Un séisme d’une magnitude exceptionnelle a été enregistré sur Mars en 2022, remettant en question les perceptions antérieures de la planète comme géologiquement « morte ». Initialement attribué à un impact météoritique, des études approfondies ont révélé une origine tectonique. Cette révélation suggère que Mars est donc géologiquement plus active que prévu !
Le 4 mai 2022, le module InSight de la NASA, aujourd’hui hors service, a détecté un séisme de magnitude 4,7, surpassant largement le précédent pic de 4,2 observé en 2021. Alors que la majorité des séismes s’estompent en moins de soixante minutes, celui-ci a exceptionnellement résonné pendant six heures, établissant un record en tant que séisme le plus intense et le plus durable jamais observé ailleurs que sur Terre.
Cet événement a laissé les scientifiques perplexes. Mars, considérée depuis longtemps comme une planète géologiquement « morte », ne montrait que peu de signes d’activité volcanique, encore moins d’une activité capable de provoquer un tel tremblement de terre.
Mais une étude récente, loin de l’hypothèse initiale d’un impact météoritique, pointe vers des forces tectoniques internes, remettant en question certaines connaissances sur la géologie martienne. Les résultats, publiés dans la revue Geophysical Research Letters, pourraient également influencer les futures missions martiennes.
Recherche d’un impact météoritique dans un effort collaboratif sans précédent
Lorsque le séisme sans précédent a été détecté sur Mars, la communauté scientifique s’est rapidement orientée vers l’explication la plus plausible : un impact météoritique. En effet, le signal de cet événement (baptisé « S1222a ») était similaire aux séismes antérieurs connus pour être provoqués par un tel impact. Pour confirmer cette théorie, une équipe internationale de scientifiques, dirigée par l’Université d’Oxford, a lancé une étude approfondie pour trouver un nouveau cratère.
Bien que Mars soit plus petite que la Terre, sa superficie est similaire, car elle n’a pas d’océans. Afin d’étudier cette énorme quantité de terrain — 144 millions de km² —, le Dr Benjamin Fernando, responsable de l’étude, du Département de physique de l’Université d’Oxford, a sollicité les contributions de l’Agence spatiale européenne, de l’Agence spatiale nationale chinoise, de l’Organisation indienne de recherche spatiale et de l’Agence spatiale des Émirats arabes unis. Selon le communiqué de l’Université, c’est la première fois que toutes les missions en orbite autour de Mars collaborent sur un seul projet.
Au cours de son séjour sur Mars, InSight a enregistré au moins 8 événements sismiques provoqués par des impacts de météorites. Les deux plus grands d’entre eux formaient des cratères d’environ 150 m de diamètre. Si l’événement S1222a était dû à un impact, le cratère aurait dû faire au moins 300 mètres de diamètre.
Chaque groupe de chercheurs a examiné les données de leurs satellites en orbite autour de Mars pour identifier un nouveau cratère ou toute autre signature révélatrice d’un impact (par exemple un nuage de poussière apparaissant dans les heures qui ont suivi le séisme).
Après plusieurs mois de recherches, l’équipe a annoncé aujourd’hui qu’aucun nouveau cratère n’avait été découvert. Cela aurait été la preuve irréfutable d’un impact météoritique. Face à cette absence, les scientifiques ont dû reconsidérer l’hypothèse de la source du séisme. Ils concluent ainsi que l’événement a plutôt été provoqué par la libération d’énormes forces tectoniques à l’intérieur de la planète rouge. Cela indique que Mars est beaucoup plus active sur le plan sismique qu’on ne le pensait jusqu’ici.
Une origine tectonique qui révèle une planète toujours active
Sur Terre, les mouvements sismiques sont principalement causés par le déplacement des plaques tectoniques. Ces vastes plaques de croûte terrestre se déplacent, entrent en collision ou glissent les unes contre les autres, générant ainsi des tremblements de terre. Mars, en revanche, ne présente pas ce système de plaques tectoniques distinctes. Sa surface est plus rigide et uniforme, ce qui a longtemps conduit à croire que la planète était géologiquement stable.
Toutefois, ce séisme de 2022 a révélé une autre facette de la géologie martienne. Bien que Mars n’ait pas de plaques tectoniques en mouvement, elle n’est pas exempte de tensions internes. Ces tensions, accumulées sur des millénaires, sont le fruit de processus géologiques profonds. Au fil du temps, alors que Mars se refroidissait, différentes régions de la planète se sont contractées à des vitesses variées. Cette disparité de contraction a engendré des contraintes au sein de la croûte martienne.
Lorsque ces contraintes atteignent un seuil critique, elles peuvent être libérées sous forme de séismes, même en l’absence de plaques tectoniques. C’est probablement ce qui s’est produit avec le séisme détecté par InSight. Cette découverte souligne la complexité de la géologie martienne et rappelle que, même sans plaques tectoniques, une planète peut être géologiquement active et dynamique.
Benjamin Fernando conclut : « Nous ne comprenons pas encore pleinement pourquoi certaines parties de la planète semblent subir des stress plus élevés que d’autres, mais des résultats comme ceux-ci nous aident à approfondir nos recherches. Un jour, ces informations pourraient nous aider à comprendre où les humains pourraient vivre en toute sécurité sur Mars et où il serait préférable d’éviter de s’installer ! ».