvert une approche entièrement nouvelle pour lutter contre des maladies telles que le cancer et l’inflammation chronique », indique Dawson.
S’ils sont confirmés chez l’Homme, les résultats pourraient avoir un impact majeur sur les personnes souffrant de cancers et de maladies inflammatoires chroniques. « Nous sommes encore loin de tester cette nouvelle thérapie chez l’Homme, mais ces études de preuve de principe chez la souris sont certainement prometteuses », conclut Dawson.