Après le succès de ChatGPT, OpenAI compte appliquer l’intelligence artificielle (IA) de pointe à la robotique. Grâce à une première levée de fonds de 23,5 millions de dollars, sa nouvelle série de robots humanoïdes NEO verra le jour cet été et risque plus que jamais de bouleverser le marché du travail.
La croissance fulgurante de l’intelligence artificielle (IA) marque un tournant décisif dans l’économie mondiale. La technologie progresse rapidement, permettant son application dans divers domaines, y compris le travail de bureau. De plus en plus d’emplois administratifs sont pris en charge par des IA telles que ChatGPT, qui interviennent également dans l’enseignement et de nombreux autres secteurs. Dans les années à venir, cette transition entraînera une hausse de la productivité et des retours sur investissement jamais atteints auparavant pour les entreprises. Toutefois, il est également probable qu’une augmentation du chômage se produise dans de nombreux secteurs d’activité.
L’avènement des robots humanoïdes dotés d’IA offrira une plus grande polyvalence et permettra d’étendre leur application aux travaux manuels, notamment pour un usage général. Le robot humanoïde le plus célèbre à ce jour est Atlas de Boston Dynamics, une filiale de Hyundai. La dernière démonstration de l’entreprise a présenté un robot capable de courir, franchir des obstacles, transporter des charges lourdes et coopérer avec un collègue humain, et ce dans une véritable dynamique de chantier. Le robot a réalisé toutes ces tâches avec une fluidité impressionnante dans l’exécution de ses mouvements. Cependant, l’entreprise mise principalement sur la mécanique et la sécurité de la technologie et n’a annoncé son déploiement à grande échelle que sur le long terme, notamment car ses robots sont pour le moment démonstratifs et ne sont pas autonomes.
Plusieurs autres entreprises envisagent cependant de commercialiser rapidement des robots humanoïdes dotés d’IA. OpenAI a levé des fonds en collaboration avec 1X (anciennement Halodi Robotics) pour relancer sa division de robotique et développer une intelligence artificielle générale (AGI). « 1X est à l’avant-garde de l’augmentation de la main-d’œuvre grâce à l’utilisation de technologies avancées et sûres en robotique », déclare Brad Lightcap, directeur des opérations chez OpenAI, dans un communiqué. La nouvelle série de robots NEO, à venir prochainement, est conçue pour accomplir la plupart des tâches humaines grâce au modèle de langage GPT.
Faire face à une pénurie de main-d’œuvre ?
OpenAI disposait autrefois d’une division de robotique qui lui a permis de concevoir une main capable d’effectuer des manipulations et des détections précises. Ses mouvements sont dirigés par un réseau neuronal artificiel et un apprentissage par renforcement. L’entreprise a réalisé une démonstration au cours de laquelle leur main robotique a réussi à résoudre un Rubik’s Cube.
Une vidéo montrant la main robotique d’OpenAI résolvant un Rubik’s Cube :
Cependant, l’entreprise a décidé de fermer cette division en 2021 pour se concentrer davantage sur l’IA générative et les grands modèles de langage tels que GPT. Selon les responsables, les robots dirigés par l’IA ont une capacité d’apprentissage satisfaisante pour les tâches physiques. Toutefois, il leur fallait traiter davantage de données pour cela, posant un problème de rentabilité. L’entreprise a donc choisi de se focaliser uniquement sur le texte afin d’optimiser le traitement et la performance, et dispose aujourd’hui de la plateforme d’IA à la croissance la plus rapide au monde.
OpenAI se tourne donc à nouveau vers la robotique, par le biais de son partenariat avec 1X. La série NEO serait une version améliorée d’EVE, un robot humanoïde se déplaçant à l’aide d’un socle roulant (et donc encore limité pour accomplir des tâches manuelles) précédemment développé par la société norvégienne. NEO se déplacera quant à lui sur deux jambes, affichera un visage sur un écran et utilisera des bras et des mains aux mouvements précis pour effectuer diverses manipulations.
Le déploiement à grande échelle de ces robots permettrait de pallier une pénurie de main-d’œuvre, qui se fait d’ailleurs de plus en plus ressentir. Ce manque de main-d’œuvre touche notamment des secteurs tels que la logistique, l’industrie, la santé… De nombreuses entreprises peinent à recruter dans le monde entier. Les robots humanoïdes quant à eux, seront disponibles à toute heure et élargiront constamment leurs capacités.
D’importants retours sur investissement pour les entreprises sont à prévoir, car non seulement les coûts d’exploitation diminueront, mais la productivité augmentera aussi considérablement. Il faut également garder à l’esprit que malgré un investissement de départ qui peut sembler conséquent (et les frais de maintenance), un robot coûte à terme beaucoup moins qu’un humain, étant donné qu’il ne nécessite pas de salaire, de congés payés, de sécurité sociale, etc. Toutefois, cette alternative soulève inévitablement des problèmes éthiques, car de nombreux salariés jusqu’à présent à l’abri de ces technologies pourraient être remplacés par des robots humanoïdes dotés d’IA. Des rapports estiment que l’IA remplacera 85 millions d’emplois dans le monde d’ici 2025.
D’un autre côté, certaines études suggèrent que la transformation du monde du travail vers l’IA et la robotisation offrira de nouvelles opportunités : 85% des emplois en 2030 n’existeraient d’ailleurs pas encore. La technologie pourrait également contribuer à la création de nouveaux emplois liés à la conception, la maintenance et le développement des robots et de l’IA. Les travailleurs devront s’adapter en acquérant de nouvelles compétences et en se formant aux métiers émergents dans le secteur de la robotique et de l’IA.
La dernière vidéo de démonstration d’Atlas, le robot humanoïde conçu par Boston Dynamics :