Les objets contenant des substances per- et poly- fluoroalkylées (PFAS), très présents dans notre quotidien, seraient très néfastes pour la santé d’après une étude. Les PFAS seraient notamment en cause de nombreux troubles physiologiques, tels que l’insuffisance hépatique, l’hypercholestérolémie, les troubles hormonaux, etc. Cependant, il n’existe encore que peu de méthodes permettant de quantifier précisément l’exposition aux PFAS, une donnée essentielle pour pouvoir développer des solutions appropriées. Récemment, des chercheurs de l’école de médecine de Mount Sinai ont développé une nouvelle méthode de mesure, englobant une large gamme de catégories de substances PFAS. Le nouvel outil permettrait de quantifier avec précision l’exposition cumulée à ces substances et présenterait des avantages importants pour les épidémiologistes.
Les substances PFAS englobent plus de 5000 produits différents, et composent ou enrobent divers objets du quotidien, comme les poêles antiadhésives, les revêtements pour voiture, les emballages alimentaires, les produits ou tissus antitaches, certains cosmétiques imperméables à l’eau, etc. Leur liaison fluoro-carbone leur permet de repousser l’eau et l’huile, leur conférant un côté très pratique, rendant ainsi hydrophobes divers matériaux. Cependant, cette liaison chimique les empêche d’être biodégradables, en plus de provoquer leur accumulation dans nos tissus organiques et notre sang — par le biais de nos aliments. Leur résistance à la dégradation est telle qu’on les surnomme « produits éternels ».
Bien que l’on n’en connaisse pas encore les mécanismes physiopathologiques exacts, des études antérieures ont révélé qu’en s’incrustant dans notre organisme, les PFAS sont potentiellement responsables de graves troubles de santé. Une forte teneur en cette catégorie de substances serait notamment liée à une hausse de la tension artérielle, elle-même associée à une plus forte prévalence du diabète de type 2. En s’incrustant dans le foie et les reins, ces substances seraient également potentiellement responsables d’insuffisances rénales et hépatiques. D’autres problèmes ont également été signalés comme étant potentiellement liés, tels que les troubles immunitaires chez les enfants (diminution de la réponse aux vaccins) et les maladies de la thyroïde (dérèglement hormonal).
La nouvelle étude, parue dans la revue Environmental Health Perspectives, décrit un nouvel outil quantifiant l’exposition aux PFAS, en tenant compte de nombreux paramètres de variabilité. « Il existe peu de méthodes pour quantifier la charge d’exposition totale des individus aux mélanges de produits chimiques PFAS que l’on trouve dans notre vie quotidienne », explique Shelley Liu, professeure adjointe au centre de biostatistiques de l’école de médecine de Mount Sinai, et auteure principale de la nouvelle étude.
Les outils actuels se concentrent notamment sur les mesures des concentrations chimiques individuelles des substances PFAS. « Pour la première fois, nous avons développé un calculateur de charge PFAS qui prend en compte les schémas d’exposition à de nombreux produits chimiques de la famille PFAS », indique l’experte. Les chercheurs estiment avoir développé une méthode de mesure standardisée et efficace pour la biosurveillance, qui pourrait être au service des organismes de règlementation des risques pour la santé publique.
Un outil qui tient compte des facteurs de variabilité
Pour développer leur nouvel outil, les chercheurs de Mont Sinai ont préalablement récolté des données nationales de biosurveillance sur la santé et la nutrition. Les données concernaient plus précisément des mesures de la concentration sérique de huit catégories de produits PFAS courants relevées chez des adultes et des enfants. La charge en PFAS a ensuite été évaluée sur la base de la théorie de « réponses aux items » — des tests informatifs permettant de noter des essais standardisés.
En combinant les mesures de biomarqueurs de base des participants avec celles effectuées par le nouvel outil, les chercheurs ont pu évaluer la charge d’exposition cumulative aux PFAS. L’outil est accessible en ligne pour d’autres chercheurs et épidémiologistes, qui pourront calculer la charge totale en PFAS en intégrant leurs données de base, tout simplement. Cette accessibilité permettra d’effectuer des études comparatives entre plusieurs recherches, grâce aux mesures de différents ensembles de produits.
De plus, l’outil tient compte de nombreux facteurs de variabilité tels que l’origine ethnique, les facteurs socio-économiques, les différents habitats et l’environnement de vie, etc. Les données physiologiques sont également quantifiées : cardiométabolisme, variations hormonales et immunitaires, …. La considération de ces grands ensembles de paramètres permettrait de réduire les marges d’erreur de la mesure tout en englobant une large catégorie de substances PFAS.
« En capturant la variabilité individuelle des biomarqueurs, nous maintenons essentiellement la métrique d’exposition constante, afin qu’elle puisse être utilisée pour une variété d’applications », explique Liu.