En raison des limites de la méthode de diagnostic actuellement la plus utilisée, de nombreux patients risquent de subir un infarctus ou une mort cardiaque sans avoir été identifiés comme étant à risque. Face à cette réalité, des chercheurs britanniques ont développé une nouvelle solution, alimentée par l’intelligence artificielle, visant à pallier ces lacunes de diagnostic dans le but de sauver des vies. Selon ces derniers, l’outil serait capable de détecter les signes avant-coureurs jusqu’à 10 ans avant qu’un infarctus ne se produise.
La crise cardiaque, appelée aussi infarctus du myocarde, est l’une des causes majeures de mortalité dans le monde. En France, elle serait la cause d’environ 120 000 morts par an, selon la Fondation pour la recherche médicale (FMR). Dans le pays, des centaines de milliers de personnes souffrant de douleur thoracique effectueraient un scanner cardiaque afin d’identifier les rétrécissements ou blocages des artères coronaires, des sources courantes de crise cardiaque. Cet examen, appelé « tomodensitométrie » ou TDM, constitue une méthode de diagnostic standard. Elle exploite une combinaison d’imagerie rayons X et de technologies informatiques pour produire des images détaillées de la structure interne du corps.
Cependant, selon les résultats d’une nouvelle étude d’une équipe de l’Université d’Oxford, dirigée par le professeur Charalambos Antoniades, cette technologie n’est pas totalement efficace. Afin de compenser les limites de la TDM, les scientifiques ont développé un outil alimenté par l’IA. Le système qu’ils ont mis au point permet aux médecins de diagnostiquer avec plus de précision les risques d’infarctus. L’outil a été présenté lors des sessions scientifiques de l’American Heart Association à Philadelphie, une conférence au sein de laquelle les chercheurs partagent les dernières avancées dans le domaine de la cardiologie.
La limite de la TDM
Selon les auteurs de l’étude, dans environ 75% des cas, la TDM ne révèle aucun signe clair de rétrécissement des artères. En conséquence, de nombreux patients sont rassurés à tort après l’examen, car considérés comme étant en bonne santé. Or, certains d’entre eux décèdent parfois d’une crise cardiaque subite. Et pour cause, certains rétrécissements des vaisseaux sont indétectables via TDM. En d’autres termes, cette méthode n’est pas assez performante pour détecter ces risques plus subtils et potentiellement mortels.
D’après l’étude menée par l’équipe, parmi 40 000 personnes ayant passé une TDM, un grand nombre a été diagnostiqué comme « à risque ». Cependant, un nombre encore plus important de patients n’ayant présenté aucun signe a subi un infarctus dans les années qui ont suivi.
« Notre étude a révélé que certains patients se présentant à l’hôpital avec des douleurs thoraciques — qui sont souvent rassurés et renvoyés chez eux – courent un risque élevé de subir une crise cardiaque au cours de la prochaine décennie, même en l’absence de tout signe de maladie dans leurs artères cardiaques », a expliqué le professeur Antoniades d’après le site de l’Université.
Une IA pour aider les médecins
L’outil d’IA développé par les chercheurs repose sur l’analyse de certains facteurs cliniques et de deux principales données. Il a été formé pour détecter les rétrécissements des artères coronaires, y compris les plus petits. Il étudie également le changement des dépôts de graisse autour des artères en cas d’inflammation. Les modifications relatives peuvent indiquer un risque accru d’infarctus.
L’objectif est d’aider les médecins à perfectionner leur méthode de diagnostic afin de mieux identifier les patients à risque. Équipés de cet outil, ils seraient en mesure de prendre des décisions plus éclairées sur les traitements à prescrire pour prévenir les crises cardiaques. L’IA serait capable de détecter les signes avant-coureurs jusqu’à 10 ans avant qu’un infarctus ne se produise.
Au cours d’un essai de l’outil, les médecins ont pu améliorer le traitement de 45% des patients ayant subi une TDM de routine dans divers hôpitaux britanniques. Par ailleurs, les chercheurs suggèrent que leur technologie pourrait diminuer les cas d’infarctus de plus de 20% et réduire les décès cardiaques de 8% chez les patients ayant subi une TDM.