Réunis en Afrique du Sud, des experts en géologie ont appelé à déclarer la fin de l’Holocène, l’ère géologique actuelle et le début d’une nouvelle période marquée par l’action de l’homme : l’Antropocène.
Est-ce bientôt le début d’une nouvelle ère géologique ? Sans aucun doute ! C’était le lundi 29 août au Cap (Afrique du Sud), lors du Congrès géologique international, que des scientifiques ont voté à 30 voix contre 3 (dont deux abstentions) que le passage à l’ère anthropocène devait bel et bien être déclaré, compte tenu de l’impact de l’homme sur la planète.
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Qu’est-ce que l’ère Anthropocène ?
Changement climatique, érosion des sols, disparition d’espèces, réchauffement des océans… La liste des conséquences des actions de l’homme sur la planète est longue. Pour la première fois en 4,5 milliards d’années, une espèce unique a radicalement changé la morphologie, la chimie et la biologie de la Terre.
C’était déjà en 2000 que Paul Crutzen, chimiste et prix Nobel néerlandais, a imaginé ce nom. Selon lui cette « ère de l’homme » consiste en un nouvel âge géologique marqué par la capacité de l’humain à transformer la Terre. Selon le scientifique, cette ère aurait débuté à la fin du XVIIIe siècle, avec la révolution industrielle. Une datation qui fait débat au sein de la communauté scientifique : les experts réunis en Afrique du Sud prennent quant à eux pour point de départ les années 1950, qui ont vu l’accélération de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Néanmoins, ce congrès marque déjà la reconnaissance scientifique de ce nouvel âge géologique ! Ce qui n’est pas vraiment un bonne nouvelle pour l’environnement : « L’homme est devenu une force telle qu’il modifie la planète. C’est aussi inquiétant », a annoncé Catherine Jeandel, directrice de recherche au CNRS et membre de ce groupe qui travaille depuis plus de sept ans sur la question. Une question se pose alors, pourquoi employer le terme Anthropocène, au lieu de simplement celui de crise environnementale ? À ce sujet, un historien des sciences, Christophe Bonneuil, répondait déjà en 2013 : « dire qu’on est entrés dans l’Anthropocène, c’est dire qu’il ne s’agit pas d’une crise passagère (…) , mais d’une révolution géologique d’origine humaine ». En gros, une remise en question totale de notre modernité industrielle.
Quelques faits malheureux, démontrant que l’Antropocène a bien débuté. Les activités humaines ont (notamment) :
- Augmenté les taux d’extinction des animaux et des plantes bien au-dessus de la moyenne sur le long terme. Si les tendances actuelles se poursuivent, plus de 75% des espèces disparaîtront au cours des prochains siècles.
- Mis tellement de plastique dans les cours d’eau et les océans que les particules microplastiques sont désormais pratiquement omniprésentes !
- Doublé l’azote et le phosphore dans les sols de la Terre avec l’utilisation des engrais, rien qu’au cours du siècle dernier. Ceci est susceptible d’être le plus grand impact sur le cycle de l’azote depuis plus de 2,5 milliards d’années.
- Laissé en permanence une couche de particules dans les sédiments et les glaciers (tels que le carbone), provenant de la combustion des énergies fossiles.
(Ci-dessus, ne sont que quatre exemples, parmi – malheureusement – tant d’autres). Il va falloir attendre encore un moment pour que l’ère anthropocène soit notée dans « l’échelle des temps géologiques », régulée par la Commission internationale de stratigraphie. Ainsi, la recommandation des scientifiques réunis en Afrique du Sud doit être validée par l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS). Cette reconnaissance pourrait donc encore prendre deux à trois ans, et ce n’est qu’à partir de ce moment-là que nous pourrons officiellement et définitivement dire au revoir à l’holocène, une ère géologique commencée il y a environ 10 000 ans…
VIDEO : L’Antropocène, résumée et expliquée en 3 minutes !
Crédits vidéo : Globaia, Planet Under Pressure, SEI, SRC, CSIRO, notre-planete.info