Le PDG de Klarna, qui «vantait» l’IA pour remplacer ses employés, craint désormais qu’elle prenne sa place

« L’IA est capable de remplacer tous nos postes, y compris le mien ».

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| John Phillips/Getty Images/Tech Crunch
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Au cours des dernières années, la fintech Klarna s’est imposée comme l’une des entreprises les plus audacieuses dans l’intégration de l’intelligence artificielle. Dimanche dernier, son PDG a évoqué une idée troublante : la technologie pourrait rendre sa propre présence « inutile ».

Si l’IA est souvent saluée pour son potentiel à améliorer la productivité, elle suscite également des craintes chez de nombreux travailleurs, inquiets pour la pérennité de leurs emplois. Habituellement, ces préoccupations concernent surtout les postes subalternes. Mais la direction d’une entreprise est-elle à l’abri ? En effet, une part importante des responsabilités des dirigeants repose sur l’analyse de données et la prise de décisions rationnelles, des domaines où l’IA pourrait potentiellement exceller en raison de son traitement désormais méthodique des informations.

Cette hypothèse, bien que futuriste, n’est pas sans précédent. En effet, une entreprise polonaise a par exemple expérimenté, en 2023, la nomination d’un robot doté d’intelligence artificielle au poste de PDG, une initiative relatée dans l’un de nos articles. Le robot s’est distingué par sa disponibilité continue, mais sa lenteur dans les interactions humaines a limité ses performances. Une étude menée par AND Digital montre par ailleurs que 43 % des cadres dirigeants considèrent que l’IA pourrait un jour occuper leur fonction, et 45 % d’entre eux reconnaissent déjà s’appuyer sur des outils comme ChatGPT pour orienter leurs décisions stratégiques.

L’IA pour remplacer tous les emplois, y compris celui de PDG ?

« L’IA est capable de remplacer tous nos postes, y compris le mien », a déclaré Sebastian Siemiatkowski dans une publication récente sur la plateforme X. Pour le PDG de Klarna, cette perspective, bien qu’inéluctable, n’a rien de réjouissant. « Je ne suis pas particulièrement enthousiaste à cette idée. Mon travail constitue une part essentielle de mon identité, et savoir qu’il pourrait devenir inutile est profondément déprimant », a-t-il reconnu. Il poursuit néanmoins : « Je pense que nous devons être honnêtes avec nous-mêmes et accepter cette éventualité ».

Convaincu par les avancées de l’intelligence artificielle, Siemiatkowski a déjà entrepris de réduire le poids de l’humain dans son entreprise. Il a récemment annoncé que Klarna a cessé d’embaucher depuis un an, malgré un turnover naturel affectant 20 % de ses effectifs. Cette stratégie semble porter ses fruits : la valorisation de Klarna dépasse désormais les 14 milliards de dollars, et l’IA assure des tâches précédemment effectuées par 700 salariés.

La montée en puissance de l’IA

Siemiatkowski place sa confiance dans l’IA en raison de sa capacité de raisonnement désormais convaincante, surtout avec les derniers modèles tels qu’o1. Selon lui, bien qu’elle ne puisse encore égaler la complexité cognitive humaine, elle est déjà capable d’accomplir des tâches décisives. « Notre travail repose principalement sur le raisonnement, enrichi par des connaissances et des expériences », explique-t-il dans sa publication. Une compétence qui, selon lui, suffirait à remplacer la plupart des fonctions professionnelles, y compris celles des dirigeants.

Cependant, cette vision suscite des interrogations parmi les observateurs. De nombreux critiques soulignent qu’un dirigeant ne peut se réduire à un simple ensemble de compétences techniques. La direction d’une entreprise exige des qualités humaines que l’IA ne peut égaler, telles que la créativité, l’intelligence émotionnelle, la capacité à communiquer efficacement et à prendre des décisions éthiques. Une absence de ces dimensions pourrait limiter l’efficacité d’un « PDG artificiel ».

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