Les maladies cardiovasculaires font plus de victimes chaque année dans le monde que toute autre cause. Selon une vaste et récente étude, une nouvelle pilule à action multiple (polypill) quotidienne pourrait considérablement réduire ce risque, mais les experts sont divisés sur l’éthique du traitement.
Environ 18 millions de personnes meurent chaque année de maladies cardiovasculaires dans le monde, et 80% d’entre elles vivent dans des pays pauvres et à revenu intermédiaire menacés par l’augmentation des taux d’obésité, de diabète, de tabagisme et de sédentarisation.
La polypill pourrait être une solution pour diminuer ce chiffre. Elle consiste en l’association, dans un seul comprimé, de plusieurs composants actifs pour la prévention cardiovasculaire. La polypill fut proposée la première fois il y a 20 ans déjà, et avait alors démontré une efficacité convaincante dans la diminution de l’incidence des accidents cardiovasculaires (diminution de 70-80%).
Selon une récente étude réalisée par la Tehran University of Medical Sciences, en Iran, une seule « polypill » par jour (contenant un composé similaire à l’aspirine, deux médicaments anti-hypertenseurs et une statine hypocholestérolémiante) a permis de réduire d’environ un tiers le risque de tout accident cardiovasculaire. Le risque direct de crise cardiaque a été réduit de moitié, pour près de 7000 villageois iraniens. Les résultats de l’étude ont été publiés dans la revue The Lancet.
6838 personnes ont été impliquées au total dans l’étude. Parmi les participants, 3417 faisaient partie d’un groupe des soins minimaux et 3421 ont été placés dans un groupe de soins maximaux. Les candidats du dernier groupe ont régulièrement pris la polypill, avec une régularité de prise (observance) proche des 80%.
Au cours du suivi (d’une durée de 5 ans), 301 individus (8.9%) des 3417 participants du groupe des soins minimaux ont subi des accidents cardiovasculaires majeurs, comparativement à 202 (5.9%) des 3421 participants du groupe de soins maximaux. Une différence significative.
Les chercheurs n’ont trouvé aucune interaction statistiquement significative avec la présence ou l’absence de maladie cardiovasculaire préexistante, ce qui signifie que le traitement est « utile » pour tout individu (qu’il soit en bonne santé ou non).
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La fréquence des effets indésirables était semblable dans les deux groupes d’étude. 21 hémorragies intracrâniennes ont été signalées au cours du suivi (10 participants dans le groupe polypill et 11 dans le groupe des soins minimaux). Il y a eu 13 diagnostics confirmés de saignements gastro-intestinaux supérieurs dans le groupe de soins maximaux, contre 9 dans le groupe de soins minimaux.
L’utilisation de la polypill s’est donc avérée efficace pour prévenir les accidents cardiovasculaires majeurs. L’observance du traitement était élevée (≈80%) et le nombre d’événements indésirables était faible. La stratégie « polypills » pourrait être considérée comme une composante supplémentaire efficace dans le contrôle des maladies cardiovasculaires.
Cependant, bien que les résultats de l’étude soient prometteurs, certains experts soulignent les dangers de la distribution d’un médicament « à dose unique », notamment car chaque composant actif contenu dans la polypill a ses propres effets secondaires.