Le défi énergétique et environnemental moderne auquel font face les pays développés ou en développement implique de trouver rapidement des stratégies de transition et d’adaptation des ressources afin de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Cela implique des décisions au niveau des sources et vecteurs énergétiques qui seront privilégiés à l’avenir, et actuellement, il n’existe que deux solutions : s’orienter davantage vers les énergies renouvelables, ou vers le nucléaire. Une nouvelle étude révèle cependant que les pays qui ont adopté une stratégie axée sur les énergies renouvelables ont considérablement réduit leurs émissions de carbone, tandis que ceux ayant choisi l’énergie nucléaire ne sont pas parvenus à en faire autant.
Le nucléaire et les énergies renouvelables sont considérés comme les deux moyens clés pour les gouvernements pour « décarboniser » l’environnement, mais la question de savoir si l’un d’eux est plus efficace pour lutter contre le changement climatique n’a pas été entièrement abordée. Alors que plusieurs pays sont sur le point de décider s’il faut soutenir de nouvelles centrales nucléaires pour atteindre les objectifs en matière d’émissions carbone, la question était jusqu’ici en suspens.
Pour le savoir, Benjamin Sovacool, de l’université du Sussex au Royaume-Uni et ses collègues, ont étudié les émissions de dioxyde de carbone et le PIB sur 25 ans dans le monde entier. Ils ont constaté que dans 117 pays utilisant des énergies renouvelables, les émissions de CO2 par habitant sont passées de 0,69 tonne en moyenne entre 1990 et 2004 à 0,61 tonne entre 2000 et 2014. Ces derniers chiffres incluent six autres pays.
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Cependant, au cours des mêmes périodes, les 30 pays utilisant le nucléaire sont restés pratiquement inchangés, passant d’une moyenne de 0,52 tonne de CO2 par habitant à 0,51. Les deux groupes de pays se chevauchent car certains d’entre eux appartiennent aux deux groupes. Rappel : les énergies renouvelables comprennent l’énergie éolienne, solaire, hydraulique et la biomasse.
Des conclusions discutables
« Si vous vous concentrez sur ce qui est possible pour réduire les émissions dans les 15 prochaines années, optez pour les énergies renouvelables et non pour le nucléaire. La technologie [nucléaire] dont nous disposons actuellement, lorsqu’elle est déployée à grande échelle, n’est historiquement pas aussi efficace pour réduire les émissions. Il peut y avoir de nombreuses raisons de faire du nucléaire, mais la lutte contre le changement climatique n’en fait pas partie », déclare Sovacool. Selon lui et d’autres experts du domaine de l’énergie, la leçon pour les gouvernements est claire.
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Mais les conclusions tirées de ces résultats, quant à elles, ne sont pas tout à fait pertinentes, car l’étude a mis en évidence une corrélation et non un lien de causalité. Sovacool a donc des arguments supplémentaires : les énergies renouvelables sont moins chères et plus rapides à mettre en oeuvre que le nucléaire, qui connaît des revers réglementaires après des catastrophes telles que Fukushima. Les énergies renouvelables sont aussi plus acceptables socialement, selon Sovacool. De plus, l’énergie nucléaire est limitée en raison des traités internationaux limitant la propagation des armes nucléaires, car le matériel des réacteurs peut être utilisé pour fabriquer des bombes. Les énergies renouvelables ne le sont pas, ce qui permet à un plus grand nombre de pays d’apprendre les uns des autres, comme l’Allemagne, qui bénéficie des économies d’échelle chinoises sur l’énergie solaire.
L’organisme commercial RenewableUK affirme qu’un « large éventail de sources d’énergie à faible teneur en carbone » est nécessaire pour réduire les émissions. L’Association nucléaire mondiale a désapprouvé les conclusions de l’étude, arguant que les résultats étaient faussés par l’inclusion de l’hydroélectricité, qui était la technologie renouvelable dominante de 1990 à 2004. Reste à espérer que les gouvernements les plus concernés puissent tenir compte de ces résultats malgré tout, et qu’une discussion plus approfondie puisse avoir lieu.